[ÉDITO, ET DIT TÔT] ‘Mackyllée’ comme un camion volé, Aissata Tall Sall choisit de « doser l’avenir »

ET DIT TÔT – Maître Tall Sall a donc rejoint le camp de Macky hier, officialisant son ralliement sans conditions au candidat sortant et nous faisant tous …marrons.

Celle qui fut une lycéenne éprise de littérature avant de devenir avocate, raflant au passage le prestigieux titre de premier secrétaire de la conférence, ce concours oratoire des apprentis avocate, n’a rien perdu de son art de la rhétorique, malgré cette reddition à Macky qui laisse beaucoup sans voix. Ses prédispositions à disserter sur une relecture de la « transhumance » sont restées intactes hier, lors de sa conférence de presse de ralliement à Macky, tenue à l’hôtel Le Ndiambour. La Lionne de Podor a tenu toutes griffes dehors à détacher le mot et le concept de « transhumance » de l’animalité auquel il renvoie.
« C’est quoi la transhumance ? », s’interroge celle qui a pendant longtemps bâti son discours public sur l’éthique avant de se distinguer par cette pirouette spectaculaire dont seule la politique a le secret.

« Pour ce que j’en sais, ce mot a fait irruption sur la scène politique du Sénégal en 2000. Nous avons constaté que ceux qui étaient avec nous dans le pouvoir avaient subitement abandonné leur parti pour aller rejoindre le Pds », rappelle-t-elle.
Ainsi, elle croit savoir que le terme a changé d’acception entre 2000 et 2019. « Nous allons prendre le risque avec lui (Macky Sall) de faire face au peuple sénégalais. Nous sommes « Oser l’avenir ». Nous sommes une coalition composée de partis politiques et de mouvements. Nous avons notre identité et nous venons avec notre identité. Il faut que ce débat s’arrête mais je sais que ça ne va pas s’arrêter, car ceux qui le disent sont de mauvaise foi. Je prends le risque de travailler à une victoire… », s’auto-convainc-t-elle.

EN tout cas, chez Oser l’avenir, les éléments de langage n’ont pas été bien harmonisés: Aïssata Tall Sall soutient avoir décidé de se rallier à Macky Sall sans pression d’aucune sorte, ni maraboutique (de la part des notabilités religieuses de Podor), ni de la part de sa base politique. Sa fille Fatima Zahra Sall , cheville ouvrière de la communication d’Oser l’avenir, dit exactement le contraire sur Twitter (où son alias est Tiim Tim, où elle est obligée de défendre avec de fragiles arguments l’auteur de ses jours et son héroîne politique : elle dit que celle-ci a succombé à la pression des maraboits podrois et de sa base. La fille du leader d’Oser l’Avenir dit au final « avoir beaucoup de mal à cacher sa déception, colère et maintenant angoisse », et ponctue le tout avec le hashtag .

Aissata Tall Sall convaincra -t-elle dans les chaumières sénégalaises de la justesse de son choix politique qui fut sans doute cornélien à prendre, alors qu’elle a du mal à convaincre dans sa propre maisonnée ? Rien n’est moins sûr. On dira qu’Aissata Tall sall a choisi de « doser l’avenir ». Dans le sens de se ménager un avenir politique dans le deuxième quinquennat de Macky Sall, dans le cas d’une victoire de celui-ci qui reste une hypothèse très plausible en cet instant T. Tant la marge de manœuvre d’Aissata Tall Sall était devenue étroite, après avoir dans un premier temps échoué à prendre le secrétariat général du parti socialiste des mains d’Ousmane Tanor Dieng après un tacle appuyé de Khalifa Sall qui avait empêché l’élection interne de renouvellement dans le  parti de Senghor, la forçant à faire sécession. Suivi de l’invalidation de sa candidature présidentielle. Elle aura aussi fait preuve de realpolitik, dans un Sénégal qu’elle qualifiait récemment de machiste, et où elle sait qu’une femme n’est pas près d’être élu Présidente de la République. Maitre Tall Sall est bien maire de Podor (12 000 habitants) et député unique d’Oser l’avenir (repêchée au plus fort reste), mais il faut croire qu’elle rêve d’un retour au Conseil des ministres. Elle aura donc rendu les armes en rase campagne au Deus Ex Mackyna qui peut faire de ce rêve une réalité.