Macky II : gouvernement resserré, peu de technocrates purs et beaucoup de politiques (liste complète)

Le ministère de l’Économie et des Finances démembré. Des directeurs généraux de sociétés publiques ou d’agences promus comme Abdou Karim Sall de l’ARTP, Mouhamadou Makhtar Cissé de la Senelec qui prend le Pétrole, ou Hanne du COUD. La Culture couplé à la communication. Un technocrate venu de la BAD, Amadou Hott, à la tête du nouveau ministère de l’Économie et de la Coopération internationale. Un gouvernement resserré qui passe de 39 ministres et 5 ministres délégués à 32 ministres et 3 Secrétaires d’État. L’ex ministre de l’Économie et des Finances Amadou Bâ, à qui l’on prête de manière insistante des velléités de lorgner sur la succession de Macky Sall, est neutralisé par une exfiltration vers le haut avec sa nomination comme ministre des Affaires étrangères.  Ce sont quelques-uns des enseignement du remaniement d’hier, qui a débouché sur un gouvernement renouvelé à 50% (21 partants non reconduits), avec 25% de femmes. Dans le dosage religieux, il semble y avoir un hic, car si le secrétaire général du gouvernement (Maxime Jean Simon Ndiaye) et le directeur de cabinet du président de la République (Augustin Tine, ex ministre des Forces armées) sont des catholiques, il semble qu’il n’y ait aucun chrétien titulaire d’un ministère plein, à part Sophie Gladima, titulaire des Mines et de la Géologie. Le président Macky Sall a donc nommé le gouvernement hier dimanche 7 avril en fin de soirée. Trente-deux ministres ont été nommés, sept ministères ont été supprimés. Des ministres clivants dans l’opinion comme Ismaila Madior Fall qui était à la Justice (surnommé le tailleur constitutionnel du président) et Mame Mbaye Niang qui était au Tourisme et abonné aux querelles (il a été aussi éclaboussé par le scandale des milliards volatilisés du projet Prodac) sont débarqués. Le limogeage de Seydou Gueye, précédemment secrétaire général du gouvernement et porte – parole du gouvernement est une surprise. La nouvelle équipe gouvernementale sera bientôt dépourvue d’un Premier ministre. En effet, l’exécutif a prévu à terme de supprimer la fonction. Et ce, afin de garantir l’efficacité des réformes pour le nouveau quinquennat de Macky Sall. C’est ce qu’explique la présidence. Une décision qui a pris de court les membres de l’opposition.

Lancer le chantier de la suppression du poste de Premier ministre, une démarche précipitée, juge Thierno Bocoum, proche d’Idrissa Seck, le premier opposant au président : « Macky Sall, encore une fois, se met dans une logique d’une gestion solitaire de l’Etat. Lorsqu’il s’agit de mettre à neuf des réformes aussi importantes, il serait intéressant que les populations soient impliquées. Et on a tous constaté que ce n’est pas une promesse électorale. »

Pierre Goudiaby Atepa, rallié à Ousmane Sonko qui est arrivé en troisième position de l’élection présidentielle, salue au contraire un risque pris par Macky Sall : « Il n’y a plus de fusible, il est en direct avec son peuple. Si ça marche, c’est tant mieux et j’espère que ça va marcher ; si ça ne marche pas, c’est lui. Il ne pourra plus se réfugier derrière quelqu’un. »

Le chef de l’Etat a promis une phase de dialogue politique avec l’opposition. Pour Babacar Gaye du Parti démocratique sénégalais (PDS), sans Premier ministre c’est mal parti : « Le président Macky Sall est en train de porter un coup dur à la faisabilité de ce dialogue politique. La suppression du poste de Premier ministre remet en cause la place de l’opposition dans le jeu politique et réduit les pouvoirs de contrôle de l’Assemblée nationale. »

L’Assemblée nationale devra adopter le projet de loi bientôt élaboré en Conseil des ministres. Le tout en vue de modifier la Constitution du pays.


Liste des 32 ministres nommés ce dimanche 7 avril

Sidiki Kaba : ministre des Forces Armées
Aly Ngouille Ndiaye : ministre de l’Intérieur
Abdoulaye Daouda Diallo : ministre des Finances et du budget
Amadou Bâ : ministre des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l’extérieur
Malick Sall : ministre de la Justice
Mansour Faye : ministre du Développement Communautaire et de l’équité sociale
Mouhamadou Moctar Cissé : ministre du Pétrole et de l’énergie
Mariama Sarr : ministre de la Fonction publique et du renouveau service public
Oumar Youm : ministre des Infrastructures et du transport
Amadou Hott : ministre de l’économie, du plan et de la coopération
Abdoulaye Diouf Sarr : ministre de la Santé et de l’action sociale
Moussa Baldé : ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural
Serigne Mbaye Thiam : ministre des eaux et assainissement
Ndeye Saly Diop Dieng : ministre de la Femme et de la famille
Alioune Sarr : ministre du Tourisme et du Transport aérien
Aminata Mbengue Ndiaye : ministre des Pêches et de l’Économie maritime
Mamadou Talla : ministre de l’Éducation nationale
Oumar Gueye : ministre des Collectivités territoriales
Cheikh Oumar Anne : ministre de l’Enseignement supérieur
Moustapha Diop : ministre du Développement industriel
Abdou Karim Sall : ministre de l’Environnement et du développement durable
Sophie Gladima : ministre des Mines et de la géologie
Matar Ba : ministre des Sports
Samba Ndiobène Ka : ministre de l’Elevage
Samba Sy : ministre du Travail et du dialogue social
Abdou Karim Fofana : ministre de l’Urbanisme et du logement
Aminata Assomme Diatta : ministre du Commerce et des PME
Abdoulaye Diop : ministre de la Culture et de la communication
Nene Fatoumata Tall : ministre de la Jeunesse
Zahra Iyane Thiam : ministre de la Microfinance
Dame Diop : ministre de l’Emploi
Ndeye Diké Ndiaye Diop : ministre de l’Economie numérique et des télécoms