Choc : le directeur de cabinet du président congolais traîné à la barre en habit de prisonnier

Le procès de Vital Kamerhe s’est brièvement ouvert, hier lundi 11 mai. L’audience pour juger le directeur de cabinet et allié politique décisif dans son élection du president congolais Felix Tshisekedi a donc été rapidement levée, au bout d’une heure environ, et le procès a été renvoyé au 25 mai pour poursuite de l’instruction. La demande a été faite par les avocats de chaque prévenu. Ils ont insisté sur le fait qu’ils n’avaient pas eu accès à chaque élément du dossier. Mais pour le ministère public, les pièces du dossier étaient bel et bien disponibles au greffe du tribunal. Il revenait à chaque partie donc de s’y référer.

Barbe grisonnante, regard concentré, dans sa tenue bleu et jaune de prisonnier, Vital Kamerhe était à la barre. Pendant sa prise de parole, il a déclaré être intervenu dans cette affaire comme directeur de cabinet du président de la République. Vital Kamerhe a affirmé qu’ils étaient neuf superviseurs de ce « programme des 100 jours », en plus du coordinateur de ce programme d’urgence. Vital Kamerhe a dénoncé un piège et des questions tendancieuses quand on lui a demandé de préciser sa fonction et son rôle dans ce programme. « On choisit ce qui va créer la confusion, personne ne parle par exemple de la gratuité de l’enseignement primaire », a-t-il dit.

Interrogé sur ses deux codétenus, Vital Kamerhe a dit à propos de l’homme d’affaires Samih Jammal le connaître, mais à quel titre ? « J’ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie. » Et à propos du responsable import-export de la présidence Jeannot Muhima, lui aussi coaccusé : « Je le connais de nom. C’est aujourd’hui que je le rencontre. »

Samih Jammal, le patron de Samibo Congo, ne semblait pas tenir sur sa chaise. Cet homme de 83 ans est revenu à la prison de Makala près de deux semaines après l’avoir quitté pour des raisons médicales. À la suite de leurs avocats, les trois prévenus ont pris la parole pour demander le renvoi du procès, parce que, argumentent-ils, ni eux ni leurs conseils n’avaient eu accès aux pièces du dossier. Le tribunal a donc finalement accédé à leur demande.

Dans son rôle de ministère public, l’avocat général près la cour d’appel de Kinshasa/Gombe, Sylvain Lumbu, a parlé d’un procès à valeur pédagogique : « Ce jour ouvre une série d’audiences publiques qui vont marquer une ère nouvelle dans l’histoire de notre justice. Une justice pour tous, mettant toutes les filles et fils du pays égaux devant la loi. »

Dispersion des rassemblements

Des journalistes n’ont pas pu entrer dans le tribunal alors que deux télévisions, qui avaient déjà leur autorisation, commençaient même à installer leur matériel pour la retransmission en direct. Après quatre heures d’attente, toutes les personnes massées le long de l’impressionnante clôture de la prison de Makala, où se trouve le tribunal, ont été chassées par les policiers, aidés par des militaires, parfois avec brutalité.

Un important dispositif policier avait donc été déployé pour empêcher les journalistes de pénétrer dans l’enceinte du tribunal de la Gombe, situé dans la prison de Makala, mais aussi pour éviter tout rassemblement devant l’enceinte judiciaire. Aucun attroupement n’a été toléré dans les environs de la prison.

Dans la matinée, des dizaines de partisans de l’UNC, le parti de Vital Kamerhe, qui étaient massés le long de l’avenue abritant la prison ont été dispersés par la police. Elle a ensuite fait des rondes pour dissuader toute tentative de manifestation. Aucun militant n’a été arrêté pour l’instant, selon la police.

Tract (avec radios)