[ Portrait ] Le nouveau ministre rewmiste des télécoms, Yankhoba Diattara, 46 ans, « idrissiste » de toujours

Le nouveau ministre de l’Economie numérique Yankhoba Diattara est décrit par des collaborateurs au conseil départemental de Thiès, dont il est le premier vice- président, depuis 2014, comme un homme travailleur, méticuleux, courtois et loyal. Diattara met au placard, par sa nomination, la Thiéssoise apériste Ndèye Tické Ndiaye Diop, qui était jusque là en charge des Télécoms et du porte-parolat du gouvernement. Rôle de porte-parole où elle n’a jamais convaincu.

Né le 4 novembre 1974 à Thiès, où il a fait ses études jusqu’au Lycée Malick Sy, Yankhoba Diattara décroche son baccalauréat de série A en 1995.

A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), il empoche sa maîtrise en droit des affaires (2000), son DEA en droit privé général (2002). Il s’envole ensuite pour l’Université du Québec à Montréal (UQAM), dont il est titulaire d’un MBA.

Il prépare une thèse de doctorat sur le thème ‘’Fiscalité et développement local au Sénégal’’.

Fidèle à son mentor politique Idrissa Seck, avec lequel il a cheminé déjà depuis le début des années 2000, quand il était encore au Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) Yankhoba Diattara s’est joint à lui quand il décida de porter sur les fonts baptismaux, Rewmi, une formation politique dont il est le secrétaire national de la vie politique et directeur des structures.

Il est entré dans le nouvel attelage gouvernemental rendu public dimanche, en même temps que son camarade de parti Ali Saleh Diop. Pendant ce temps, son leader politique a hérité de la présidence du Conseil économique, social, et environnemental (CESE).

Son engagement politique est surtout marqué par sa constance, notamment à travers sa loyauté à Idrissa Seck, dont il a été délégataire de signature à la mairie de Thiès de 2009 à 2014, puis au conseil départemental depuis 2014.

Bassirou Ndiaye, secrétaire général du conseil départemental, et son premier collaborateur dans cette institution, l’a connu jeune cadre quand il était au PDS. Ses relations avec lui sont devenues ‘’plus cordiales’’ quand ils ont été appelés à travailler ensemble au conseil départemental.

L’ayant vu à l’œuvre d’abord en tant que conseiller, puis en tant que responsable de fait du conseil départemental, il le dépeint comme quelqu’un de ‘’très courtois, très discret et respectueux de l’homme’’..

‘’C’est quelqu’un de très volontaire, très dynamique et très loyal envers le président Idrissa Seck’’, dit Bassirou Ndiaye, qui lui dresse un bilan élogieux après un mandat à la tête du conseil départemental de Thiès.

Malgré les ‘’moyens limités’’ de la jeune institution, il a pu les ‘’rationaliser’’ et faire des résultats, grâce à ses projets ‘’Une commune, un lycée’’, qui a été une réussite, ainsi que le projet ‘’une commune, un centre de santé’’, soutient-il.

Sous son magistère, il a équipé l’hôpital régional, notamment la pédiatrie d’une unité d’imagerie médicale, rénové des postes de santé dans le département et la commune.

Bassirou Ndiaye, qui est aussi son camarade de parti – il est président de la coordination départementale Rewmi de Tivaouane – et son collaborateur direct au conseil départemental, pense qu’il est ‘’apte à répondre aux défis de l’heure’’.

Animé d’un ‘’esprit créatif’’, il a misé sur les jeunes Thiessois pour promouvoir les nouvelles technologies à travers la formation, témoigne-t-il. Dans le domaine du numérique qui lui a été confié, il est rassuré quant au fait que ses ‘’idées novatrices pourront éclore au niveau national’’.

Il réfléchissait, par exemple, à mettre sur pied un système d’information géographique pour le département.

Amadou Sidibé, directeur administratif et financier (DAF) du conseil départemental, pour qui le nouveau ministre de l’Economie numérique est un ‘’ami’’, un ‘’grand frère’’ et un ‘’parrain’’, confirme cette facette de l’homme.

Sidibé rapporte une discussion qu’il a eue avec Diattara au lendemain de sa nomination, sur un projet numérique sur la création d’espaces numériques bien encadrés, pour les jeunes, afin d’éviter qu’ils ne squattent plus les abords des services et autres lieux, pour se connecter au wi-fi.

‘’C’est quelqu’un qui aime la ville de Thiès’’, poursuit-il, non sans relever sa propension à vouloir dupliquer dans la localité qui l’a vu naitre, tout projet innovant qu’il découvre lors de ses voyages à l’étranger. Ce qui lui vaut le surnom de ‘’l’homme aux 1.000 projets’’.

Côté humain, il se dit ‘’marqué’’ au contact de l’homme par sa ‘’sincérité’’, sa ‘’courtoisie’’ et sa ‘’politesse à l’égard des personnes âgées’’ qu’il traite comme ses propres parents, qui ne sont plus de ce monde. Il a perdu il y a un an et demie son père, après la disparition de sa mère.

‘’Il est très attentif aux problèmes des autres, social et très généreux. Il partage et oublie de se servir’’, ajoute sans retenue, celui qui le considère comme son ‘’modèle’’ en politique.

Bien qu’ils ne soient pas du même bord politique, Pape Moussé Diop du PDS, un doyen au conseil départemental, le présente comme un ‘’homme honnête, très sincère, très sérieux et multidimensionnel’’. ‘’Il est très fidèle à ses leaders et très courtois vis-à-vis de ses adversaires politiques. Il ne dit jamais du mal d’eux’’.

Louant sa bonne ‘’maîtrise’’ de ses dossiers, une réputation dont il jouit, selon lui, auprès de l’administration territoriale, il le considère comme l’‘’avocat principal des collectivités territoriales’’, pour lesquelles il se bat dans le cadre du fonds minier, afin qu’elles accèdent aux avantages qui leurs sont dus.

‘’En tant que ministre de l’Economie numérique, le premier combat que nous lui demanderons de mener c’est d’insister à ce que la SONATEL nous donne un bon réseau’’, lance M. Diop, avec un large sourire.

Amadou Sidibé qui est par ailleurs son voisin au quartier Mbour 3 plus particulièrement à Amitié Sofraco, le présente comme un ‘’bon père de famille’’. Monogame, père de quatre enfants, il accorde le même soin, à sa famille qu’à son travail, dit-il.

Très attaché à l’agriculture, il initie ses enfants aux travaux champêtres, témoigne-t-il. Ils s’y rendent souvent aux champs avec chevaux et ânes. Une manière dit-il de leur inculquer la valeur du travail, mais aussi de la nature qu’il chérit tant.

‘’Beaucoup de défis l’attendent sur le plan professionnel et politique’’, croit savoir Sidibé, qui indique lui avoir rappelé ceci, au lendemain de sa nomination : ‘’le succès n’est pas le titre ou la nomination, c’est ce que tu en fais’’.