L’émotion a été très forte pour beaucoup. Et au moins trop forte pour un supporter, le fan de lutte Souleymane Diallo, 66 ans, habitant de la Médina dakaroise. Pourtant, il a évité de regarder ce combat de titans entre son idole Balla Gaye, l’enfant de Guédiawaye, et Modou Lô, le roc des Parcelles. Il ne s’était pas rendu au tade et n’avait pas non plus accroché son oreille à son transistor. Bien lui a pris car le rythme cardiaque de Diallo aurait sûrement augmenté avec cette ambiance paroxystique qui s’est terminée en violent pugilat entre les lutteurs, avant que Balla ne soulève en double portage du ngemb un Modou lô essoufflé.
Mais ce n’était qu’un sursis pour Souleymane Diallo. Le Médinois, résidant à la rue 5 X 8 et originaire de Guinée, a été édifié sur le résultat du combat, en faveur de son idole, par les cris de joie des habitants du quartier, sortis envahir les rues. Vendeur de montres de son état, Diallo s’est mêlé aux vivats et à la célébration assourdissante de la victoire de Balla Gaye II. C’en était trop pour lui : saisi de trop d’émotions, Souleymane Diallo pique une crise cardiaque et décède. Il laisse plusieurs enfants. La levée de corps aura lieu aujourd’hui lundi à 14 h.
Vie et mort : parfaite illustration du sport le plus populaire du Sénégal, lambb ji, sport qui libère les pulsions de mort des lutteurs pour donner des raisons de mieux savourer la vie aux spectateurs. Que l’âme de Souleymane Diallo repose en paix.