Coronavirus au Mali : Une insouciance qui inquiète

La courbe exponentielle du nombre de morts, 40 sur les près de 700 cas recensés le 09 mai 2020, semble ne pas émouvoir les populations au Mali. Les règles de distanciation sociale sont foulées au pied, surtout dans les mini-bus de transport public appelés Sotrama. L’insouciance prime dans les comportements et devient une grande source d’inquiétude puisqu’avec un tel état d’esprit, il sera très difficile d’atteindre le pic.

 

Le constat pourrait indiquer qu’on n’est pas en situation d’urgence sanitaire. Ce samedi, 9 mai, au parking Vox à Bamako-coura, en commune III, on se bouscule pour avoir les meilleures places dans une sotrama au milieu de la cour.

Un kit de lavage des mains, composé d’eau et de savon, se trouve près de l’entrée du transport en commun. Goundo Konaté est la première à se trouver une place. Sans masque, la cinquantenaire semble insouciante. Au bout de cinq minutes, le vieux véhicule est bondé et sur la vingtaine de passagers qu’il contient, un seul s’est lavé les mains, mais demeure sans masque comme tous les autres.

Or, le mois dernier, c’est au parking Vox même que le ministre de la Santé et des Affaires sociales Michel Hamala sidibé accompagné d’une forte délégation, dont le président du Conseil Malien des Transporteurs Routiers (CMTR) avait fait don de gels hydro alcooliques, de masques et de gants.

Aujourd’hui, le parking enregistre uniquement deux kits de lavage des mains. Cette scène témoigne de l’insouciance de la plupart des Maliens en ces temps de crise sanitaire. « La situation désole et elle a pour nom l’analphabétisme et l’incivisme de nos concitoyens. On avait demandé un soutien financier au gouvernement afin de pouvoir détacher des personnes pour la sensibilisation des passagers au lavage des mains, requête sans suite malheureusement », explique Amadou Salif Diallo, secrétaire général adjoint de la section transport de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM).

Port du masque obligatoire

Mais bien au-delà des transports, l’insouciance est présente ailleurs. A l’Agence principale de la BNDA, à l’ACI 2000, une solution hydro-alcoolique est fixée à l’entrée de l’un des guichets automatiques de billets. Plusieurs clients y font des opérations sans l’utiliser. Et quand on leur demande pourquoi, aucun ne répond, sinon qu’avec des sourires.

A l’issue du conseil national de défense nationale du 8 mai, le gouvernement a rendu obligatoire le port du masque dans les espaces publiques. A l’égard de certains comportements inadéquats avec la prévention du virus, la mesure sera-t-elle respectée sans contrainte ?

Sinon, place devrait être à la sensibilisation encore car pour l’heure, beaucoup sont à la fois « victime et bourreau, plaie et couteau ».

Tract.sn