Mali: les conditions de la libération de Sophie Pétronin et de Soumaïla Cissé dévoilées

On en sait un peu plus sur les conditions de libération de l’ex-dernière otage française dans le monde, Sophie Pétrinin, et de l’opposant malien Soumaïla Cissé, arrivés jeudi soir à Bamako à bord d’un avion de transport de l’armée malienne. Explications.

Après le soulagement, vient le temps des questions. Alors que Sophie Pétronin, l’opposant malien Soumaïla Cissé et deux autres otages italiens ont été libérés, jeudi 8 octobre au Mali, des zones d’ombre entourent les conditions de libération des otages.
« On dispose tout de même de nombreux éléments de réponse, révèle Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes sur France 24. On sait que la libération de Soumaïla Cissé a été décidée dès le mois d’avril. La présidence malienne a d’abord désigné un intermédiaire pour établir un contact avec les ravisseurs, afin de trouver une solution à la libération de l’opposant malien. L’accord a été dès le mois d’août mais des détails restaient à régler. »

Sophie Pétronin et Soumaïla Cissé, le chef de l’opposition malienne, sont accueillis à leur arrivée de l’aéroport international Modibo Keïta, à Bamako, le 8 octobre 2020. Michele Cattani/AFP

Dès lors, le sort des autres otages a pu être évoqué. « Sophie Pétronin a ainsi profité de l’accord établi pour Soumaïla Cissé. Le sort de ces deux otages s’est lié dans la dernière phase de négociation. Sa libération arrangeait tout le monde », poursuit le journaliste de France 24. Les autorités françaises, soucieuses de classer ce dossier. Mais aussi les jihadistes. « Ils voulaient la libérer depuis un moment tout en espérant en tirer profit, non pas contre une rançon, mais contre la libération de jihadistes. » Les deux otages italiens ont également bénéficié de cette tractation.

Le nouveau président par intérim du Mali Bah N’Daw assiste à la cérémonie d’inauguration avec le nouveau vice-président malien le colonel Assimi Goita à Bamako, au Mali, le 25 septembre 2020. REUTERS/Amadou Keita

 

Environ 200 personnes libérées

« On pense qu’un peu moins de deux cents détenus ont été libérés [pour obtenir la libération de quatre otages] », abonde le spécialiste de France 24. « Il faut bien rappeler que la majorité de ces détenus ne sont pas jihadistes, mais ils gravitaient autour de la mouvance : celui qui a vendu sa moto à des jihadistes, celui qui a apporté de l’eau dans le camp, celui qui a vu quelque chose et qui n’a rien dit… Seules deux personnes qui ont perpétré des attentats en dehors du Mali posaient problème et ont été libérées. »
« La junte militaire malienne va désormais pouvoir récolter le fruit politique de cette libération », estime enfin Wassim Nasr. Le pouvoir va pouvoir annoncer que les familles privées de leur proche vont pouvoir les retrouver à travers la libération des nombreux échanges.

De son côté, les anciens otages vont pouvoir reprendre leur vie, là où ils l’avaient laissées. Sophie Pétronin a annoncé son intention de retourner à Gao (nord) pour s’assurer que l’organisation d’aide aux enfants, qu’elle dirigeait avant d’être enlevée il y a près de quatre ans, continuait à fonctionner convenablement. Soumaïla Cissé va reprendre la politique. Il pourrait se présenter à la présidentielle qui doit se jouer dans dix-huit mois dans le pays », estime Serge Daniel, correspondant RFI à Bamako.

– Avec médias