Mannequins : « Touty Ndiaye, une fleur du matin à la rosée toujours renouvelée » (Par Cheikh Tidiane Coly)

Touty, en tigresse sur canapé

TRACT FASHION & MODELS –De l’autre côté de la rue, je l’ai aperçue rayonnante comme une douceur sous ce soleil chaud d’octobre. A l’approche, un sourire donne plus d’éclat à cette jeune femme. Elle s’est légèrement maquillée et coiffée, a porté un habit coloré lui arrivant juste aux genoux, ce qui illustrait une belle paire de longues jambes. Elle a un corps de rêve à contempler sans fausse modération comme si on vous a annoncé que votre acuité visuelle en dépend. Quand elle vous regarde… Il faut quand même arriver à apposer un nom à cette belle silhouette haute de 1m78. Elle, c’est bien Touty Ndiaye, révélée au monde du mannequinat, il y a juste 4ans.

Touty, en tigresse sur canapé

Assise avec nonchalance et aisance sur la chaise, elle raconte le regard solennel. 2014, c’est l’année où tout est parti réellement. Lors d’un concours de tailleurs, une amie la pousse à y aller pour présenter les modèles d’un des concurrents. Touty aime bien la mode, mais à l’idée de défiler devant des gens, elle panique. Non, pour elle cet exercice est réservé à d’autres personnes différentes d’elle. Parce qu’elle, Touty, l’homonyme de sa tante maternelle, ne s’imagine pas au milieu de paires d’yeux la fixant à la dérobée. Quelle honte elle subira, en tremblotant comme une feuille dès le pas initial. Et pourtant, ce samedi de 2014, elle est parvenue à monter sur le podium et à étaler son talent aux premières enjambées. Touty Ndiaye a réussi à se mouvoir et s’émouvoir de ce défilé parce que son candidat couturier a gagné le concours. La joie a été grande, elle en a eu le souffle coupé. La tentation est devenue vaste pour sillonner cet univers des défilés. On lui indiquera Ass Moussa qui tient sa structure l’As des As dans le quartier de Derklé. C’est là qu’elle se rend pour se payer une dégaine de pro. Mais, l’argent lui manque pour qu’elle y fasse long feu. Elle se verra apostrophée par un autre photographe Moussa qui tient l’agence Imagine. C’est de là qu’un certain Khadim Mbaye la déniche pour la présenter à Woo Tang. Nous sommes en 2015, à la Maison de la culture Douta Seck. Touty fait sensation. Et deux ans durant, elle s’y met avec ce mentor qu’elle a quitté en 2017. «Je me sens bien dans le mannequinat», justifie-t-elle pour expliquer qu’elle n’a pas abandonné les chaleurs des podiums. C’est qu’aujourd’hui, elle papillonne de ses propres ailes sans l’aide d’un agent. Touty Ndiaye croise et décroise les jambes, et on l’admire s’effeuiller, pareille à un gazania, une fleur du matin qui s’ouvre au soleil. Elle lève les yeux pour nous gratifier de son sourire mielleux et nous donner un avant-goût du film de sa vie de mannequin. 2016. La charmante Touty Ndiaye reçoit une invitation à participer à un défilé de monde en Côte d’Ivoire. Le programme est alléchant, et pour le voyage… Le comité d’organisation n’a pas suffisamment d’argent pour lui payer le billet. Pour elle, il faut bien trouver une solution parce que cette occasion, elle ne veut point la rater. Touty, déterminée à y aller, met la main à la… pochette. Ses petites économies dans la besace, ce ne sera pas l’avion mais le bus (55 mille à l’aller et la même somme au retour) qui amènera notre beauté à Abidjan. Deux jours de voyage rythmé, un safari de découvertes de belles contrées d’Afrique avec une mémorable escale au Mali, avant d’arriver chez Nana Houphouët Boigny. «Ah oui, le paysage était très beau à regarder», dit-elle en fermant, un tantinet, les yeux, pour savourer encore les merveilles de la nature dont les souvenirs restent toujours intacts en elle. Et, la charmante demoiselle se revoit encore à ce défilé de l’African Life Style Show. Elle y fera une belle prestation saluée par ceux qui l’ont invitée. En tout cas, elle ne regrette pas  été là dans ce pays «où la mode est quand même très appréciée, très vivante», fait-elle remarquer. Des voyages comme ça, mais en avion, elle en fera aussi dans d’autres pays d’Afrique comme le Bénin où elle était invitée deux fois dans sa capitale Lomé. Si vous avez l’occasion de la rencontrer, demandez-la de vous raconter ses belles balades dans les habits de mannequin.

