[ÉDITO, ET DIT TÔT] Raciste, la « Saison Africa2020 » en France, cornaquée par Ngoné Fall

Début décembre 2020, le journal français le Monde écrivait que « malgré les traits tirés, Ngoné Fall, 53 ans, commissaire sénégalaise (NDLR de Tract : elle est aussi française) de la Saison Africa2020, arrivait à donner le change avec sa voix rauque et son débit de mitraillette ». Rien, pourtant, note Le Monde, ne se déroule comme prévu dans ce projet annoncé par le président Emmanuel Macron lors de son discours à l’université de Ouagadougou, le 28 novembre 2017. L’opération panafricaine et pluridisciplinaire à ambitions « hors normes », qui doit regrouper plus de 450 projets sur le territoire français dans les arts, la science et l’entrepreneuriat, avait déjà été ajournée de juin à décembre en raison de l’épidémie de Covid-19.

« Vous ne mettez pas votre vie personnelle et professionnelle entre parenthèses pendant deux ans, en acceptant un projet politique explosif, pour jeter l’éponge à la première difficulté. » clame Ngoné Fall.

Le nouveau coup d’envoi, qui devait être donné le 1er décembre avec l’exposition de l’­artiste ghanéen El Anatsui à la Conciergerie, à Paris, a été repoussé à mi-décembre. Entre-temps, plusieurs projets sont tombés à l’eau. Ainsi du festival de musique No Border, initialement prévu à Brest du 8 au 13 décembre. La majorité des spectacles ont d’ailleurs été repoussés au printemps 2021. Au point qu’on peut s’interroger sur la pertinence d’un label « 2020 » quand la plupart des événements ont été remis à 2021.

« Africa2020, c’est une marque et un marqueur, comme Lille 3000 ou Tokyo2020, qu’importe la date », pense pouvoir protester Ngoné Fall. Bien qu’elle admette « qu’on ne peut pas tout repousser indéfiniment », ce petit bout de femme montée sur ressorts a refusé depuis huit mois de baisser les bras : « N’oubliez pas, je suis africaine. » C’est-à-dire résiliente, pragmatique et optimiste ? Eh bien, Tract lui conteste cette africanité. Cela suffit comme cela que tous les projets culturels concernant l’Afrique dans les arts en ce qui concerne notamment la sphère francophone subsaharienne soit confié au duo transfuge de la Revue Noire que constituent la Franco-Sénégalaise Ngoné Fall et le Suisso-Camerounais Simon Njami, que l’on connait bien au Sénégal où ils ont cannibalisé la biennale DAK’ART d’art africain contemporain, dont ils sont les commissaires récurrents et systématiques depuis moult éditions. Pourtan, Ngoné Fall n’a pas créé de lieu emblématique, à la différence de la Suisso-Camerounaise Marie – Noëlle Koyo Kouoh (désormais carapatée en Afrique du Sud pour diriger un musée), fondatrice de RAW Material Company, à Dakar, ou feue Bisi Silva, à l’origine du centre d’art contemporain de Lagos. Elle n’a pas pondu d’­ouvrages à prétentions révolutionnaires, contrairement à l’économiste franco-sénégalais Felwine Sarr (exilé désormais aux USA) ou au philosophe camerounais Achille Mbembe, initiateurs des Ateliers de la pensée à Dakar.

En tout cas, Ngoné Fall a réussi à être nommée au ­printemps 2018 pour chapeauter cette opération artistico-diplomatico-politique. A cet égard, Tract estimé que la Saison Africa2020 en France est raciste : prendre les 55 pays africains pour leur consacrer une saison ne concourt quafaire accroîre, notamment au public occidental, que l’Afrique est un pays et un magma uniforme, et non un continent diversifié avec des pays qui n’ont rien à voir les uns avec les autres selon les aires géographiques et culturelles : Maghreb, Cedeao et Uemoa en son sein, CEAC et Cemac en son sein,Corne de l’Afrique, Afrique australe. Toutes ces zones de l’Afrique sont différentes. Ngoné Fall est coupable du délit d’autoracisme et « d’amalgamisation ». Par ailleurs, la France ne procède pas ainsi quand il s’agit d’autres parties du monde : elle consacre une saison culturelle à un seul pays et non à un continent composé de dizaines de pays. Vivement donc que la coronacrise empêche définitivement la tenue de cette Saison Africa2020.

Damel Mor Macoumba Seck

Tract