Au Sénégal, un projet pilote pour la pêche artisanale a permis à une vingtaine de pirogues d’être équipées d’appareils de géolocalisation… Un moyen rapide et efficace d’agir dans les cas d’urgence et de disparitions. En 2017, 140 pêcheurs ont disparu en mer.
Des systèmes GPS pour sauver des vies
Kayar est le deuxième port de pêche traditionnelle du Sénégal : 1 300 pirogues immatriculées, 7 000 pêcheurs. L’an dernier, 18 hommes y ont disparu en mer, d’où l’intérêt des appareils de géolocalisation, testés à Kayar et dans trois autres localités du pays. L’initiative est menée conjointement par l’Union internationale pour la
conservation de la nature et le ministère de la Pêche.
Quand un pêcheur déclenche l’alerte, un signal SOS s’affiche sur la carte, avec le numéro de la pirogue et sa position GPS exacte. « Une fois que le pêcheur appuie sur le bouton, l’alerte est envoyée dans les cinq minutes qui suivent. Ce sont ces coordonnées que les autorités chargées de la surveillance vont utiliser pour aller directement où se trouve la pirogue et la secourir », explique Moussa Pouye, coordonnateur du projet de l’Union internationale pour la conservation de la nature.
Alerte donnée par Greenpeace
Aujourd’hui, en cas de disparition, le centre de Kayar envoie une dizaine de pirogues en mer pour retrouver le pêcheur perdu. Des recherches qui durent parfois toute une semaine… En octobre, l’ONG Greenpeace a alerté les autorités sur ces disparitions en mer. Ces deux dernières années, au moins 226 pertes en vies humaines et portés disparus en mer ont été enregistrés.
Le dernier rapport publié par la Direction de la Surveillance et de la Protection des Pêches du Sénégal (DPSP) montre qu’en 2017, 92 accidents dont 140 victimes parmi lesquelles des pêcheurs artisans, ont été enregistrés soit une hausse de 63% par rapport à l’année précédente, avec des dégâts matériels estimés à cent quarante millions quatre-vingt mille cinq cent (140 080 500) francs CFA.
Selon Dr Ibrahima Cissé, responsable de la campagne océans de Greenpeace Afrique, « pendant des décennies des pêcheurs artisans sénégalais ont pu subvenir aux besoins de leurs familles et des communautés grâce à l’abondance et à la variété des ressources halieutiques qui étaient une réalité dans les eaux sénégalaises ». « Cependant, à cause des politiques de pêches inadaptées, de la surpêche industrielle et des mauvaises pratiques de pêche, la situation a considérablement changé », rappelle-t-il.
L’ONG Greenpeace a donc appelé le Sénégal à équiper ses pêcheurs, d’octroyer des gilets de sauvetage, de répertorier tous les pêcheurs artisans actifs au Sénégal et « mettre en place des outils efficaces qui peuvent permettre de détecter les pirogues artisanales où qu’elles se trouvent en mer et de leur venir en aide ».
Impact sur les communautés et la production locales
Un appel entendu par les autorités, qui connaissent les méthodes artisanales utilisée par les pêcheurs en cas de danger. L’initiative est saluée par le conseil départemental de pêche artisanale de Kayar. Le secteur de la pêche artisanale a besoin de se moderniser pour se développer, les pêcheurs en sont conscients.
A Kayar, le village entier vit de cette économie. Les disparitions de pêcheurs en mer pèsent sur la communauté et ont un impact majeur sur la production halieutique. « La pêche comme elle était avant n’est pas ce qu’elle est aujourd’hui. Elle est devenue très importante pour la simple raison qu’elle pèse beaucoup dans l’économie de ce pays« , note Moussa Kane, membre du conseil local de pêche artisanale de Kayar.
Le projet en est encore à sa phase test avec 26 pirogues équipées. L’objectif est d’étendre le système à tous les ports de pêche artisanale du pays.