Coronacrise : Comment les créateurs sénégalais trouvent refuge sur les réseaux sociaux

Les créateurs sénégalais font aujourd’hui recours, plus que par le passé, à l’internet et aux réseaux sociaux pour partager et rendre visibles leurs œuvres dans un contexte de quasi-confinement lié à la pandémie de coronavirus.
« Tout le monde essaie de faire quelque chose pour aider à passer ce moment. On a que l’internet qui, aujourd’hui, sert plus que d’habitude pour rendre visible notre travail’’, déclare la cinéaste Laurence Gavron.
La réalisatrice franco-sénégalaise a gratuitement offert aux internautes les liens de sept de ses films sur le patrimoine culturel sénégalais. Grâce à ces liens, le public peut avoir accès à ‘’Samba Diabaré Samb, le gardien du temple’’, un portrait de ce virtuose du xalam (instrument de musique à cordes) décédé à l’âge de 95 ans en 2019, ‘’Ninki Nanka, le prince de Colobane’’, un making-off du tournage du film « Hyènes’’ de Djibril Diop Mambéty.
Ils lui permettent aussi d’avoir accès à ‘’Yandé Codou Sène, diva séeréer’’, à ‘’Ndiaga Mbaye, le maître de la parole’’, à ‘’Saudade à Dakar’’, à ‘’Si loin du Vietnam’’, et au film ‘’Juifs noirs, les racines de l’olivier’’.
‘’Il y a d’autres artistes qui font la même chose, on a des spectacles en ligne, et heureusement qu’on a cela’’, se réjouit la cinéaste dans un entretien téléphonique avec l’Aps.
L’acteur culturel Idrissa Diallo, lui, partage tous les jours, à travers des posts sur Facebook, des toiles du plasticien Mouhamadou Dia, une série intitulée ‘’Confinement’’.
« C’est ma façon de parler aux populations, je n’aime pas parler de sensibilisation en art, j’aime plutôt inviter à la réflexion’’, explique Diallo, commissaire d’exposition.
Les tableaux de Dia représentent des scènes de la vie familiale à l’intérieur des maisons, avec les enfants apprenant chez eux, et tout le monde vivant reclus chez soi.
L’artiste dit appeler ‘’à rester calme’’ durant ce confinement. « Le virus est là, cela va passer. Les gens sont appelés à subir cela, il faut être calme’’, leur conseille-t-il.
C’est la technique du clair-obscur qui est utilisée par Mouhamadou Dia pour toute cette la série ‘’Confinement’’, où, à côté de l’ombre, apparait toujours une lumière pour matérialiser l’espoir par ces temps d’angoisse.
La délégation Wallonie-Bruxelles à Dakar partage aussi, à travers sa page Facebook et son site internet, les créations des artistes sénégalais, des défilés de mode, des expositions virtuelles, des concerts, des podcasts, des lectures et performances à travers le hashtag #AuxConfinsdelaCulture.
’C’est juste des créations qu’on essaie de rendre visibles, on fait deux posts par jour’’, explique Mélanie Jeannine Sadio Goudiaby, conseillère à la délégation Wallonie-Bruxelles à Dakar.
Cette représentation diplomatique veut ‘’offrir de la culture plutôt que de l’anxiété, faire découvrir ou redécouvrir les artistes ou opérateurs culturels, offrir un maximum de visites aux initiatives artistiques’’.
Les internautes découvrent ainsi l’univers du photodidacte Boubacar Touré Mandémory, ‘’une légende de la photographie sénégalaise, qui a présenté sa première exposition en 1986 à Gorée, sur le thème : « Les fous de Dakar’’’.
Le comédien Pape Meïssa Guèye présente un extrait de sa pièce de théâtre ‘’Un nègre à Paris’’, inspirée d’un livre de l’Ivoirien Bernard Dadié, à travers cette plateforme de la délégation Wallonie-Bruxelles.
Des stylistes et des peintres partagent ainsi des œuvres d’art qui sensibilisent sur la maladie à coronavirus, via les réseaux sociaux.
Tract (avec agence de presse)