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Destruction des symboles de l’esclavage et du colonialisme : La revanche d’outre-tombe de George Floyd

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La revanche d’outre-tombe, telle qu’on pourrait cette postérité triomphante que le monde offre à George Floyd. Ce qui est sûr, c’est que ce dernier a laissé des traces sur la carte, comme Rosa Parks, Martin Luther King, Ghandi, Mandela et autres. Sa mémoire a fourni des armes et du courage aux révoltés contre le racisme et ces symboles honteux d’un colonialisme qui refuse de trépasser. L’Afrique, continent barbouillé par les conquérants, ne peut ne pas jouer son rôle dans cette croisade que dicte l’humanisme.

La mort de George Floyd. l’afro-américain, asphyxié par un policier blanc lors de son arrestation, à Minneapolis, dans le Minnesota aux Etats-Unis d’Amérique (USA), a remis au goût du jour le racisme dans le monde. Pour le dénoncer, plusieurs manifestations ont eu lieu aux USA notamment et dans plusieurs capitales européennes. Mieux, des manifestants outrés par les comportements racistes se sont attaqués à des symboles de l’esclavage, de la domination impérialiste et de l’envahissement de l’Afrique. De là à craindre un effet de contagion en Afrique où des symboles et représentations de ces «esclavagistes» et «colons» sont visibles dans presque toutes les capitales ou grandes villes, il n’y a qu’un pas que certaines n’hésitent pas à franchir. Mieux, pour Seydi Gassama, Directeur exécutif Amnesty International/Sénégal, «ces actes symboliques» notés en Occident «devraient avoir résonnance en Afrique».
L’image est forte. Elle est reprise par plusieurs médias occidentaux. A Bristol, dans le Sud-ouest de l’Angleterre, la statue en bronze d’un marchand d’esclaves, Edward Colston, a été arrachée et jetée dans le port fluvial par des manifestants qui protestaient contre la mort de George Floyd. Ils ont ainsi mis fin à des centaines d’années de présence de la statue dans une rue qui porte le même nom, dans la ville anglaise. Selon une déclaration, reprise par plusieurs canards occidentaux, le maire de la ville n’a pas souhaité remettre le monument qui symbolise une injustice. «En tant qu’élu, je ne peux évidemment pas tolérer les dégradations et je suis très préoccupé par les implications d’un rassemblement de masse sur la possibilité d’une deuxième vague (de contaminations de nouveau coronavirus). Mais, je suis d’origine jamaïcaine et je ne peux pas dire que j’ai un véritable sentiment de perte pour la statue», a-t-il poursuivi, expliquant qu’il la voyait comme un «affront personnel», a déclaré le maire Marvin Rees sur la BBC et repris par Francetvinfo. A en croire le site français, l’édile de Bristol a estimé «hautement probable» que la statue finisse au musée. Edward Colston (2 novembre 1636 – 11 octobre 1721) est un négociant et mécène anglais du XVIIIe siècle associé à l’histoire de Bristol, sa ville natale. Issu d’une famille marchande prospère, Colston s’est enrichi particulièrement grâce au commerce triangulaire dans les années 1680. Après sa mort, il est durablement célébré comme un bienfaiteur de la cité portuaire. Depuis la fin des années 1990, cette mise en avant de Colston est cependant remise en question dans le cadre des débats mémoriels liés à l’esclavage.
LEOPOLD II RETIRE DES RUES D’ANVERS EN BELGIQUE
La statue de l’ex-roi de la Belgique Léopold II a été retirée par la ville d’Anvers, le mardi 9 juin. Son retrait entre dans la campagne «Black Lives Matter» (la Vie des Noirs Compte), initiée après la mort de George Floyd aux Etats-Unis d’Amérique. Elle est entreposée dans les réserves d’un musée local où la Belgique s’est aussi engagée de mettre un texte explicatif des actions entreprises par ce roi en Afrique, notamment au Congo que Léopold II a décidé d’acheter lui-même, y installant de nombreuses sociétés ; il s’agit d’une «colonisation privée» s’appuyant notamment sur l’exploitation du caoutchouc. Léopold II est le deuxième roi de la Belgique. Il a régné sur le pays de 1865 à 1909. L’histoire de ce roi est marquée par sa mainmise, aux conséquences dramatiques sur le Congo. Dans l’ouvrage, il pleut des mains sur le Congo, Marc Wiltz, retrace une histoire à la cruauté inouïe. L’auteur retrace 23 années de domination belge avec, comme maître d’œuvre, Léopold II. Des millions de Congolais exterminés, sans aucun état d’âme, par ce monarque qui n’avait d’intérêt que l’exploitation des ressources naturelles congolaises pour satisfaire les besoins de son royaume. Dès 1909, une commission officielle du gouvernement Belge estimait déjà que la population du Congo avait diminué de moitié. Comme résultat, en Belgique, des statues de ce roi Léopold II trônent partout. Des rues et des hôtels portent son nom.
