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La mort a été plus caïd que Gaïd Salah

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Très puissant chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, qui a dirigé de fait l’Algérie après la démission forcée en avril du président Bouteflika, est décédé ce lundi 23 décembre d’une crise cardiaque, quatre jours à peine après l’investiture du nouveau chef de l’Etat.

Comme un symbole, sa dernière apparition publique remontait au 19 décembre, lors de la cérémonie d’investiture du nouveau président Abdelmadjid Tebboune, élu une semaine plus tôt lors d’un scrutin que ce militaire de 79 ans avait imposé malgré l’opposition du mouvement populaire de contestation qui agite l’Algérie, le Hirak.

A cette occasion, M. Tebboune avait élevé le président par intérim Abdelkader Bensalah mais aussi le général Gaïd Salah à la dignité de « Sadr » dans l’Ordre national du Mérite, honneur traditionnellement réservé aux chefs de l’Etat.

Après avoir arraché en avril la démission du président Bouteflika, confronté à un mouvement populaire massif de contestation du régime, le général Gaïd Salah avait ensuite monopolisé la parole politique, apparaissant comme l’homme fort de fait de l’Algérie, face à un pouvoir civil intérimaire muet.

Visage du haut commandement militaire –le pilier depuis l’indépendance en 1962 d’un régime algérien caractérisé par son opacité–, il a durant plus de huit mois « suggéré » la marche à suivre au gouvernement, et tour à tour félicité, admonesté ou mis en garde la contestation.

Combattants de l’indépendance

« Le vice-ministre de la Défense, chef d’état-major de l’armée est mort lundi matin », a annoncé en matinée une présentatrice de la télévision nationale Algérie 3, donnant lecture d’un communiqué de la présidence. Selon ce communiqué, publié ensuite par l’agence officielle Apsle général Gaïd Salah est décédé à 06H00 (05H00 Gmt) « des suites d’un arrêt cardiaque à son domicile avant d’être transféré à l’Hôpital central de l’Armée d’Aïn Naadja ».

Né le 13 janvier 1940, engagé dès l’âge de 17 ans au sein de l’Armée de libération nationale (Aln) combattant le pouvoir colonial français selon sa biographie officielle, Ahmed Gaïd Salah était l’un des derniers représentants au sein de l’armée des anciens combattants de la Guerre d’indépendance. Un passé dont les dirigeants algériens ont longtemps tiré leur légitimité.

Tebboune, 74 ans, est à l’inverse le premier président algérien à n’être pas issu des rangs des anciens combattants de cette Guerre d’indépendance. « Chef suprême des Forces armées et ministre de la Défense » en titre, le chef de l’Etat a décrété trois jours de deuil national et a chargé le général Saïd Chengriha, commandant des Forces terrestres, d’assurer l’intérim comme chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (Anp), a poursuivi la présentatrice de la télévision nationale.

Agé de 74 ans, le général Chengriha avait été nommé à la tête des Forces terrestres en septembre 2018 par le général Gaïd Salah, lors d’un vaste remaniement dans la haute hiérarchie militaire et sécuritaire.

« Coups de sang »

Les généraux Gaïd Salah et Chengriha « ont des profils similaires » et sont tous deux issus des Aurès, région du nord-est de l’Algérie et terre de tribus chaouis (minorité berbérophone), souligne Moussaab Hammoudi, chercheur doctorant à l’Ecole des Hautes études en Sciences sociales (EHESS) de Paris.

Le général Chengriha « était déjà pressenti pour remplacer le général Gaïd Salah », poursuit le chercheur qui rappelle qu’en Algérie, c’est traditionnellement le chef des Forces terrestres qui succède au chef d’état-major. Selon lui, le chef d’état-major par intérim « n’a pas les coups de sang de Gaïd Salah et est un peu plus posé ».

Difficile de savoir si le décès soudain du général Gaïd Salah aura une influence sur l’installation au pouvoir et la marge de manœuvre du président Tebboune, qui était réputé proche du défunt. « Il va falloir attendre les premiers pas des uns et des autres », selon M. Hammoudi, qui travaille sur l’autoritarisme en Algérie. « Beaucoup de scénarios sont possible, mais tout sera fait pour qu’en apparence tout apparaisse normal », poursuit le chercheur, car « le principal souci du haut commandement militaire est de maintenir la façade civile ».

Nommé chef d’état-major de l’armée en 2004 par le président Bouteflika, le général Gaïd Salah détient le record de longévité à ce poste et fut, sous sa présidence, un des personnages les plus puissants du cercle du pouvoir. Il fut durant 15 ans un indéfectible soutien de M. Bouteflika avant d’obtenir sa démission en avril pour tenter de calmer le Hirak, né un mois plus tôt de la volonté du président sortant de briguer un cinquième mandat, décision qu’il avait lui-même ardemment soutenue.

Mais le général Gaïd Salah était vite devenu très impopulaire au sein du mouvement de contestation en apparaissant comme le garant de la survie du « système » qui dirige l’Algérie depuis 1962 et dont le « Hirak » entend obtenir le démantèlement

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