PME et startups africaines : avec Choose Africa, la France augmente son investissement

Concrétisation de l’engagement pris par le président français d’accompagner la révolution de l’entrepreneuriat et de l’innovation en Afrique, la plateforme Choose Africa va fournir aux PME du crédit, des fonds propres et un support technique.

Le refrain commence à être connu : l’Afrique est un pôle d’innovation de plus en plus important. La levée de 1,16 milliard de dollars en 2018 par 146 start-up du continent, annoncée par le géant du capital-risque Partech Africa, donne le vertige. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la dynamique de création de start-up est très contrastée. La plupart sont établies dans les trois grands hubs que sont l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya. Si l’Afrique de l’Ouest a beaucoup de potentiel à exploiter, un écosystème favorable nécessite d’y être instauré.

Tel est le cheval de bataille de Choose Africa, un programme porté par l’Agence française de développement (AFD) et sa filiale du secteur privé Proparco. Vendredi 29 mars, l’initiative a été présentée publiquement en présence d’Amadou Ba, ministre de l’Économie, des Finances et du Plan sénégalais, et de son homologue français Bruno Le Maire, dans la capitale sénégalaise.

Au total, près de 10 000 petites et moyennes entreprises africaines bénéficieront de «Choose Africa», dont 600 par le biais d’investissements en actions.

2,5 milliards d’euros d’ici 2022

Lors de son discours devant des étudiants de l’université de Ouagadougou, au Burkina Faso, le 28 novembre 2017, le président français Emmanuel Macron avait clairement annoncé vouloir faire de la France un partenaire de l’innovation et de l’entrepreunariat en Afrique de l’Ouest. « La France sera au rendez-vous en consacrant plus d’un milliard d’euros pour soutenir les PME africaines », avait-il déclaré.

Choose Africa en promet finalement 2,5 milliards d’ici 2022, soit plus de 1 600 milliards de francs CFA. Au total, 10 000 entreprises africaines devraient être ainsi accompagnées. « Il était urgent pour la France de contribuer à l’essor du secteur privé en plaçant l’accélération de la croissance des petites et moyennes entreprises en Afrique au cœur d’un programme d’envergure », a expliqué Alexandre Pointier, le directeur général délégué de Proparco.

Un milliard d’euros (650 milliards de francs CFA) sera accordé en fonds propres, donc investis directement dans des PME ou via des fonds dédiés aux PM, comme Oasis Africa Fund au Ghana et en Côte d’Ivoire. Le numérique est évidemment la cible majeure de ces investissements : le programme Digital Africa, lancé en 2018 et porté par Karim Sy, le monsieur start-up de l’Afrique de l’Ouest, en bénéficiera majoritairement (650 millions d’euros).

Le reste, soit 1,5 milliard d’euros, sera dédié aux banques locales très souvent frileuses face au risque que représente une petite entreprise, afin d’encourager les prêts. Alexandre Pointier a précisé que « 900 millions d’euros (près de 600 milliards de francs CFA) [seront des] lignes de crédit », comme Proparco le fait déjà avec la SGBS ou Orabank au Sénégal, et « 600 millions d’euros (près de 400 milliards de francs CFA) des garanties consenties aux banques et institutions de microfinance ».

Accompagnement technique

Bruno Le Maire a insisté sur ce point : « apporter de l’argent ne suffit pas ». Un second volet du programme sera consacré à l’accompagnement des entreprises, notamment par la consolidation des réseaux d’incubateurs. Il en existe déjà plusieurs au Sénégal (Jokkolabs, CTIC), mais ils restent insuffisants pour faire éclore un monde entrepreneurial qui bouillonne et piétine. « D’autre part, nous poursuivrons notre travail d’accompagnement des politiques publiques visant à renforcer la compétitivité des PME et l’attractivité du territoire », a ajouté le représentant de Proparco.

Pour gagner en clarté et en lisibilité, un site dédié a été créé et est d’ores et déjà opérationnel. Qu’elles soient encore start-up ou déjà PME, les entreprises y sont orientées selon leur profil pour trouver le modèle de financement le plus adapté à leurs besoins.

Avec Le Point