Présidentielle ivoirienne: l’opposition en megameeting contre la candidature d’Alassane Ouattara

Longtemps divisée, l’opposition ivoirienne a tenu samedi un premier grand meeting attirant quelque 30.000 personnes au stade d’Abidjan pour présenter un front uni contre la candidature controversée du président Alassane Ouattara à un troisième mandat à la présidentielle du 31 octobre, a constaté un journaliste de l’AFP. 

 

« Toute l’opposition ivoirienne dit NON, NON, NON! », pouvait-on lire sur le podium du stade. Cette manifestation a rassemblé pour la première fois de nombreux leaders, de l’ancien président Henri Konan Bédié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, principal parti d’opposition) à des représentants des grands absents, l’ancien président Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle en Belgique, et l’ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro, en France et recherché par la justice ivoirienne.

L’ancien président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly ou les anciens ministres d’Alassane Ouattara, Abdallah Albert Mabri Toikeusse et Marcel Amon Tanoh, trois figures politiques dont les candidatures ont été rejetées par le conseil constitutionnel, étaient également là. Il y avait aussi les « frères ennemis » du Front populaire ivoirien (FPI) fondé par Laurent Gbagbo.

Le parti de l’ancien président est divisé depuis des années entre une tendance dirigée par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan et une autre, les « GOR (Gbagbo ou rien) de Assoa Adou, secrétaire général de la branche considérée comme historique. Celles-ci étaient jusqu’à présent irréconciliables.

Dans son discours, Henri Konan Bédié, a notamment appelé l’ONU à « se saisir du dossier ivoirien », pour mettre en place « un organe électoral véritablement indépendant et crédible ». M. Affi N’Guessan, également candidat à la présidentielle, a rappelé le mot d’ordre de « désobéissance civile » lancé par l’opposition et réclamé une « transition politique » en Côte d’Ivoire.

Le meeting était encadré par un important dispositif policier et le quartier du Plateau (quartier du pouvoir et des affaires) où se trouve le stade était fermé à la circulation routière. L’opposition s’est plaint de mesures visant à décourager les militants de se rendre au stade.

La crainte de violences électorales est forte en Côte d’Ivoire, dix ans après la crise poste électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts, après le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaitre sa défaite électorale face à Alassane Ouattara. Une quinzaine de personnes sont mortes en août dans des violences survenues dans le sillage de l’annonce de la candidature du président Ouattara.

Elu en 2010, réélu en 2015, M. Ouattara, 78 ans, avait annoncé en mars qu’il renonçait à briguer un troisième mandat, avant de changer d’avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. La constitution ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle Constitution de 2016, le compteur des mandats de M. Ouattara a été remis à zéro, ce que conteste l’opposition.

Le Conseil constitutionnel n’a validé que quatre des 44 candidatures. Outre celle de M. Ouattara, ont été acceptés celles de MM Bédié, Affi N »Guessan et de l’ancien député Kouadio Konan Bertin. Celles de MM. Gbagbo et Soro, présentées par des proches, ont été refusées.