Coronavirus : au Rwanda, la « punition » pour non respect des gestes barrières se joue au stade

Au Rwanda, plus de 70 000 personnes ont été interpellées en l’espace de deux semaines pour avoir enfreint les directives du gouvernement concernant la lutte contre le Covid-19, des chiffres publiés lundi par les autorités.

Masque mal mis ou non-respect du couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin, la plupart des contrevenants sont amenés dans des stades ou autre lieux ouverts où ils restent plusieurs heures avant d’être relâchés. Une pratique drastique, qui, selon la police, vise à sensibiliser la population aux dangers de la maladie, mais qui inquiète certains défenseurs des droits de l’homme.

Ils sont une cinquantaine, assis en rang et à un mètre de distance sur les gradins du stade Amahoro à Kigali. Cela fait trois, quatre ou six heures qu’ils patientent ainsi sans eau, ni nourriture, en écoutant les messages de prévention diffusés par la police.

Jado Fils, 21 ans, a été interpellé dans sa quincaillerie: « Je suis ici, car ils m’ont trouvé avec mon masque sous le menton, et ils m’ont amené ici pour m’apprendre à bien le porter. C’est une bonne leçon, maintenant, je sais que je dois porter le masque partout, même quand personne ne me voit », explique-t-il sous les yeux des agents de police.

Depuis quatre mois, le Rwanda a pris des mesures parmi les plus strictes du continent. À Kigali, des marquages au sol indiquent la distanciation sociale à respecter lorsque l’on attend le bus. SIMON WOHLFAHRT / AFP

Donata, femme de ménage, est tout de même inquiète de la réaction de ses employeurs: « J’ai quitté la maison pour aller au marché, mais je ne portais pas bien mon masque donc ils m’ont amené ici. Je suis arrivée, il y a presque cinq heures, je suis fatiguée et je suis très embêtée, car j’ai quitté mon poste de travail. »

La « punition » plutôt que l’amende 

Mais pour Kabera, qui a passé une partie de la nuit au stade le mois dernier après s’être fait arrêté quelques minutes après le début du couvre-feu, la réponse du gouvernement est adaptée. « La plupart des pays en Europe donnent des amendes de 100 ou 135 euros. Moi, je préfère passer la nuit au stade que de dépenser 150 000 francs rwandais. »

Selon l’ONG Human Rights Watch, il s’agit de détentions sans procédure régulière ni autorité légale. Pour la police, il ne s’agit pas d’arrestation, mais de sensibilisation. Dans un tweet, le ministère de la gouvernance locale parle quant à lui de « punition ».

Le Rwanda a enregistré environ 2000 cas de Covid-19 pour seulement 5 morts depuis le début de la pandémie, selon les données officielles du gouvernement. Depuis quatre mois, le pays a pris des mesures parmi les plus strictes du continent. Il est toujours le seul pays d’Afrique subsaharienne à être inscrit sur la liste des pays considérés comme « sûrs » par l’Union européenne.

Source RFI