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Retour sur l’affaire « Karim Wade et les 500 millions »

Publié le

Rilke Wilfrith Dakleu Ngongang a été renvoyé devant le tribunal correctionnel par le doyen des juges.
Selon nos informations, il est visé pour recel de faux en écritures privées et dans des documents administratifs, escroquerie, tentative d’escroquerie et blanchiment de capitaux. Dans cette affaire, tout indique que la Justice a affaire à un escroc de haut vol, doublé d’un mythomane, qui avait bel et bien cité Karim Wade. En juin 2015 déjà, l’escroc qui se faisait passer pour Alpha Diallo de la Société générale ou de Ecobank avait été arrêté au Ghana. Révélations explosives.

 

C’est donc devant le tribunal correctionnel de Dakar que va se jouer les prolongations de l’affaire Rilke Wilfrith Dakleu Ndongang. Un dossier complexe dans lequel le nom de Karim Wade est revenu à plusieurs reprises. Mais de quoi s’agit-il au juste ?
L’affaire commence le 30 juin 2017 lorsque le commissariat spécial de l’aéroport mettait à la disposition de la Division des investigations criminelles (DIC) le nommé Rilke Wilfrith Dakleu Ndongang interpellé à sa descente d’avion en provenance de Dubaï alors qu’il était porteur d’environ quatre millions de FCFA composés de devises étrangères, notamment des euros, des dollars, des roupies; des Cedi, des dirhams etc.
Interrogé, il déclarait qu’en sa qualité d’ingénieur financier auprès de la société Qatar Investisment Authority (QIA), il était venu au Sénégal pour les besoins d’un projet d’investissement immobilier liant sa société à Mabollah Investment Holding basée à Dubaï et dans laquelle, selon ses dires, Karim Wade serait actionnaire.

Il affirme que Karim Wade est actionnaire dans Mabollah Investment Holding et tente de le joindre par… WhatsApp

Devant les enquêteurs, il avait d’ailleurs tenté de joindre en vain Karim Wade par WhatsApp. Il expliquait par ailleurs qu’il aurait fait sa connaissance par le biais d’un ami américain du nom de Franck Jackson. Et que pour les besoins de sa mission au Sénégal, il avait été mis en relation avec un certain Abdou Karim N. dont le contact téléphonique était le 70.852…
Toutefois, les réquisitions adressées à l’opérateur de téléphonie Expresso permettaient de constater que ladite ligne avait été résiliée depuis plus de six mois et que son propriétaire El Hadji Abdou Karim N. résiderait en Italie.
Rilke Wilfrith Dakieu Ngongang expliquait en outre qu’au mois de mai de la même année il avait été au Sénégal où il avait pris part à un séminaire sur les opportunités d’investissement organisé par la société française Difcom et à cette occasion il avait fait la connaissance de la dame Aïssatou S., agent à la Bgfi Bank.
Mais cette dernière convoquée et entendue, déclarait avoir fait sa connaissance lorsqu’il s’était présenté à elle comme un client Vip pour les besoins d’un appel de fonds d’un montant de 5 millions de FCFA depuis sa banque au Cameroun.

Arsenal pour escroc de haut vol

L’analyse des trois téléphones portables, de l’ordinateur portable et de la clé Usb du mis en cause présumé permettait la découverte de fichiers cachés, notamment un passeport ordinaire américain numéro P00542321 au nom de Andersen Clay Chris Thomas, né le 1er octobre 1981 à Miami, Floride, délivré le 3 juin 2009 et expiré le 2 juin 2014 ; un passeport ordinaire américain numéro P00583201 établi au nom de Rilke Wilfrith Dakleu Ngongang, né le 2 juin 2014 ; un passeport ordinaire ghanéen numéro G0007745, établi au nom de Thomas Anderson Christopher né le 1er octobre 1985 à Accra et un passeport ordinaire français établi au nom de Rilk Wilfrth Dacieu Idrac, né le 4 décembre 1983 à Bruxelles.
Toutes ces copies de passeports avaient la particularité de porter ses épreuves photographiques. Il avait été également découvert plusieurs autres documents, entre autres, un accord de virement de 500 millions d’euros entre la Deutsche Bank et la société Qia, des logos de Total, de la Société générale de banques du Bénin, de l’ONU, de la République du Qatar…Interpellé sur ces découvertes, le mis en cause présumé maintenait qu’il était né le 1er octobre 1988 à Bafia, au Cameroun.
Les vérifications effectuées auprès des services de l’ambassade des Etats-Unis révélaient la fausseté des passeports américains. Pour ce qui est du passeport français, Interpol révélait qu’il avait été déclaré volé en France. Mais en ce qui concerne l’accord de virement, les policiers enquêteurs n’avaient pas reçu les résultats de son authentification au moment de clore leur procès-verbal.
Enfin, des renseignements faisant état de l’arrestation de Rilke en 2015 au Ghana entre autres pour des faits de tentative d’escroquerie, de faux et d’usage de faux alors qu’il se faisait appeler Alpha Diallo et qu’il se faisait passer pour le nouveau responsable financier de Mtn. D’ailleurs, il avait été retrouvé dans sa clé Usb un ordre de mission au nom de Alpha Diallo, analyste Ecobank Togo Sa pour un séminaire au Ghana du 2 au 17 février 2015 et un autre ordre de mission toujours au nom de Alpha Diallo, sous-directeur exploitation et logistique de Mtn Cameroun pour une mission en Afrique du Sud, au Bénin, à Londres et au Ghana du 15 au 27 avril 2014.

