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[ÉDITO, ET DIT TÔT] Affaire de la jeune Saoudienne apostate : l’islam, nouveau motif « tendance » d’asile politique en Occident ?

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L’ET DIT TÔT D’O.N.G – Le Canada a décidé d’accorder l’asile à la jeune Saoudienne de 18 ans qui a fui sa famille, a annoncé vendredi le Premier ministre canadien Justin Trudeau, dont le pays est à couteaux tirés avec Ryad au sujet des droits humains deuis plusieurs mois. La jeune fille, Rahaf Mohammed al-Qunun, a affirmé vouloir fuir les abus psychologiques et physiques de sa famille. Elle faisait déjà route vers Toronto – où elle est arrivée ce samedi matin 12 janvier – quand le Premier ministre canadien en a fait l’annonce la veille, vendredi.

« Nous lui avons accordé l’asile. Nous sommes ravis de le faire, car le Canada est un pays qui mesure à quel point il est important de défendre les droits de la personne et des femmes à travers le monde. Et je peux confirmer que nous avons accepté la demande de l’ONU », a déclaré à la presse le Premier ministre, peu de temps après que les autorités thaïlandaises eurent annoncé le départ de Rahaf Mohammed al-Qunun pour le Canada.

Cas médiatisé

Cette annonce vient clore une affaire qui durait depuis une semaine et que la jeune femme de 18 ans avait elle-même rendue publique en créant à la hâte un compte Twitter. En voyage au Koweït avec sa famille, Rahaf Mohammed al-Qunun avait décidé de fuir ses parents le week-end dernier en prenant un avion pour Bangkok, où elle avait été arrêtée.

Après avoir médiatisé son cas, Rahaf Mohammed al-Qunun avait été placée sous la protection du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU en Thaïlande et une demande d’asile avait été adressée à plusieurs pays, dont l’Australie dans un premier temps.

La décision du Canada risque d’aviver les tensions entre Ryad et Ottawa. L’Arabie saoudite avait annoncé en août l’expulsion de l’ambassadeur du Canada, rappelé le sien et gelé tout nouveau commerce ou investissement avec le Canada, après la dénonciation par Ottawa de l’arrestation de militants saoudiens des droits humains, dont Samar Badaoui, sœur du blogueur emprisonné Raef Badaoui, dont la femme et les trois enfants vivent réfugiés au Québec.

« La demande formelle (d’asile) a été transmise par l’ONU au Canada, nous respectons nos engagements envers l’ONU. Le pays d’origine (Arabie Saoudite) n’intervient pas dans le processus », a simplement indiqué à l’AFP un responsable gouvernemental canadien ayant requis l’anonymat.

Bangkok plie face à la mobilisation sur les réseaux sociaux

La Thaïlande avait dans un premier temps l’intention de la renvoyer dans son pays à la demande des autorités saoudiennes. Mais la jeune femme s’était barricadée dans une chambre d’hôtel de l’aéroport, postant sur Twitter une multitude de messages et de vidéos désespérés, et accédant immédiatement à une notoriété internationale.

La jeune Rafah avait aussi affirmé à l’ONG Human Rights Watch qu’elle souhaitait renoncer à l’islam, ce qui la met « sérieusement en danger », souligne l’ONG.

A la suite d’une mobilisation en sa faveur sur les réseaux sociaux, les autorités thaïlandaises, qui effectuent fréquemment des refoulements à la frontière, avaient renoncé à la renvoyer contre son gré et l’avaient laissée lundi quitter l’aéroport avec des représentants du HCR.

Rupture du pacte de non-agression religieuse avec l’Arabie Saoudite

De mon point de vue, cette « affaire Rahaf » pose plusieurs questions dans la relation déjà compliquée de l’Occident à l’Islam. Un signe d’apaisement est venue de la Cour Européenne des Droits de l’Homme l’année dernière, en 2018. Celle-ci a a reconnu le délit de blasphème dans son arsenal juridique. Dans la société post-religieuse occidentale, notamment européenne, c’est une grande avancée dans le travail nécessaire de compréhension entre les communautés religieuses. La tolérance religieuse ne doit pas être à sens unique, celui d’un droit à prendre à la légère la foi religieuse. Elle doit aussi aller dans le sens de reconnaitre que la foi religieuse est une dimension essentielle dans la vie de milliards d’humains, qu’il faut respecter. A mon avis, ce délit de blasphème sera très difficile à « enforcer »  dans beaucoup de pays occidentaux, où on a érigé en totem la liberté d’expression, y compris le droit à l’expression sur et contre la religion. Et au final, n’eut-été la nécessité sécuritaire pour eux de prendre en compte et de « gérer » la question du terrorisme dit islamiste qui frappe ponctuellement leurs pays, mon opinion est que les pays occidentaux auraient été dans leur bon droit de décider que le blasphème n’est pas un délit sur leur sol.  Toutefois, l’Occident ne reconnait pas l’apostasie (suprême blasphème en islam)  comme délit ou crime.

Pour ce qui est de la sphère continentale américaine, le Canada est connu et reconnu jusqu’ici comme une société ouverte, mais aussi un pays qui respecte les communautarismes, de quelque nature qu’ils soient, y compris et surtout religieux : les Sikhs peuvent y arborer leur turban, les Juifs avoir un quartier à eux dans les villes et déambuler avec paillotes et kippa, et les musulmans prier librement dans leurs mosquées. Ce « droit d’asile religieux » accordée à la jeune Rafah peut-il être généralisé par le Canada? Y compris à eux qui feindraient de quitter l’Islam « avec des risques et périls », juste pour pouvoir obtenir l’asile ?

 On sait déjà que certains Africains subsahariens se prévalent d’être des homosexuels pour être acceptés dans les pays occidentaux en tant que réfugiés présumés opprimés dans les pays africains aux lois homophobes, dans leur majorité. La nouvelle filière d’émigration sera-t-elle de se dire opprimé par l’Islam pour bénéficier de l’asile (politique) dans les pays développés d’Occident ? C’est ouvrir une boite de Pandore dangereuse que de dire qu’on va accorder l’asile à tous ceux qui fuient ou prétendent fuir une religion. Observons que dans le même temps, le Canada ne vient pas au secours des millions de chrétiens d’Orient opprimés pour le culte auquel ils croient. L’Arabie saoudite fait partie de la communauté des nations et tous les pays du monde qui entretiennent des relations avec elle savent que la Charia qui y est loi d’État et l’accepte. Il est de coutume que les épouses des dirigeants qui y vont en visite, y compris Occidentaux et non-musulmans, se couvrent d’un voile en signe de respect de la religion d’État du pays. Est-ce du respect ou de l’hypocrisie, pour ces pays d’Occident (USA et France en tête) qui achètent du pétrole à l’Arabie Saoudite et lui vendent armes et avions de combat pour des contrats dont les montants se chiffrent en milliards de dollars ou d’euros ? Le Canada a en tout cas décidé de rompre le modus vivendi qui consistait jusqu’ici en un « pacte de non-agression  religieuse » entre l’Occident et le berceau de l’Islam qu’est l’Arabie Saoudite (et plus généralement envers toutes les pétro-monarchies du Golfe).

Ousseynou Nar Gueye

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