La fondatrice de la RAW Material Company de Dakar devient directrice d’un musée d’art contemporain africain à Capetown

Née au Cameroun en 1967, Marie – Noëlle Koyo Kouoh débute sa carrière de commissaire d’exposition indépendante en coordonnant le programme culturel de l’Institut Gorée, de 1998 à 2002. Elle devient co-commissaire des Rencontres de Bamako en 2001, et en 2003 elle collabore à la Biennale de Dakar. En 2008 elle fonde à Dakar le centre d’art RAW Material Company, qu’elle conçoit comme un « espace de conversation, de réflexion (avec édition de livres), d’exposition et de résidence, ouvert aux artistes de tous les continents et de toutes les disciplines, littérature comprise ». En plus d’un programme soutenu d’expositions au RAW Material Company, elle maintient une activité de commissariat et est régulièrement membre de jurys et de comités de sélection à l’échelle internationale. Elle organise notamment « Saving Bruce Lee : le cinéma africain et arabe à l’ère de la diplomatie culturelle soviétique », en collaboration avec Rasha Salti, à la Haus Der Kulturen à Berlin (2012), « Word ! Word? Word ! Issa Samb et la forme indéchiffrable », la première monographie consacrée à l’œuvre de l’artiste sénégalais Issa Samb au RAW Material Company (2013), « Body Talk » au centre d’art Wiels à Bruxelle (2014) et « Still (the) Barbarians » à la Biennale d’Irlande (2016). Membre des équipes de commissariat des Documenta 12 (2007) et 13 (2012), elle est en charge, depuis 2015, du commissariat de 1-54 Contemporary African Art Fair à Londres et à New York, ainsi que de son programme éducatif (1-54 FORUM). Elle témoigne d’un goût pour les expositions documentaires, comme « Chronique d’une révolte : photographies d’une saison de protestations », autour des émeutes de 2011-2012 à Dakar contre le projet de modification de la Constitution par le président de l’époque, Abdoulaye Wade. Elle est particulièrement sensible à la question féministe et à la question du genre, un engagement qui se traduit notamment à travers l’exposition « Body Talk », présentée en Belgique, en France et en Suède en 2015-2016, dans laquelle elle traite « des expériences faites par des femmes africaines de la notion de corps, de féminisme et de sexualité. ». Pour Koyo Kouoh « dans le contexte africain, le corps est un outil politique, un site de domination, de contestation et un lieu de crime toutes les trois minutes selon les dernières statistiques mondiales. ». En 2018, elle participe à la 57ᵉ édition de Carnegie International avec l’exposition « Dig where you stand », avant d’être nommée en 2019 directrice générale et conservatrice en chef du Zeitz MOCAA au Cap, le plus vaste musée du monde dédié à l’art contemporain africain. À partir du 6 mai, elle remplacera Mark Coetzee, parti en mai dernier pour cause de suspicions de harcèlement sexuel. Durant toute sa carrière, elle a eu à cœur d’encourager et de participer à l’émergence de nouvelles institutions en Afrique.

Avec Connaissance des Arts