PDS, Rewmi : Sale temps pour les porte-paroles des partis de l’opposition significative

ET DIT TÔT – Être porte-parole de parti politique, c’est encourir le risque de devoir démentir le lendemain ce qu’on a affirmé la veille. Pour rester dans la la ligne du parti et traduire fidèlement la pensée du leader, qui peut être changeante. Cela  est d’autant plus vrai quand on est dans l’opposition, après une défaite électorale face au pouvoir sortant, qui laissent les leaders de l’opposition significative indécis quant à leurs options.

Coup sur coup, le parti Rewmi et le PDS viennent de perdre leur porte-parole respectif. Abdourahmane Diouf de Rewmi est parti dimanche dernier, après une entrevue d’adieu avec le président de son parti Idrissa Seck. Ce mardi, c’est Abdoulaye Wade qui remplace Babacar Gaye au poste de porte-parole du PDS par Me Amadou Sall. Pour Abdourahmane Diouf comme pour Babacar Gaye, leur départ est une délivrance. Tant leur liberté de parole était devenue trop corseté dans leurs habits de porte-parole. Abdourahmane Diouf, au lendemain de la présidentielle, après avoir dit sur la chaine de télévision 7TV qu’il reconnaissait le résultat de la présidentielle donnant Macky Sall vainqueur et appelé Idrissa Seck à s’exprimer en direction des Sénégalais qui étaient impatients de l’entendre, a dû pondre un communiqué pour se dédire et dire qu’il ne reconnaissait pas la victoire de Macky Sall comme légitime. Babacar Gaye, quant à lui, a multiplié les signes d’allégeance aux Wade père et fils en allant les voir à Doha et à Versailles, lorsque Madické Niang a décidé de se présenter à la présidentielle. Mais au final, Babacar Gaye a appelé ses militants de Kaffrine à voter lors de la présidentielle, alors qu’Abdoulaye Wade appelait au boycott de ce scrutin. Après la présidentielle, Babacar Gaye avait d’ailleurs le blues et disait il y a quelques semaines réfléchir aux options politiques qu’il prendrait. Son remplacement comme porte-parole est donc une délivrance. A sa place, il y a Amadou Sall, avocat et ancien ministre de la Justice, très proche de Wade père qu’il a accompagné en Guinée auprès d’Alpha Condé avant la présidentielle du 24 février dernier. Amadou Salll est en faveur d’une réponse positive à l’offre de dialogue politique national faite par Macky Sall, même s’il y pose des conditions. A savoir, que toutes les questions puissent être débattues. Amadou Sall est donc plus en phase avec les options d’Abdoulaye Wade, qui tient à faire revenir Karim Wade dans le jeu politique national. Le docteur Abdourahmane Diouf quant à lui, a rendu le tablier, faute de pouvoir lire dans les pensées d’un Idrissa Seck devenu aussi énigmatique qu’un sphinx. Abdourahmane Diouf pensait avoir les coudées franches à Rewmi, pour lequel il a procédé devant la presse à la présentation officielle du programme lors de la dernière présidentielle, en lieu et place du leader. Il n’en est rien. Une seule constante reste à Rewmi et au PDS : le chef du parti.

Les paroles de remerciements de Babacar Gaye et d’Abdourahmane Diouf à l’endroit de leur (désormais ex-) leader politique ne témoignent que d’une chose : leur volonté de feindre avoir orchestré un départ pour lequel ils ont été forcés.

Ousmane Sonko, arrivé troisième à la dernière présidentielle, n’a pas ce type de problème à Pastef : aucune tête n’y dépasse et on ne connait que lui, il est son propre porte-parole.

Damel Mor Macoumba Seck