La soupe à Kandji : Macky Sall 58,27%

Le juge Demba Kandji, président de la commission de recensement national des votes, « seule habilitée » à les proclamer, a annoncé les résultats « provisoires » du scrutin présidentiel de dimanche, ce jeudi 28 février à 13h45. Résultats provisoires  car c’est le Conseil constitutionnel qui annoncera les résultats officiels définitifs, dans 5 jours. La soupe à Kandji a été servie froide, après que sa prise de parole ait été annoncée pour 11h, puis 11h30, 12h30 et enfin 13h30. La sentence est donc une douche froide pour près de la moitié des électeurs, soit les 42% qui n’auraient pas voté pour Macky Sall selon ces résultats. Macky Sall est déclaré réélu au 1er tour avec 58,27% des suffrages.Suivi d’Idrissa Seck avec 20,50%. Ousmane Sonko vient en troisième place avec 15,67%. Madické Niang et Issa Sall ferment la marche avec respectivement 1,48% et 4,07%. Macky Sall inaugure ainsi un nouveau Salltennat de 5 ans. Selon les termes d’une Sénégalaise du Canada réagissant à ces résultats, le président redoublant continuera de diriger un « fichu pays, fichu pays qui est d’accord avec la corruption, les ministres qui s’enrichissent, la saleté, la médiocrité de l’administration, la pauvreté, les gosses de la rue, les agresseurs, les hôpitaux qui tuent, pendant qu’un groupe danse et s’engraisse. Fichu pays. » Elle conclue par le hashtag #exilée.

Le désabusement populaire semble en effet la chose la mieux partagée ce jeudi. En centre- ville, seuls des laveurs de voiture, présumés être des Halpulaars du Fouta, région d’origine de Macky Sall, ont eu des manifestations de joie. Le domicile du principal challenger, Idrissa Seck, était encerclé dans le quartier du point E de Dakar par les gendarmes. Quelle sera la réaction d’Idrissa Seck et celle d’Ousmane Sonko, pour ne citer que ces deux poids lourds d’opposition de la présidentielle ? Demain vendredi, ce sera le premier jour du mois de mars. Et mars est nommé ainsi en hommage au dieu de la guerre. Après la guerre des chiffres de ces derniers jours et la guerre des nerfs de ces dernières heures, il faut attendre pour savoir si Macky Sall pourra inaugurer son deuxième mandat sans perturbations de l’ordre public, ni manifestations populaires et politiques.

Si les deux principaux opposant décident de ne contester les résultats publiés aujourd’hui que devant le Conseil constitutionnel, ce qui reviendrait à les entériner, Idrissa Seck s’imposera comme le chef de l’opposition avec l’avenir de devenir président à la prochaine élection, en 2024. Ce sera alors sa quatrième tentative. Il en aura fallu 5 à Abdoulaye Wade pour ètre élu, depuis 1978 jusqu’ à la première alternance de 2000. Ousmane Sonko a également fini de se poser en futur challenger de poids, avec les résultats « provisoires » (oxymore!) de cette élection.

En tout cas, les travailleurs dakarois du centre-ville ont commencé à rentrer tôt, dès 14h30, et à vider leur voiture des parkings. Pour parer à toute éventualité. Certes, le pire n’est jamais sûr. Mais l’avenir ne l’est pas non plus, sûr.

Damel Mor Macoumba Seck

Tract 2019

 

Articlé édité à 17h29, le 28 février 2019 : les 4 candidats de l’opposition ont signé une déclaration dans lesquels ils indiquent qu’ils ne contesteront pas les résultats devant la justice bien qu’il les rejettent « fermement et sans réserve », et enfin qu’ils laissent Macky Sall les « assumer seul face au peuple et face à l’Histoire. ». Des manifestations ont lieu à l’Université Cheikh Anta Diop et au rond-point Liberté 6 à Dakar.