[ Un coup chaos ] Le vainqueur Ouattara fait bloquer les leaders opposants à leurs domiciles

Des responsables de l’opposition ivoirienne, qui ne reconnait pas la réélection du président Alassane Ouattara, étaient bloqués par la police mardi, sauf leur chef l’ancien président Bédié, selon leurs déclarations et des sources concordantes.

Après l’avoir encerclé, les forces de l’ordre ont pénétré au domicile de Henri Konan Bédié, que l’opposition a proclamé président d’un « Conseil national de transition », mais ce dernier n’a pas été inquiété, selon une source diplomatique.

En revanche son numéro deux, Maurice Kakou Guikahue, a été emmené par la police, selon plusieurs journalistes présents à proximité de la résidence.

Selon des sources proches du gouvernement, M. Guikahue n’a pas été arrêté, mais reconduit à son domicile.

Le gouvernement ivoirien a accusé mardi l’opposition – qui entend former un « gouvernement de transition » – de « complot contre l’autorité de l’Etat », et indiqué avoir saisi la justice contre ses responsables, alors que ceux-ci refusent de reconnaître la réélection du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat controversé, proclamée le même jour par la commission électorale.

Deux autres responsables de l’opposition ont indiqué à l’AFP être bloqués à leur domicile par les forces de l’ordre.

« Je suis chez moi, il y a douze gendarmes devant mon portail, deux camions de gendarmes dans la rue devant et un camion de police dans la rue derrière ma maison. Ils ont bouclé toutes les sorties de mon domicile », a déclaré Assoa Adou, secrétaire général d’une branche du Front populaire ivoirien (FPI).

« Je vais bien, mais c’est le blocus. On ne peut pas sortir de chez moi, les trois voies d’accès sont bloquées » par les forces de l’ordre, a déclaré de son côté Abdallah Albert Mabri Toikeusse, ancien ministre qui a rejoint l’opposition avant l’élection présidentielle, et chef d’un petit parti, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire.

Quant au porte-parole de l’opposition, Pascal Affi N’Guessan, président d’une autre branche du FPI, « je ne crois pas qu’il ait été arrêté », a affirmé à l’AFP son propre porte-parole Issiaka Sangaré. « Il y a un blocus devant chez lui », a-t-il ajouté, précisant ne pas pouvoir dire s’il était présent à son domicile.

Mardi midi, interrogé sur une possible arrestation des leaders de l’opposition, le ministre de la Justice Sansan Kanbile avait répondu que « toutes les options (étaient) sur la table ».

Alassane Ouattara, 78 ans, a été proclamé mardi à l’aube réélu par la Commission électorale indépendante, sur le score de 94,27% des voix au premier tour, l’opposition ayant boycotté le scrutin qui s’est tenu samedi.

Le processus électoral a donné lieu à des violences meurtrières.

Une quarantaine de personnes ont été tuées depuis le mois d’août notamment dans des affrontements interethniques, dont au moins neuf depuis le vote samedi.