Touty, en princesse de l’Egypte pharaonique

« Je suis plus intime avec les hommes »

Pour l’instant, elle vous livre quelques plages de son enfance. Touty, le premier enfant d’une grande famille, est née en  à Pikine. Elle y fréquente l’école 9A Marc Sankalé, et lorsqu’elle atteint l’âge ado, la jeune fille ne se sent plus dans la tunique d’élève. Elle a d’autres visions du monde, celles d’une jeune qui veut retrouver toute sa candeur dans le froufrou et la caresse de l’habit. Elle n’a pas d’argent mais tient toujours la paie mensuelle de sa scolarité que Papa lui donne «main à main»… Durant trois mois, elle ne versera pas cet argent qui se retrouvera empoché à «Marsé bu béés» par les commerçants vendeurs de tenues féminines. Son manège sera vite découvert et les parents n’hésitent pas une seconde, puisque l’école ne lui dit plus rien, de l’envoyer dans le four des restaurants avant de transiter dans les salons de coiffure. C’est de là qu’elle migre vers le mannequinat. Et elle se rappelle, en souriant, d’un de ses premiers « cachets » dans ses mains frêles. « Un jour, après un défilé, on m’a gratifié d’une robe et 5000 francs Cfa. Mon père (paix à son âme) était à ce moment interné à l’hôpital Cto de Grand-Yoff. J’ai gardé la tenue et l’argent, je l’ai partagé, entre mon père, ma mère et moi. Mais pater m’a redonné sa part et m’a renouvelé sa bénédiction pour le travail que j’ai choisi de faire », révèle-t-elle avec une émotion qui a failli déclencher des larmes qu’on ne voudrait voir sur ce superbe visage. On change de sujet pour lui permettre de se départir de cette mélancolie d’avoir perdu un être cher. On tombe sur les couleurs qui titillent son être. «Ah, je préfère le noir. Oui, je me sens à merveille dans cette couleur», dit-elle en respirant un grand coup comme revenue d’une plongée sous-marine, lavée de l’ensemble de ses soucis. Alors, avec les hommes, on l’imagine moulée dans un pantalon Jean – elle adore cette tenue ! – qui met en relief sa jolie silhouette, transcende le vallonnement de son derrière, dessine le galbe parfait de ses jambes, répondre par un sourire, mais sait rester ferme quand un entêté tente d’être discourtois. «Mais, je dois vous avouer que je suis plus intime avec les hommes», dit-elle pour lever tout équivoque qui  entacherait ses relations avec… le mâle. Les rapports avec les femmes étant souvent pleins de suspicions et de jalousies, elle préfère ouvertement éviter les liaisons chaotiques. Cela dit, pour les hommes, elle les veut «sincère, les préfère conciliant envers les autres, les aime propres, les admire battants», affirme-t-elle, une douceur dans la voix imprimant sa profonde sensibilité.

Touty, en froufrou noir sur le podium

Alors, ce couche-tard – mais lève-tôt, prière oblige – abhorre le mensonge. Si vous êtes une personne de parole, vous pouvez tenir la chance d’être invité à manger un délicieux «ceebu jënn» ou encore un alléchant «supu kandia» (plat préféré) de ce cordon bleu qui ambitionne d’ouvrir une grande boutique d’habillement à sa marque. Pour l’instant, scotchée téléphone cellulaire, navigant tous les jours sur internet entre facebook, instagram etc. pour mater les infos et balancer des correspondances, elle se la joue toujours mannequin, mais également animatrice sur youtube sous le label Tmp Evens Tv. Là, elle n’hésitera pas de vous tendre le micro, en affichant son plus large et généreux sourire.

Touty : en top, au top.

Par Cheikh Tidiane Coly

Tract.sn – octobre 2018