« Le Monde » français titre sur « la Casamance, plus vieille rébellion d’Afrique ». Et la Corse française, plus vieille rébellion d’Europe?

Le quotidien « Le Monde » n’est certes pas la voix de son maître, et donc pas la voix officielle de la République française. Mais, à Tract, et les Sénégalais avec nous sans doute, on est assez marri de voir le journal français titrer sur « la Casamance, plus vieille rébellion d’Afrique ». Même si elle met en chapeau de l’article que « cette rébellion » en est au « point mort, avec le libellé suivant :   » Ni guerre ni paix : la province du sud du Sénégal est, depuis 1983, le terrain d’un conflit à bas bruit pour l’indépendance. Les autorités ont parié sur le pourrissement de cette lutte aujourd’hui au point mort ».  Au passage, Tract signale au Monde français que le conflit casamançais a éclaté en 1982 et non en 1983 : erreur factuelle de sa journaliste Mariama Darame donc. Cet article du Monde n’est en tout cas pas pour aider à une reprise du trafic de visiteurs et de touristes venant de l’Hexagone vers le pays de la Téranga. Mais bon, les vols commerciaux de passagers en provenance de l’UE sont, de toute façon, interdits par le Sénégal, en application d’une réciprocité après le bannissement par l’UE d’entrée dans l’UE de passagers en provenance du Sénégal. La Casamance, plus vieille rébellion d’Afrique ? ça se discute . Et puis, ce fâcheux amalgame laisse à penser que (tout) le Sénégal est un pays en guerre. Et la Corse alors ? Plus vieille rébellion de France et d’Europe ? Le Monde délaisse la poutre dans l’œil de « l’Afrance » pour s’intéresser à la paille dans l’œil du Sénégal. Certes, il y a un maquis en Casamance avec plusieurs fronts combattants. Certes encore, récemment, des mines antipersonnel sans doute posées par les « rebelles » ont tué plusieurs militaires sénégalais en Casamance. Laquelle armée a, en guise de représailles, napalmé toute une zone. Certes, il y a une aile politique exilée qui dit représenter le front rebelle casamançais . Certes, enfin, les négociations politique pour « le retour de la paix définitive en Casamance « , un programme de désarmement-démobilisation- réinsertion des combattants rebelles, tout cela est au point mort. Mais, il ne faut point exagérer : ce qu’il faut qualifier de « résidu de conflit régionaliste en Casamance », n’a aucun soutien dans la population locale, et est plus une sorte de  particularisme régional et même pas de séparatisme indépendantiste, option pour une illusoire indépendance qui n’est soutenue que par une infime minorité localement. De plus, et au total, ce dont la Casamance a le plus besoin pour se sentir entièrement sénégalaise en mis en oeuvre depuis plus de 15 ans : des programmes vigoureux de développement économique et de désenclavement de la région avec le reste du Sénégal.

Damel Mor Macoumba Seck

Tract

Voici l’article du Monde : 

Kouba Bouli Diatta a les yeux injectés de sang, comme s’il venait de pleurer. Assis sur son bidon d’essence, le vieil homme essaie d’oublier la touffeur de la brousse bissau-guinéenne. Il vient de fumer un peu de chanvre, savourant les plaisirs simples de sa nouvelle vie sans armes. A 63 ans, ce combattant du Mouvement des forces démocratiques casamançaises (MFDC) a désormais quitté le maquis qu’il avait rejoint « avant même d’avoir de la barbe ». Là, à quelques kilomètres du village de Cassalol, au sud de la frontière avec le Sénégal, nom de la faction du MFDC à laquelle il appartient, il a passé l’essentiel de sa vie à guetter l’ennemi et à combattre les forces de sécurité sénégalaises. L’âge venant, il n’a plus la force de continuer.

Comme d’autres, il fait partie de cette première génération qui a vieilli au service de la rébellion indépendantiste de Casamance, la plus ancienne d’Afrique encore active depuis sa formation, en 1983.

Cette région verdoyante du sud du Sénégal, entre la Gambie et la Guinée-Bissau, demeure le théâtre d’un affrontement sans fin, alternant épisodes de violences armées et longues périodes d’accalmie. Le bilan officiel des victimes est pourtant l’un des plus faibles des conflits armés du continent : entre 3 000 et 5 000 morts, dont 800 en raison des mines antipersonnel.

Ces engins sont disséminés un peu partout sur les routes ensablées, les sentiers et les champs de la Casamance, où 1,2 million de mètres carrés de terre environ restent aujourd’hui à déminer, selon le Centre national d’action antimine du Sénégal (Cnams). Le 15 juin, deux militaires sénégalais ont été tués et deux autres blessés dans l’explosion d’une mine antichar au passage de leur véhicule, entre les villages de Diagnon et de Mbissine, dans l’est de la région. Un rappel que la Casamance reste un territoire sous tension dont le MFDC persiste à réclamer l’indépendance.

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Tract

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