Cyril Ramaphosa, 66 ans, enfin « vrai » président

C’était un discours d’investiture assez lisse et qui se voulait rassembleur. Pendant une vingtaine de minutes, après avoir prêté serment, Cyril Ramaphosa a martelé qu’il fallait préserver l’unité du pays, mais aussi du continent, alors que cette journée d’investiture coïncide avec la Journée mondiale de l’Afrique.

Ce mandat de cinq ans ouvre, selon lui, « l’aube annonçant une nouvelle ère » pour l’Afrique du Sud qu’il espère pleine d’espoir, malgré les nombreux défis. Le président a martelé une nouvelle fois ses promesses de campagne, à savoir la fin du gâchis des ressources de l’État, l’éradication de la pauvreté d’ici une génération dans l’un des pays les plus inégalitaires du monde et la possibilité de trouver du travail où le taux de chômage atteint les 27 %.

25 ans après les premières élections libres et le discours inaugural de Nelson Mandela, Cyril Ramaphosa promet que ce ne sont pas des paroles creuses, mais qu’il y aura « de l’action » durant son mandat de cinq ans.

…Ces derniers temps, nos citoyens ont observé des institutions de notre démocratie s’affaiblir et nos ressources être gaspillées. Les défis auxquels notre pays est confronté sont énormes et réels. Mais ils ne sont pas insurmontables !…

Une chaude ambiance

Cette prestation de serment s’est déroulée en présence de plusieurs milliers de personnes parmi lesquelles, des invités de marque.

Environ 30 000 personnes habillées en noir, vert et or ont chanté ensemble pour leur président élu et ont acclamé les défilés de l’armée. Venus de tout le pays, tous ces spectateurs expliquaient vouloir assister au renouveau de leur parti, l’ANC, en la personne de Cyril Ramaphosa.

Aniye n’a pas lâché son drapeau sud-africain de toute la cérémonie. Habillée ANC de la tête aux pieds, elle considère que Cyril Ramaphosa peut continuer le travail des fondateurs du parti. « Cet homme est un homme bon, comme Mandela. Je l’aime beaucoup car il n’est pas corrompu. L’ANC était mort, mais maintenant, l’ANC va renaître », espère-t-elle.

Molefe a fait plusieurs heures de route pour être présent à cette cérémonie. Et il aimerait que ceux qui critiquent le nouveau président lui laissent au moins une chance lors de ce mandat. « Il y a toujours ces gens qui espèrent que tout change en une nuit. Mais il faut être plus tolérant avec le président pour qu’il puisse tout réformer. Je pense qu’au bout du compte, on sera contents », croit-il.

Présents également, de nombreux présidents du continent, voisins de l’Afrique du Sud, notamment le président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa, le Congolais Félix Tshisekedi, le Sénégalais Macky Sall et, plus surprenant, le président rwandais Paul Kagame qui a été installé côte à côte avec le chef de l’État ougandais Museveni, malgré les tensions entre les deux pays.

Enfin le grand absent de cette cérémonie, a été bien sûr Jacob Zuma auquel Cyril Ramaphosa a succédé, l’année dernière, sur fond de scandales de corruption. Inculpé de corruption, l’ancien président Jacob Zuma s’est dit trop occupé. « Je n’ai pas le temps, je me bats pour éviter la prison », a-t-il lancé alors qu’il comparaît devant la justice, depuis une semaine.

Prochaine étape pour le chef de l’État : l’annonce de la composition de son gouvernement qui pourrait être faite lundi prochain.