Combat pour l’égalité dans l’héritage: raison de la démission de La Marocaine Asma Lamrabet

A photo taken on October 26, 2013 shows Moroccan doctor Asma Lamrabet posing at her home in Rabat. Lamrabet is used to multi-tasking -- mixing her writing with a career in medicine -- but perhaps her most noteworthy balancing act is being both a faithful Muslim and a committed feminist./ AFP / FADEL SENNA / TO GO WITH AFP STORY BY HAMZA MOKOUAR (Photo credit should read FADEL SENNA/AFP/Getty Images)

ISLAM – Une semaine après avoir annoncé qu’elle démissionnait de son poste de directrice du Centre d’études féminines en islam au sein de la Rabita Mohammedia des Oulémas du Maroc, Asma Lamrabet s’est exprimé dans un communiqué sur les raisons de ce départ. Et affirme qu’elle poursuivra “sereinement et librement” son engagement. La médecin, biologiste et essayiste confirme que ce sont bien ses propos en faveur de l’égalité dans l’héritage qui l’ont contrainte à démissionner lundi 19 mars, après avoir suscité la controverse au sein de l’instance religieuse.

“Devant une telle pression, j’ai été contrainte à présenter ma démission”

“A l’occasion d’une conférence universitaire de présentation de l’ouvrage collectif sur l’héritage, mes propos, exprimés à titre strictement personnel et rapportés par un organe de presse ont suscité un tollé et une grande polémique lors de la 20ème session du Conseil académique de la Rabita. Devant une telle pression, j’ai été contrainte à présenter ma démission en raison des divergences portant sur l’approche de l’égalité femmes hommes au sein du référentiel religieux”, indique-t-elle dans un communiqué de presse.

À l’étranger la semaine dernière pour un séminaire académique, Asma Lamrabet explique qu’elle n’a pas souhaité s’exprimer à ce moment-là sur les raisons de sa démission “pour éviter toute instrumentalisation malveillante qui viendrait travestir mon patriotisme, mes valeurs et mes profondes convictions.”

Celle qui travaillait depuis près de dix ans à titre bénévole au sein de la Rabita précise que son action “n’avait d’autre ambition que de servir mon pays et de promouvoir cette troisième voie, celui d’un islam apaisé, contextualisé et en phase avec les valeurs humanistes universelles compatibles avec nos valeurs culturelles”.

Contre les lectures “rigoristes et patriarcales” de l’islam

Prônant depuis toujours “une lecture progressiste, réformiste et dépolitisée de l’islam pour opérer une nouvelle approche de la question des femmes dans l’islam”, Asma Lamrabet soutient que celui-ci “ne saurait être pour nous Marocains, femmes et hommes, ni une barrière ni un obstacle pour l’émancipation dans la justice et l’égalité en droits”.

“C’est l’action que j’ai toujours menée à travers la déconstruction des lectures rigoristes et patriarcales, notamment à travers mes différents ouvrages et au sein du Centre d’études féminines, qui est devenu un espace de référence dans la réforme du champ religieux initié par la plus haute autorité politique du pays”, poursuit-elle.

Remerciant enfin “tous ceux et celles” qui l’ont soutenue lors de l’annonce de sa démission, Asma Lamrabet affirme qu’elle poursuivra “sereinement et librement” son engagement.