Mystère autour d’un virement de 500 millions d’euros

Inculpé des chefs d’association de malfaiteurs, d’escroquerie, de tentative d’escroquerie, de faux, d’usage de faux en écritures privées et dans des documents administratifs, d’usurpation d’identité et de blanchiment de capitaux, Rilke réitérait ses dénégations. Il déclarait spontanément que c’est à sa descente d’avion selon la procédure prioritaire puisqu’il avait voyagé en première classe que les agents des douanes l’avaient interpellé pour fouiller ses bagages. Il ajoutait qu’il n’entretenait aucune relation particulière avec Karim Wade et que tous les éléments de l’enquête le concernant ont été remis aux enquêteurs par lui-même pour prouver sa bonne foi.
Entendu dans le fond, il jurait qu’il avait plusieurs nationalités notamment la nationalité américaine acquise par le biais de son père, la nationalité ghanéenne pour profiter de faveurs fiscales par rapport aux Etats-Unis et la nationalité Qatarie en raison de son amitié avec son Altesse Sheikh Abdullah Bin Mohamed Bin Saud Al Thani, oncle de l’émir du Qatar.
Sur la fausseté des passeports, il soutenait qu’il n’en était rien car il ne les détenait pas et que les enquêteurs n’avaient extrait de son ordinateur que les copies de ces passeports qui étaient soit expirés, soit perdus. Il précisait d’ailleurs que les vérifications faites au consulat des Etats-Unis ne pouvaient pas servir d’authentification car les passeports physiques n’ont pas été découverts.
D’après lui, au moment de sa garde à vue, les services américains lui avaient rendu visite et après s’être assurés de sa citoyenneté sur la base de son numéro d’identification fiscale, ils avaient avisé sa famille aux Etats-Unis.
Pour ce qui est du passeport français déclaré volé, il expliquait également que seule une copie en noir et blanc avait été retrouvée dans un vieux fichier de son ordinateur et que sur sa demande, son oncle Sieyadjie David, avait fait la déclaration de vol.
L’inculpé confirmait par ailleurs qu’il était venu à deux reprises au Sénégal mais à chacun de ses séjours il logeait à l’hôtel Radisson Blu. Pour son premier voyage, il disait avoir pris part à une conférence organisée au King Fahd Palace par les compagnies pétrolières attributaires du bloc 61 D3 avec la compagnie Kosmos et pour son second voyage il était mandaté par son employeur, QIA, sur recommandation de son ami américain Franck Acknon qui l’avait mis en relation avec Abdou Karim N.
Le but serait de discuter d’un projet d’investissement immobilier et hôtelier à Dakar, étant donné que lors de son précédent séjour, il affirme avoir remarqué que l’hôtel Radisson Blu ne répondait pas aux normes de qualité pour un hôtel 5 étoiles. Il disait avoir les coordonnées de Franck Acknon et qu’il ne savait de Abdou Karim N. que le fait qu’il soit un proche de l’ancien ministre Karim Wade et « intermédiaire pour le compte de Mayoolah holding ».
Pour ce qui est du virement d’un montant de 500 millions d’euros entre Deutsche Bank et QIA, il disait ne pas être concerné car le document ne portait pas son nom. En revanche, il précisait qu’il s’agissait d’un virement de fonds entre QIA et Qatara Invests dont il était le président du conseil d’administration, lequel concernait des financements dans la zone Asie. Des déclarations qui n’ont pas, alors pas du tout, convaincu le parquet qui l’a fait savoir dans son réquisitoire définitif et le juge instructeur l’a suivi.

 

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