[Billet ] Le fanatisme mou et flou du « député et religieux » Mansour Sy Djamil

Il nous aura fallu une semaine pour nous résoudre à publier ce billet, entre le 25 octobre dernier et ce 1er novembre de Toussaint, où les Chrétiens, nos frères et sœurs en foi, honorent leurs morts. 7 jours de réflexion. 7 ans de réflexion n’y auraient rien changé. Car en définitive, sa publication en va d’une question de vie ou de mort pour nous, et nous l’espérons, de la salubrité publique et républicaine.

L’immunité parlementaire existe au Sénégal, qui devrait, en plus des poursuites par la justice (sauf en cas de flagrant délit), préserver les « exonérables députés » des harangues des simples citoyens dont je suis.

L’atteinte à une personne exerçant un culte religieux est aussi un délit au Sénégal. Deux raisons qui devraient m’empêcher d’évoquer celui qui s’est présenté comme « religieux et député » au Jury du Dimanche de i-radio, ce dimanche 25 octobre : Serigne Mansour Sy Djamil.

Djamil qui y a dit sa nostalgie anticipatoire d’une idéologie politique qui n’existe pas encore , la démocratie-musulmane et dont il ne voit pas pourquoi elle n’existerait pas, puisque la démocratie- chrétienne est une idéologie politique en Allemagne (sic). Djamil qui dit « ne pas connaitre de djihadismes à part ceux d’Oumar Foutiyou Tall et de El Hadj Souleymane Baal aux siècles passés qui avaient raison de résister contre l’envahisseur ». Djamil qui dit que les « présumés » djihadistes terrorristes actuels, créature de la CIA pour ce qui est de feu Ben Laden et orphelins de Khadaffi du fait de Sarkozy qui a tué ce dernier et disloqué la Libye pour ceux qui sont au Mali, auraient pour premiers ennemis au Sénégal, si jamais il leur prenait d’y venir, Touba et Tivaouane, le vrai islam, où ils voudraient « casser des tombeaux de saints » comme à Tombouctou. CQFD: les djihadistes terroristes du Sahel ne sont donc pas des musulmans. Présumés Islamistes Djihadistes terroristes (seulement « présumés) dont Djamil nous dit qu’ils sont inspirés du wahhabisme de l’Arabie saoudite où lui, Djamil, a vécu 27 ans. N’est ce pas ? On imagine donc que la Saint-Barthélémy n’a pas eu lieu et que parce qu’en d’autres temps et autres lieux, les catholiques ont chassé et pourchassé les protestants, il y en a au moins un des deux qui ne sont pas des chrétiens. Djamil qui se targue de ne pas jouer « l’idiot utile » (expression expressément utilisée par Mansour Sy Djamil à cette émission dominicale) chez les Occidentaux quand ceux-ci l’invitent à un séminaire pour parler d’islamisme. Comme si ce serait une tare pour un musulman ou un Africain d’avoir des valeurs en partage avec des « Z’Occidentaux ».

Mauvaise foi. »Fanatisme mou et flou » de Djamil. Fanatisme mou, car il juge le cours du prof d’histoire français Samuel Paty inacceptable, mais dit qu’il ne méritait pas d’être tué. Fanatisme flou, parce si ce cours est « inacceptable » selon vous Djamil, alors vous cautionnez bel et bien le meurtre de son auteur Samuel Paty, y compris « à l’insu de votre plein gré ».

Fanatisme mou et flou aussi de l’édito de Serigne Saliou Gueye sur le site d’information Seneplus, il y a une semaine, titré : « Droit au blasphème, mon message à Macron ». Je ne m’étendrais pas dans son exégèse et me contenterai de ne plus lire Serigne Saliou Gueye. Truffé de citations prétendument humanistes, cet édito de Saliou Gueye est, en résumé, un appel au meurtre, une justification de l’assassinat au nom de la religion et une incitation à la haine religieuse et raciale.

Quant au premier des Sénégalais, Macky Sall, on attend encore ses condoléances à la France officielle et au peuple français pour le meurtre barbare du professeur d’histoire et d’instruction civique Samuel Paty. Si Macky Sall avait été défilé à Paris en 2015 derrière la banderole « Je suis Charlie », il est désormais d’une prudence toute ecclésiastique, veillant à éviter tout sparadrap indécrottable qui lui collerait définitivement à la chaussure, du genre de sa phrase vite ravalée : « on ne développe pas un pays avec des chapelets ». On ne gouverne pas contre son opinion publique majoritaire, n’est-ce ce pas ? Surtout quand on est possiblement « troisième mandataire » non empêché par la Constitution de 2016. A cette aune, rétablissons la peine de mort, à laquelle la majorité des Sénégalais est favorable? Président Sall, la république et la démocratie ensemble, ce n’est pas le triomphe de la majorité silencieuse ou marmonnante: c’est la loi de la majorité dans le respect de la diversité et des droits des minorités.

Certaines opinions (ou absences d’opinions, pour le coup) sont des flagrants délits continus de non-assistance à humanité en danger. Mais, « on n’arrête pas « lame & airs » avec ses bras. », me consolé-je.

Mamadou Korka Sow

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