LES STATUES DE CHRISTOPHE COLOMB DEBOULONNEES AUX ETATS-UNIS ET EN MARTINIQUE
Aux Etats-Unis d’Amérique d’où est parti le mouvement «Black lives matter», les manifestants se sont pris aux statues de Christophe Colomb, dans plusieurs villes. La représentation de celui qui a découvert l’Amérique a été déboulonnée à Boston, dans le Massachusetts. A Richmond, en Virginie, se statue a été jetée dans un lac. Ailleurs, c’est le même constat. A Miami, dans l’Etat de Floride, une statue de Christophe Colomb, située dans un parc, a été attaquée par des manifestants. Christophe Colomb est considéré comme celui qui a découvert l’Amérique en 1492. A Fort-de-France et à Schœlcher, en Martinique, deux statues de Victor Schœlcher, pourtant considéré comme celui qui a aboli l’esclavage en 1848, ont été saccagées par des manifestants. A Birmingham, dans l’Etat américain d’Alabama, les manifestants ont renversé la statue de Charles Linn, un capitaine de l’Armée confédérée qui se battait pour les Etats du Sud esclavagistes.
DES MANIFESTATIONS EN ALLEMAGNE POUR RECLAMER L’ENLEVEMENT DE LA STATUE DE CECIL RHODES
«La statue de Cecil Rhodes doit tomber !» Ainsi scandaient des milliers de manifestants, réclamant, le mardi 9 juin à Oxford, le démantèlement de la stèle en hommage à l’un des plus célèbres impérialistes britanniques, Cecil Rhodes. En souvenir de cet homme, l’Afrique garde la privatisation des terres des autochtones en Afrique australe au profit d’une minorité blanche. L’actuel Zimbabwe portait son nom, la Rhodésie. De son vrai nom, Cecil John Rhodes (5 juillet 1853 – 26 mars 1902) est un homme d’affaires et un homme politique britannique.
SEYDI GASSAMA, DIRECTEUR EXECUTIF AMNESTY INTERNATIONAL/SENEGAL : «Ces actes symboliques devraient avoir résonnance en Afrique» «Le meurtre de George Floyd a créé une onde de choc, une prise de conscience universelle par rapport au racisme, à la discrimination. Cette prise de conscience qui pousse aujourd’hui les manifestants, un peu partout dans le monde, à déboulonner les statues des personnes qui ont été les symboles du racisme et de la discrimination dont la colonisation, constitue une des œuvres les plus achevées. On a vu la statue de Christophe Colomb qui a été déboulonnée, la statue de Victor Schœlcher, qui est supposé avoir aboli l’esclavage, qui l’a été aussi. On a vu, en Belgique, la statue du roi Léopold II qui a été déboulonnée également. Aujourd’hui, ces actes symboliques qui sont en train de survenir en Occident, devraient avoir résonnance en Afrique. On ne peut pas comprendre que la statue de Faidherbe continue à trôner à Saint-Louis, que les autorités l’aient remise sur pied après qu’elle soit tombée d’elle-même. On ne peut pas comprendre que certaines rues de Dakar portent encore les noms de certains colons qui ont été particulièrement violents et répressifs contre les résistants sénégalais. Il appartient aux collectivités territoriales, à l’Etat du Sénégal de déboulonner toutes ces statues, d’enlever tous les noms de toutes ces rues parce qu’ils constituent une insulte à la mémoire des résistants sénégalais, à la souffrance qu’a enduré le peuple sénégalais dans sa lutte contre l’oppression coloniale. Ce mouvement qui a lieu en Occident, il est honteux qu’il n’ait pas encore résonnance en Afrique. On n’appelle pas à la violence ; mais je dis que ce mouvement doit avoir résonnance ici, en Afrique. Elle doit être portée par les jeunes et les élus. Les statues, aussi bien que les noms des rues, renvoient à un passé colonial douloureux, au racisme, à l’oppression qu’ont subi les indigènes. Laisser sur place les statues ou ne pas changer les noms des rues, tend à légitimer l’oppression coloniale. Il faut qu’on enseigne aux Africains, au Sénégalais, l’histoire de leur continent, les héros de ce continent, pour préserver la dignité du peuple sénégalais. C’est valable pour tous les autres Etats africains. Aujourd’hui encore, entendre des capitales porter des noms tels que Brazzaville, en l’honneur de Savorgna de Brazza, est une véritable honte. Il faut qu’on se débarrasse de ces héros et qu’on mette en valeur nos propres résistants. C’est comme ça qui va redonner de la fierté à la jeunesse africaine, l’honneur à ceux qui ont résisté. L’Afrique ne peut pas avancer si on est complexé, en pensant qu’on a pas d’histoire»

Tract.sn (avec média)

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