Hommages et…critiques de la presse africaine au « soldat de la démocratie » de 1991, feu le président ATT

L’ancien président malien, Amadou Toumani Touré, est donc décédé dans la nuit de lundi à mardi en Turquie, où il était parti se faire soigner pour des problèmes cardiaques. Avalanche de réactions bien sûr dans la presse malienne et au-delà.

« Pluie d’hommage pour le soldat et le démocrate », s’exclame Le Républicain Mali. « Les Maliennes et les Maliens ont appris avec une grande affliction le décès d’Amadou Toumani Touré. Plusieurs leaders politiques, amis et connaissances ont témoigné de l’amour et de l’engagement constant de l’ami des enfants pour la cause de la patrie. Affectueusement appelé ‘ATT’, l’homme s’en est allé définitivement à l’âge de 72 ans. Ses différents chantiers de développement resteront à jamais gravés dans la mémoire collective. »

Un homme de paix…

« Adieu, homme de paix ! », lance Le Pays, toujours à Bamako. « L’enfant de Soudou Baba, le soldat de la démocratie malienne, le Hogon, le grand bâtisseur, l’homme de paix… ATT s’en est allé pour toujours. Les Maliens n’entendront plus ses taquineries et ses plaisanteries. Celui qui incarnait la paix, le vivre-ensemble au Mali s’est éteint. Le cousin à tout le monde, l’ami des enfants est parti. Il a rejoint ses aïeux après avoir passé toute sa vie au service du développement et de la paix au Mali et ailleurs. »

« Pour la majorité des Maliennes et des Maliens, ATT restera l’un des meilleurs présidents que le Mali ait connus, souligne le quotidien en ligne Malikilé. Sous sa présidence, de nombreux travaux routiers ont vu le jour, particulièrement dans la capitale Bamako. Pendant les 10 années de son pouvoir, le Mali a connu un calme plat dans le domaine politique où aucune opposition ne lui était connue. Sa popularité s’était manifestée en décembre 2017 à la faveur de son retour d’exil à Dakar. C’était une immense foule des grands jours qui était sortie pour lui témoigner sa sympathie et sa reconnaissance. L’exil dakarois aura été une dure épreuve pour cet homme qui aimait profondément son pays et son peuple. »

… mais pas exempt de critiques

Quelques ombres à ce beau tableau toutefois… Malikilé rappelle la corruption qui a régné pendant ses dix années à la présidence : « pour être sûr de rempiler pour un second mandat, ATT a laissé faire et a abandonné le Mali aux mains des prédateurs les plus impitoyables de son histoire. Ce fut même un blanc-seing qu’il leur accorda lorsqu’il déclara, sur l’ORTM, la télévision nationale malienne, qu’il n’humilierait aucun chef de famille ayant détourné de l’argent public en le mettant en prison. »

Et puis autre tâche indélébile, souligne encore Malikilé :

« ATT a abandonné l’armée malienne dans la décrépitude la plus totale, une armée de fils de chefs qui vont fuir comme des lapins apeurés devant l’avancée des djihadistes. Cette faute, ATT la paiera cash le 22 mars 2012, quand des militaires ont failli le tuer à la suite d’un coup d’État alors qu’il ne lui restait, en principe, que deux mois avant les élections présidentielles de mai 2012. »

WakatSéra au Burkina veut voir le verre à moitié plein : « la perfection n’étant pas de ce monde des humains, ATT est loin d’être sans défauts. Mais c’est bien lui qui, après avoir balayé la maison, a permis au Mali de vivre sa première véritable élection démocratique et ensuite sa première alternance démocratique, en 2002. »

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