Coup de Gon(g) : Alassane Ouattara briguera bel et bien un troisième mandat présidentiel, selon Jeune Afrique

« Après le décès de son Premier ministre et dauphin désigné, Amadou Gon Coulibaly, le président ivoirien Alassane Ouattara s’est finalement résolu à briguer un troisième mandat », selon Jeune Afrique. La publication panafricaine parisienne raconte dans un article « l’histoire secrète d’un revirement » dont Jeune Afrique prédit « qu’il s’annonce lourd de conséquences ».

Voici l’atmosphère des derniers jours à Abidjan qui ont conduit, Selon Jeune Afrique, le président Ouattara à prendre cette décision contraire à son renoncement de mars dernier, quand il avait décidé de passer le flambeau « à la jeune génération » :

« Abidjan, esplanade du palais présidentiel, le 14 juillet en milieu de matinée. Tout de noir vêtu et portant un masque chirurgical, comme les règles sanitaires l’imposent, Alassane Ouattara écoute les hommages rendus à Amadou Gon Coulibaly par la ministre de l’Éducation nationale, Kandia Camara, puis par le secrétaire général de la présidence, Patrick Achi.

Le chef de l’État semble perdu dans ses pensées, tiraillé entre le chagrin qui l’étreint – ravivé par l’émotion qui transpire de cette cérémonie en l’honneur de son Premier ministre –, la nécessité de faire bonne figure et celle, plus insidieuse, de remettre sur le métier l’ouvrage qu’il avait si méticuleusement confectionné : sa succession.

Malgré près de trois décennies de combat politique au cours desquelles il affronta bien des tempêtes, dont une guerre civile qui fit plus de 3 000 morts, Alassane Ouattara est aujourd’hui confronté à l’une des séquences les plus pénibles de sa carrière. Son fidèle compagnon, son fils spirituel, celui en qui il avait une confiance aveugle, s’est éteint le 8 juillet.

Un vide immense

Cérémonie d'hommage de la nation au Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, mardi 14 juillet 2020, en présence du président Alassane Ouattara.

Le cœur du « Lion », fragile au point de lui valoir une transplantation cardiaque en 2012 et deux mois de convalescence en France cette année, en mai et juin, après un infarctus, a lâché. Amadou Gon Coulibaly, celui qui a cheminé trente ans durant dans l’ombre de son mentor sans une seule anicroche, celui qui souffrait de devoir prendre la lumière pour être président à sa place et qui ne vivait que pour servir son chef, n’est plus. Il laisse autour de ce dernier un vide immense. Plus de Premier ministre, plus de dauphin, plus de confident, plus de « fils ».

Le sort s’acharne : au même moment, le vice-président Daniel Kablan Duncan, autre proche parmi les proches et vieux compagnon de route, contraint Ouattara à rendre publique sa démission, remise fin février. Ce n’est pas une foucade décidée un soir de déprime : Kablan avait déjà envoyé une première lettre de démission en… juin 2018. C’est désormais un secret de polichinelle, Kablan nourrissait des ambitions présidentielles, qui se sont heurtées au choix d’AGC.

[ La suite de l’article est à lire sur le site de Jeune Afrique, à ce lien (réservé aux abonnés) ].

Tract constate, pour le déplorer, qu’on s’achemine hélas vers une énième bataille présidentielle entre les mammouths préhistoriques de la scène politique ivoirienne, comme c’est le cas depuis maintenant trente ans: Bédié, 86 ans, ex-président est candidat pour le PDCI d’opposition, plus vieux partie d’Eburnie; Ouattara, 78 ans, le sortant, est parti pour l’être sans aucun doute, faute d’alternative dans le camp présidentiel (un temps pressenti, le ministre Hamed Bakayoko a été jugé finalement comme ne faisant pas le poids, mais il sera sans doute confirmé comme Premier ministre jusqu’à la fin du deuxième mandat de Ouattara). Bref, il ne manquera plus, pour compléter ce tableau électoral immuable des vieux chevaux de retour ivoiriens, que la candidature de Gbagbo, 75 ans, lui aussi ex-président. Mais pour ce qui est de Gbagbo, une candidature s’annonce plus compliquée : bloqué à Bruxelles car condamné à 20 ans de prison ferme en 2018 par la justice ivoirienne, il ne peut se rendre à Abdidjan pour y déposer sa candidature sans courir le risque d’être incarcéré. Sans parler de ses droits civiques à concourir à une élection, dont il n’est pas sûr qu’il ne lui soient pas contestés par le régime actuel d’Abidjan, même si Gbagbo n’a pas été condamné à une peine d’inéligibilité.

Tract