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Inaugurationnite : les grands travaux de Macky ont-il relevé le défi de l’inclusion des populations ?

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À trois mois de l’échéance présidentielle, l’achèvement de nombreuses infrastructures du plan Sénégal émergent sera-t-il l’atout décisif du bilan du président sortant Macky Sall ?

Critiqué sur le front social et démocratique, le gouvernement met les bouchées doubles sur la réalisation de chantiers d’envergure lancés, pour la plupart, dans le cadre du plan Sénégal émergent (PSE). Ainsi de Diamniadio, future cité d’affaires en pôle ministériel en devenir au sud de Dakar qui continue à sortir de terre au milieu des vastes étendues de latérite. Dans le même temps, les wagons or et blanc flambant neufs du français Alstom sont déjà arrivés au port autonome de Dakar à bord de la Grande Angola. Il s’agit des premières voitures du Train express régional (TER) qui devra, à terme, relier la capitale sénégalaise au nouvel aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) sur 55 kilomètres.

Comme l’imposant pont de béton censé traverser la Gambie, long de 1,8 km, qui doit être inauguré en janvier prochain, il s’agit de l’un des projets phares du PSE. À l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, fixé au 24 février 2019, les mastodontes infrastructurels s’inaugurent à tour de bras. Le 25 octobre dernier, l’asphalte de l’autoroute Ila Touba était foulé pour la première fois par les pèlerins en direction de Touba, pour le grand magal des Mourides. Plus tôt cet automne, la première pierre était posée pour l’érection du plus grand champ éolien d’Afrique de l’Ouest, dans la région de Thiès, au nord de Dakar. Une hâte qui sonne comme un piège électoraliste pour les opposants de Macky Sall et certains représentants sociaux.

L’émergence en leitmotiv

Les triptyques de flèches vert, jaune, rouge pointant vers le haut ont poussé comme des champignons dans les environs de Dakar. Devant le Dakar Arena, complexe sportif inauguré en août, à proximité de l’AIBD ou encore aux abords de Diamniadio. Ce logo, symbole du plan Sénégal émergent, illustre la volonté du gouvernement de laisser une marque visible. Celle de l’émergence. « L’aéroport, les routes, les ports, le transport de façon générale, la réouverture de la compagnie nationale Air Sénégal : ce sont des ouvrages structurants que tout pays émergent se doit d’achever », estime El Hadj Hamidou Kassé, ministre en charge de la Communication. « Le bilan est hautement visible, mais ce n’est pas un choix du gouvernement. L’inauguration de l’autoroute Ila Touba, par exemple, n’a pas vocation à aller chercher des votes mais à s’ouvrir sur l’intérieur du pays. Le rôle du pouvoir est de construire le pays, élection ou non », défend-il. « Évidemment, ce genre d’infrastructures est une bonne chose et tous les pays en ont besoin, admet Mamadou Diouf, coordinateur du Forum social sénégalais. Mais il y a une précipitation politico-politicienne selon laquelle il faut finir les travaux et inaugurer coûte que coûte pour intégrer ces infrastructures au bilan du septennat de Macky Sall. »

Masquer le vrai bilan ?

Pour Mamadou Diouf, ces réalisations sont un écran de fumée visant à dissimuler un bilan social et démocratique désastreux. Il déplore une ruée sur l’achèvement des infrastructures « pour donner l’illusion d’un bon bilan ». Et d’ajouter : « Le vrai bilan aurait dû se porter sur le renforcement des institutions républicaines, le changement de gouvernance, le passage du septennat au quinquennat. C’est pour ces promesses-là que 65 % des Sénégalais ont voté pour Macky Sall en 2012. Pour pouvoir manger ce que le Sénégal produit, être soigné et avoir accès à une école stable et de qualité. » D’autant que certains projets, comme l’aéroport international Blaise-Diagne ou le parc éolien de Thiès, furent initiés du temps de la présidence d’Abdoulaye Wade.

Des accusations que balaie le gouvernement : « Les infrastructures, c’est du matériel, c’est nettement visible. Le social revêt des figures qui ne sont pas immédiatement physiques, c’est du vécu. Mais nous avons fait plus sur le plan social que dans les infrastructures », avance El Hadj Hamidou Kassé. Accès à l’eau potable pour les populations rurales, couverture maladie universelle pour 47 % de la population, bourses familiales, valorisation des pensions de retraite, fin des délestages électriques…, le ministre de Macky Sall déroule un élogieux bilan social. S’il reconnaît que les ouvrages achevés pourront influer sur le vote des Sénégalais « parce qu’ils ont un impact concret sur la vie des gens », il se défend de toute accélération des chantiers. « On ne peut pas bâcler des réalisations aussi importantes sous prétexte qu’il y a des élections. Ça n’a pas de sens. »

« La précipitation nuit à la transparence »

Pourtant, du côté des populations impactées par les travaux du TER, on dénonce les manquements liés à l’achèvement accéléré du projet. Le premier tronçon, s’étirant de Dakar à Diamniadio et passant par 14 gares de banlieue de Dakar, devrait être inauguré le 14 janvier prochain. Selon le Collectif des impactés du TER, déjà 250 000 personnes auraient été déplacées, parmi lesquelles des familles ou des commerçants. C’est le cas de Jérôme Mendy, 35 ans, régulateur à la gare routière de Pikine. Avec sa femme, ses deux enfants et seize autres membres de sa famille, il habitait une grande maison de deux étages dans les quartiers de Pikine-Est, aux abords de Dakar. Depuis le 28 juillet, il n’en reste que des gravats et quelques carreaux rose et bleu qui constituaient la façade. Jérôme attend toujours les 50 millions de francs CFA de dédommagement promis et regrette la manière dont est mené le chantier. « Ces travaux ont interrompu le déroulement de notre vie. Je ne sais pas où je dois habiter, je ne peux pas inscrire mes enfants à l’école tant que je ne sais pas où je peux habiter. Et je ne peux pas racheter un logement ou en louer un sur le long terme tant que je n’ai pas été dédommagé », s’insurge-t-il.

Si le gouvernement estime que moins de 1 % des déplacés n’a pas encore été indemnisé, ils seraient plus nombreux selon le Collectif des impactés du TER. Il est difficile d’obtenir des chiffres précis, mais le mécontentement est réel. « Ce n’est pas un mécontentement politique, assure Macodou Fall. On comprend évidemment l’intérêt du chantier. Tout le monde n’est pas contre ce projet d’envergure qui vise à désengorger Dakar. Tout ce que demandent les populations, c’est d’être recasées comme on le leur a promis. » Et Mamadou Diouf d’ajouter : « La précipitation nuit à la transparence des projets, à leur durée de vie et donc à l’adhésion des populations à de telles installations. Les Sénégalais n’ont pas été suffisamment consultés et intégrés. Il faut garder en tête que ce sont les impôts des Sénégalais qui financent en partie ces grands travaux. » Plus que jamais, l’inclusion, dans toutes ses dimensions, apparaît comme l’un des défis majeurs que Macky Sall et son gouvernement auront à relever.

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