Ethiopie: un journaliste assassiné au Tigré

Photo by EDUARDO SOTERAS / AFP

[Tract] – Un journaliste ayant travaillé pour la télévision officielle tigréenne, Tigray TV, a été abattu à Mekele, capitale de cette région du Nord de l’Ethiopie, théâtre d’un récent conflit armé avec le pouvoir fédéral, ont annoncé jeudi des proches à l’AFP. 

Par Afp

Le corps de Dawit Kebede Araya a été découvert mercredi matin dans sa voiture, garée à 100 mètres de chez lui, au côté de celui d’un ami, Bereket Berhe, un homme d’affaires, a indiqué, sous le couvert de l’anonymat, un parent du journaliste. Cet assassinat semble démentir le retour à la normale au Tigré, dont fait état le gouvernement fédéral depuis qu’il en a délogé fin novembre, après un mois de combats, les autorités régionales issues du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF). Parti ayant détenu le pouvoir réel à Addis Abeba durant près de trois décennies, le TPLF contestait depuis plusieurs mois l’autorité du gouvernement d’Abiy Ahmed. Celui-ci avait progressivement marginalisé le parti en devenant Premier ministre en 2018, à la faveur d’une contestation populaire contre le pouvoir de la minorité tigréenne (6% de la population).« Nous avons entendu des coups de feu, vers 20H00 mardi, mais en raison du couvre-feu, nous n’avons pas osé sortir pour savoir ce qu’il s’était passé », a expliqué le parent du journaliste.

MM. Dawit et Bereket ont été enterrés mercredi après-midi. Un collègue de M. Dawit, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sûreté, a indiqué que les forces de sécurité avaient brièvement arrêté le journaliste durant le weekend, pour un motif peu clair. Tant le proche de M. Dawit que son collègue ont indiqué croire les forces de sécurité responsables de son assassinat.

M. Dawit travaillait pour Tigray TV avant qu’Abiy Ahmed – prix Nobel de la paix 2019 – lance l’armée fédérale contre le TPLF début novembre, mais il n’était pas clair s’il y était toujours employé à son décès.Tigray TV, télévision officielle des autorités régionales du Tigré, anciennement dirigée par le TPLF, est désormais administrée par les autorités intérimaires, installées par Addis Abeba depuis la fuite des dirigeants du TPLF.

Mulu Nega, chef de l’administration intérimaire, n’a pas répondu à une demande de commentaire de l’AFP. M. Abiy a proclamé la victoire au Tigré après la prise de Mekele fin novembre par l’armée fédérale, mais les dirigeants du TPLF en fuite affirment vouloir poursuivre le combat.Bien que le gouvernement éthiopien assure que la situation revient à la normale au Tigré, les rares informations qui filtrent de la région indiquent que le conflit perdure.

Le bilan humain précis du conflit au Tigré est inconnu mais les combats ont poussé des dizaines de milliers de personnes à trouver refuge au Soudan voisin.