Dernier hommage à DJ Arafat enterré ce samedi : Abidjan a passé une nuit blanche

La Côte d’Ivoire a rendu un dernier hommage à DJ Arafat dans la nuit du vendredi 30 au samedi 31 août, avant son inhumation. Entre concerts, discours et recueillement, la cérémonie organisée au stade Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan s’est poursuivie jusqu’au petit matin.

Le stade Houphouët-Boigny d’Abidjan aura fini par se remplir même si l’affluence était moindre qu’attendu pour cet hommage à la star ivoirienne disparue le 12 août dans un accident de moto à l’âge de 33 ans. Pourtant, la ferveur de la « Chine » – comme s’appellent les fans de DJ Arafat – ne s’est pas démentie. Elle est même montée crescendo, malgré les heures d’attente pour les nombreux « Chinois » venus pour beaucoup vérifier que leur idole était bien morte.

Arborant des tee-shirts à l’effigie de leur roi, certains avaient même déployé le drapeau de la Chine pour afficher leur appartenance à la « République d’Arafat ». Des fans venus d’Abidjan, mais aussi de Bouaké et de bien d’autres villes du pays, chauffés à blanc par les ambianceurs qui se sont succédé sur scène en attendant le démarrage de la cérémonie.

Des fans venus rendre hommage à DJ Arafat au stade Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, vendredi 30 août 2019. © ISSOUF SANOGO / AFP

« La soirée aurait été parfaite si tu faisais maintenant ton entrée sur scène »

L’hommage à proprement parlé a commencé vers 21h. Avec d’abord quelques mots des proches. Traoré Youssouf s’est exprimé au nom de la famille, regrettant « le fils parfois rebelle, mais aimant ». « La soirée aurait été parfaite si tu faisais maintenant ton entrée sur scène. Mais non, au lieu de cela tu as choisi de nous réunir pour te dire adieu et te rendre un dernier hommage », lui a-t-il déclaré.

Puis l’organisation a choisi de faire monter sur scène trois jeunes enfants de DJ Arafat, acclamés par la foule des « Chinois », dont beaucoup n’ont pas pu retenir leur émotion.

Dans la tribune du stade Houphouët-Boigny d’Abidjan, les «Chinois» sont rassemblés pour une dernière cérémonie en l’hommage de DJ Arafat. © REUTERS/Thierry Gouegnon

Le staff de la star s’est ensuite exprimé puis le ministre de la Culture, Maurice Bandaman, au nom du gouvernement, comparant d’ailleurs DJ Arafat à Elvis Presley ou Bob Marley. « Il ne fut pas l’inventeur du coupé-décalé, mais c’est lui qui par son génie l’a rendu célèbre », a déclaré le ministre, qui a annoncé que DJ Arafat serait décoré samedi à titre posthume de l’ordre national du mérite culturel, c’est-à-dire la plus haute distinction ivoirienne pour sa contribution au rayonnement culturel de la Côte d’Ivoire.

L’ensemble du gouvernement, par ma voix, dit son infinie reconnaissance à Ange Didier Houon, dit DJ Arafat, pour son immense contribution au rayonnement artistique et à l’influence culturelle de notre pays, la Côte d’Ivoire.

Une minute de silence a également été observée et un prêtre a appelé les « Chinois » à se recueillir et à prier.

C’est la star malienne, Sidiki Diabate qui a clos ce moment de recueillement par une impressionnante prestation sur scène et sur la pelouse qu’il a traversée en courant pour rejoindre le public du virage d’en face, poursuivi par une dizaine de policiers chargés de sa protection. Puis, remontant sur scène, il a pris la parole : « Il m’a dit : « Sidiki, je n’ai pas besoin de maison, je n’ai pas besoin d’argent. Ce que je veux aujourd’hui, c’est un disque d’or. Hélas, il est parti. » » Et le chanteur a symboliquement brandi un disque d’or pour « son ami ».

Le ministre de la Défense ivoirien Hamed Bakayoko (G) et le chanteur malien Sidiki Diabate (D) au stade Houphouët-Boigny, le 30 août 2019. © ISSOUF SANOGO / AFP

Au total, une cinquantaine d’artistes, comme le Congolais Fally Ipupa, le Français Dadju, DJ Mix, Davido ou encore Kofi Olomide se sont produits. Des personnalités comme Didier Drogba étaient aussi présentes. Ainsi que des politiques comme Hamed Bakayoko, le ministre de la Défense, proche du chanteur.

« J’ai beaucoup d’émotion parce que je parlais souvent avec Arafat…:(Hamed Bakayoko, ministre de la Défense)