Ce dimanche, élection jouée d’avance de Sassou, son challenger covidé dit « lutter contre la mort »

Sassou Nguesso père et fils.

Plusieurs milliers de personnes, notamment des jeunes, ont assisté vendredi à Brazzaville au dernier meeting de campagne du président Denis Sassou Nguesso, qui cumule 36 ans à la tête du Congo, et qui brigue un nouveau mandat, a constaté une équipe de l’AFP.

Plusieurs ballons de plusieurs mètres de diamètres flottaient au dessus de l’esplanade du palais de Congrès de Brazzaville recouverte de deux portraits géants du président candidat.

A quelques heures de la clôture de la campagne pour la présidentielle du 21 mars, le candidat du Parti congolais du travail (PCT) a fait une démonstration de force.

Au côté de son épouse Antoinette Sassou, coiffé d’un Borsalino blanc, « DSN » – un sigle qui était visible sur plusieurs affiches et pancartes de campagne -, n’a enlevé son masque que pour prononcer son discours.

« La jeunesse qui gagne avec DSN », « Avec DSN, le renouveau dans la continuité », proclamaient banderoles et affiches.

Faisant l’éloge de son bilan, Denis Sassou Nguesso, 77 ans, a indiqué que « plus de mille jeunes ont été envoyés par le gouvernement à Cuba en formation de médecine pour la santé de notre population ».

« Le gouvernement a ouvert des centres de formation et d’apprentissage toujours en faveur des jeunes », a-t-il encore dit.

« Cette politique en faveur des jeunes va se poursuivre avec force et vigueur au cours du prochain mandat », avec les jeunes, le Congo va « s’organiser pour produire ici au Congo des poulets, des oeufs », au lieu d’en importer, a promis M. Sassou Nguesso.

« Des pays qui nous donnent matin, midi et soir des leçons des droits de l’Homme n’ont pas encore décidé d’empêcher l’envoi en Afrique des poulets réformés qui devraient être brûlés et jetés », a-t-il ironisé.

Les jeunes de moins de 25 ans, majoritaires parmi les quelque cinq millions d’habitants du pays, n’ont connu que Denis Sassou Nguesso au pouvoir, comme leurs parents depuis 1979, à l’exception d’une parenthèse entre 1992 et 1997.

Ses deux principaux rivaux, deux de ses anciens ministres passés à l’opposition, Guy-Brice Parfait Kolélas et Mathias Dzon, ont également clôturé leur campagne à la présidentielle par des meetings à Brazzaville.

Les questions économiques hantent les esprits des électeurs dans ce pays pétrolier, qui anticipait un recul de 9% de son PIB avec le Covid-19.

L’opposant Guy-Brice Parfait Kolelas, principal rival du président sortant Denis Sassou Nguesso dimanche à l’élection au Congo-Brazzaville, a affirmé « se battre contre la mort » dans un message vidéo à ses partisans dans laquelle il ne révèle pas de quoi il souffre.

« Mes chers compatriotes, je me bats contre la mort, mais cependant, je vous demande de vous lever. Allez voter pour le changement. Je ne me serais pas battu pour rien », affirme M. Kolelas, alité, affaibli, juste après avoir retiré un masque d’assistance respiratoire.

« Levez-vous comme un seul homme. Faites-moi plaisir. Je me bats sur mon lit de mort. Vous aussi, battez-vous, pour votre changement. Il en va de l’avenir de vos enfants », ajoute-t-il, avant de remettre son masque.

Diffusé samedi à la veille du scrutin, ce « message du candidat Guy-Brice Parfait Kolelas au peuple congolais » est daté de vendredi.

Vendredi, le candidat n’avait pas pu animer son dernier meeting de campagne à Brazzaville, avait constaté l’AFP.

Le candidat pourrait être évacué dimanche vers un pays étranger, a indiqué son entourage.

Aucun membre de son entourage ne voulait en revanche confirmer de quoi souffre le candidat, Covid-19 ou autre. « La campagne a été rude », a indiqué l’un d’eux à l’AFP.

Opposant historique, M. Kolelas, 60 ans, est arrivé deuxième du scrutin de 2016 derrière le président Sassou Nguesso, selon des résultats contestés par une violente rébellion dans son fief du Pool (sud de Brazzaville) à l’époque.

Il est apparu cette année comme le seul vrai rival du président sortant, 77 ans dont 36 au pouvoir, qui ne cache pas sa volonté de se faire réélire dès le premier tour dimanche.

Ses adversaires et la société civile ont déjà mis en cause la transparence du scrutin, même si la campagne s’est déroulée dans le calme.

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