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MUSIQUE-TRAJECTOIRE : « Bollywood », la part cachée de Thione Seck

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(Tract)-  Le chanteur sénégalais Thione Ballago Seck, renommé pour sa contribution à la modernisation du mbalax dont il fut un des ténors, emporte avec lui un aspect peu connu ou pas souvent évoqué de sa trajectoire, relatif à l’influence exercée sur son art par les sonorités indiennes venues de Bollywood et les mélodies orientales en général.

Thione Seck, décédé dans la nuit de samedi à dimanche à Dakar, à l’âge de 66 ans, avait été fortement inspiré par les films hindous très prisés au Sénégal dans les années 1970-1980.

Son album « Orientissime », sorti en 2005 et produit par son compatriote Ibrahima Sylla du label « Syllart Records », en est une parfaite illustration.

Cet album de 12 titres, enregistré entre Dakar (Sénégal), Le Caire (Egypte), Madras (Inde), Londres (Grande Bretagne) et Paris (France), avait pour ambition de lancer définitivement sa carrière à l’international, sa notoriété ayant été déjà faite sur la scène locale avec son groupe.

Le « Raam Daan » (Ramper jusqu’à vaincre en wolof), lancé en 1984, avait contribué à sortir la musique sénégalaise des influences latino-américaines et occidentales, pour la faire évoluer progressivement vers le mbalax, style désormais incontournable sur la scène musicale sénégalaise.

« Depuis sa tendre enfance à Pikine », un quartier de la banlieue de Dakar, « Thione Seck a beaucoup fréquenté les cinémas pour voir les films hindous », rappelle le journaliste Fadel Lô, selon qui « l’animateur Amadou Badiane, un spécialiste et animateur de musique hindoue était son ami intime ».

L’artiste « évoquait souvent cette influence de la musique orientale et particulièrement hindoue », relève le journaliste, auteur d’une biographie consacrée à ce chanteur à textes et parolier génial. Un livre sorti en 2018 et intitulé « Paroles de Thione Ballago Seck, un poète inspiré et prolifique ».

UN HABITUÉ DU « CINÉMA EL HILAL » DE PIKINE ET DE SES FILMS HINDOUS 

Le journaliste écrivain estime d’ailleurs que le titre « Mouhamadou Bamba » de l’album « Orientissime » s’inspire de la chanson d’un film indien.

Thione Ballago Seck, qui a vécu une partie de son enfance à Pikine, passait beaucoup de son temps au « Cinéma El Hilal », aujourd’hui « Cinéma Awa »,  pour voir des films venus d’Inde, alors très populaires au Sénégal.

Dans un entretien accordé à « RFI Musique » en 2005, il précisait être plus attiré par la bande-son des films hindous que par leurs scénarios. « Dès que les parties musicales étaient finies, je sortais de la salle », avait-il déclaré.

De ses propres dires, le déclic de la concrétisation de sa passion pour les mélodies orientales a quelque chose à voir avec la chanteuse belge d’origine égypto-anglaise Natacha Atlas.

« En regardant la télévision à Paris, j’ai été impressionné par la chanson +Mon amie la rose+ (1999) de Natacha Atlas. J’ai appelé Syllart pour lui dire que je voulais faire un album oriental », avait confié Thione Seck, dans un entretien avec « Africultures ».

« J’avais énormément aimé ce morceau qui me rappelait les musiques des films hindous dont je raffolais quand j’étais gosse », ajoutait-il dans l’entretien publié de lui par RFI Musiques.

Celui qui était parfois surnommé « le chanteur hindou » de la scène sénégalaise, avait par exemple invité la star bollywoodienne et chanteuse indienne Jay à participer à son album « Orientissime », participation traduite par le titre « Assalo » produit en duo avec ce dernier, de même que l’Egyptienne Rehad avait participé pour deux titres du même album que sont « Yaye » et « Woyatina ».

Le ton définitivement orientaliste de cet album transparait dans plusieurs autres titres, à savoir « Siiw », relatif à l’hypocrisie en société et aux revers de la célébrité, « Doom », une dénonciation de l’infanticide ou encore « Man mi gnoul », un hymne à la beauté de la femme noire. Il y a aussi « Yeen », un titre appelant à la tolérance.

Déjà au primaire, il composait les mélodies de sa troupe théâtrale

Il y a aussi que si « Orientissime » est un album arrangé par le musicien français François Bréant, il doit pour beaucoup sa réussite à la grande contribution d’arrangeurs arabes et indiens.

Thione Ballago Seck, né le 12 mars 1955, a commencé à chanter à l’âge de 11 ans, déjà avec la troupe théâtrale de son établissement primaire.

« C’est moi qui composais les mélodies, les rythmes et les paroles dans les chansons de la pièce de théâtre », avait-il précisé dans le même entretien qu’il avait accordé à « Africultures ».

Le chanteur, brûlé de l’intérieur par l’ambition de faire de la musique, avait passé outre la volonté de son père, adjudant de police, qui ne voulait pas le voir exercer ce métier.

Il a intégré à 16 ans une troupe de théâtre, puis le « Star Band » de la légende Ibra Kassé, où il a évolué avec le célèbre Laye Mboup, avant de rejoindre « L’Orchestra Baobab », au sein duquel il monnaya son talent de 1973 à 1977.

Le chanteur lance ensuite un premier groupe « Thione Seck et son ensemble », composé de membres de sa famille au début des années 1980, juste avant de fonder le « Raam Daan » en 1984, considéré comme « un mouvement de sensibilisation spirituelle » dans lequel il évoluait avec son petit frère Mapenda Seck et Mountaga Kouyaté, un ex de l’Orchestra Baobab.

Thione Ballago Seck se disait définitivement convaincu qu’une chanson « sert à véhiculer un message, une prédication, un avertissement et une dénonciation sociale ».

De par les paroles de ses chansons, leur plein sens et leurs profondes connotations, Thione Seck éduquait, ramenait au quotidien de valeurs partagées, jugées fondamentales, interpellait également au besoin sur les tares de la société sénégalaise.

Sa légende s’est justement nourrie de la richesse de ses textes, qui parlent, au-delà du mélomane, à la plupart de ses compatriotes.

Celui que l’on a toujours qualifié de « griot des temps modernes » était également vu comme « un humaniste engagé », qui a profondément marqué la musique sénégalaise depuis plus de quarante ans.

Son dernier projet intitulé « La CEDEAO en chœur », en phase de réalisation, était présenté comme un « album fédérateur » auquel devaient participer plusieurs artistes de la sous-région ouest-africaine.

 

Source : APS

Tract

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