Lambada « Ouattara – Bédié » : ce qu’en pense la presse africaine

C’est le grand titre de Fraternité Matin. Le président réélu et l’ex-président, « après deux ans sans dialoguer », ont donc « brisé le mur de glace. » Quarante minutes d’entretien dans un grand hôtel d’Abidjan. À sa sortie, Alassane Ouattara « a soutenu que cet entretien fraternel entre son aîné et lui permettra de rétablir la confiance et faire en sorte que la Côte d’Ivoire soit en paix. »

Pour sa part, Henri Konan Bédié a affirmé qu’ils allaient « continuer à se téléphoner, à se rencontrer pour qu’enfin le pays soit ce qu’il était. »

« Ouattara et Bédié font un pas pour briser la glace de la méfiance », renchérit L’Intelligent en première page.

Commentaire du site d’information ivoirien Le Point Sur : « Même si cette rencontre a eu lieu à la demande du chef de l’État ivoirien, dont la réélection à la tête de la nation est vivement contestée, elle vient à point nommé. Elle va, entre autre, permettre de désamorcer les cœurs et de détendre l’atmosphère très tendue dans le pays depuis ces derniers mois. C’est sur ce terrain, le terrain du dialogue, que les Ivoiriens attendent leurs leaders politiques, estime Le Point SurCar, quoi qu’on puisse dire, une telle rencontre avant les élections aurait certainement évité à la Côte d’Ivoire ce bain de sang de trop (85 morts…) (…). Cette rencontre entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ne sera pas la dernière, veut croire le site abidjanais, tant que les deux parties n’auront pas trouvé de consensus sur les questions qui fâchent, à savoir, la question du 3e mandat, la recomposition de la Commission électorale indépendante et la dissolution du Conseil constitutionnel, jugé incompétent. »

Ouattara gagnant ?

En fait, pointe Jeune Afrique, « deux scénarios se profilent : le dialogue ou la poursuite du bras de fer. »

En attendant de connaître la suite, pour l’instant, « c’est Alassane Ouattara qui sort gagnant, estime L’Observateur Paalga au Burkina, car sa forfaiture électorale est définitivement consommée et il impose son tempo politique en se drapant dans la cape du faiseur de paix face aux fauteurs de troubles. (…) Alors, le fait que son aîné, Bédié, ait consenti à le rencontrer ne serait-il pas une reconnaissance de fait ? La question reste posée. Mais, s’interroge L’Observateur Paalga, après la levée du blocus des résidences et un éventuel abandon des poursuites contre les insurgés, quelle sera la suite des événements et jusqu’où les différentes parties sont-elles prêtes à aller ? Iront-elles jusqu’à la formation d’un gouvernement d’union nationale pour tourner définitivement cette page si sombre ? L’avenir nous le dira. »

Gouverner ensemble ?

Aujourd’hui, toujours au Burkina, évoque également cette piste d’un gouvernement d’union nationale : « Un pas vers une déconstipation de la situation pourrait se dérider davantage si chaque camp acceptait de mettre tout sur la table, y compris, la possibilité d’un gouvernement d’union nationale, vu que le RHDP n’a de parti unifié que le nom. »

Et Aujourd’hui de s’interroger : « Comment toute cette crise peut-elle se dénouer ? Un gouvernement d’union nationale ? (…) Qui et qui pour le former ? Comment le pouvoir pourrait-il réintégrer les proscrits du jeu politique tout en gardant la haute main sur tout ? (…) Assurément Ouattara-Bédié et autres ont rendez-vous avec l’Histoire dont ils ne doivent pas rater la locomotive. »

Du duo au duel…

Finalement, pointe WakatSéra, « les deux dinosaures de la politique ivoirienne réécrivent l’histoire, mais dans un scénario qui ne se rapproche de la première saison de 2010-2011 que par certains épisodes, comme celui de l’élection présidentielle qui tourne mal, et qui balance la Côte d’Ivoire, « pays de paix » dans le chaos. Ensemble, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié avaient passé pas moins de quatre mois à l’hôtel du Golf, rappelle WakatSéra. Mais ils étaient en duo. Cette fois-ci, ils sont engagés dans un duel. Et leur tête à tête pourrait ramener, non pas à la vie les 85 morts, mais au moins l’accalmie nécessaire pour engager un dialogue inclusif. Ce serait un soulagement immense pour les populations, alors que les manifestations contre le troisième mandat de Ouattara embrasent plusieurs régions de Côte d’Ivoire et ont déjà jeté sur les routes de l’exil au moins 8 000 Ivoiriens. ».

Tract.sn lui estime que Bédié négocie un poste de vice-président du pays, pour mettre un mouchoir sur ses récriminations.

Tract