Covid-19 : l’Italie encore meurtrie par une deuxième vague « hors de contrôle »

Des patients sont oxygénés à l'intérieur de leur voiture à l'entrée de l'hôpital Cotugno de Naples, jeudi en Italie. (Reuters)

Des files de voitures à l’entrée des urgences, des soignants portant à bout de bras des bombonnes d’oxygène et des patients pris en charge directement dans leur véhicule. Ces images, terribles, ont été tournées cette semaine à l’hôpital de Naples, en Italie, où les bras et les lits manquent, rapporte le JDD.fr qui fait cette relation. Présentée en septembre encore comme la bonne élève de l’Europe, la péninsule affronte désormais une deuxième vague épidémique puissante. Elle serait même déjà submergée, selon l’ordre des médecins qui décrit une situation « largement hors de contrôle ».

L’Italie est le pays le plus endeuillé de l’Union européenne

Touchée de plein fouet au printemps par la pandémie, pays le plus endeuillé de l’Union européenne, l’Italie assiste de nouveau à une flambée des contaminations. Depuis fin septembre, le nombre de cas quotidiens augmente fortement. Mercredi, la péninsule est ainsi devenue le dixième pays à franchir le seuil du million de cas (que la France a aussi dépassé).

Selon le décompte de l’AFP, sur les sept derniers jours, elle se classe quatrième en nombre d’infections quotidiennes (34.500 cas par jour en moyenne) comme en décès à déplorer (485 par jour), derrière les Etats-Unis, l’Inde et la France. Mais si la tendance est au ralentissement en France, où le nombre de cas quotidiens a baissé de 7% cette semaine, elle est à la hausse chez nos voisins (+16%).

« La Campanie est à genoux »

Dans certaines régions, le système de santé semble craquer. A Turin, raconte la correspondante du Figaro, « les ambulances ont des heures d’attente aux urgences » et « les couloirs sont envahis de brancards posés par terre ». Au sud du pays, « la Campanie est à genoux », s’est alarmé Luigi Di Maio, ministre italien des Affaires étrangères et originaire de la région, dans une interview à La Stampa vendredi.

Selon l’AFP, la Campanie représente 10% des 30.000 à 40.000 nouveaux cas recensés chaque jour, ce qui est comparable à son poids démographique. Mais la région et son chef-lieu Naples souffrent d’un système de santé défaillant. « Nous n’avons presque plus de lits disponibles », constatait Rodolfo Punzi, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Cotugno de Naples, auprès de l’AFP.

Des patients à l’agonie dans les ambulances

A Naples, une vidéo a choqué l’opinion publique. On y voit un homme de 84 ans, positif au Covid-19, mort dans les toilettes de l’hôpital Cardarelli. Selon le président de la région Campanie, ce patient s’était levé de sa civière pour se rendre aux toilettes, avant qu’une infirmière, ne le voyant pas revenir, retrouve dix minutes plus tard son corps sans vie. Mais l’auteur de la vidéo, un autre patient, affirme lui qu’il a appelé en vain à l’aide pendant une demie heure avant que des soignants n’arrivent, trop tard, rapporte La Repubblica.

Ce quotidien évoque aussi un « exode » de patients de Campanie vers les hôpitaux de la province de Latina. « Les habitants de la Campanie qui peuvent louer une ambulance ou qui ont la force d’affronter le voyage en voiture espèrent obtenir un lit et des soins plus appropriés », La Repubblica. A Castellammare di Stabia, « quatre patients sont morts dans les ambulances en attendant d’être pris en charge », indique de son côté Le Figaro.

Pas de reconfinement national

Sur le papier pourtant, la Campanie fait partie des neuf régions classées en « jaune » et considérées comme à risque modéré par les autorités italiennes. Celles-ci ont en effet opté pour une riposte régionalisée face au coronavirus. Si un couvre-feu de 22 heures à 5 heures a été mis en place partout dans le pays, les autres restrictions dépendent d’un code couleur jaune, orange ou rouge. Dans ces deux dernières zones, les habitants sont quasiment confinés : ils ne peuvent se déplacer que pour des raisons professionnelles, de santé ou de première nécessité. Les bars, restaurants et commerces non-essentiels y sont fermés. Selon Le Corriere della Sera, la Campanie pourrait rejoindre directement la zone rouge.

Confronté à une vague de colère depuis l’instauration du couvre-feu, le Premier ministre italien se refuse encore à reconfiner le pays. Dans une interview accordée à La Stampa mercredi, Giuseppe Conte a fait savoir qu’il cherchait encore à « éviter la fermeture de tout le territoire national ». Mais des voix s’élèvent depuis de nombreuses semaines parmi les médecins pour réclamer un reconfinement généralisé.

Seul signe d’optimisme, la circulation du virus ralentit légèrement. Selon l’Institut Supérieur de la Santé, cité par Le Corriere della Sera, « l’épidémie en Italie montre une légère réduction de la transmissibilité [entre le 22 octobre et le 4 novembre] par rapport à la semaine précédente ». Une tendance encore fragile et qui « ne doit pas conduire à un assouplissement des mesures », avertissent les experts.