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Que raconte le roman « Frère d’âme », inspiré des Tirailleurs, du Franco-Sénégalais David Diop, Goncourt des lycéens ?

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Avec son second roman, « Frère d’âme » (Seuil), l’écrivain franco-sénégalais David Diop a remporté jeudi le convoité Goncourt des lycéens.

<p>Le roman « Frères d'âme » a été choisi au 2e tour, par 5 voix sur 13, devant « Le Malheur du bas » (Albin Michel) d'Inès Bayard et « La Vraie Vie » d'Adeline Dieudonné (L'Iconoclaste).</p>

Le roman « Frères d’âme » a été choisi au 2e tour, par 5 voix sur 13, devant « Le Malheur du bas » (Albin Michel) d’Inès Bayard et « La Vraie Vie » d’Adeline Dieudonné (L’Iconoclaste).

Finaliste malheureux du Femina, du Médicis, du Goncourt et du Renaudot, David Diop était le seul auteur à figurer dans toutes les sélections des grands prix littéraires d’automne et le seul homme en lice pour le Goncourt des lycéens. Le romancier qui a grandi au Sénégal ressuscite dans Frère d’âme (Seuil) ces héros souvent oubliés de l’histoire de la Grande Guerre : les tirailleurs. C’est un roman sur la guerre parfaitement dans l’actualité au moment de célébrer l’Armistice du 11 Novembre à l’Arc de triomphe et le sacrifice de millions d’hommes. Et fait marquant, pour la première fois depuis sa création il y a trente ans, le Goncourt des lycéens s’est aussi ouvert à une classe de détenus.

Un roman sur la guerre…

Avec ce second roman (après L’Attraction universelle paru en 2012 à L’Harmattan) qui peut se lire comme un hommage aux quelque 200 000 Africains ayant combattu dans l’armée française durant la Première Guerre mondiale, David Diop expliquait récemment à un journaliste de l’AFP avoir voulu honorer les « jeunes gens qui n’avaient pas commencé à vivre ». « J’adore le poème Bleuet d’Apollinaire », confiait-il avant de citer de mémoire quelques vers : « Jeune homme de vingt ans qui a vu des choses si affreuses… Tu as absorbé la vie de ceux qui sont morts près de toi… Tu connais mieux la mort que la vie. »
 © AFP / JOEL SAGET
© AFP / JOEL SAGET

… inspiré par des lettres de poilus

Le narrateur, Alfa Ndiaye, est un tirailleur sénégalais. Lors d’un assaut, son compagnon d’armes et ami d’enfance, son « plus que frère », Mademba Diop est grièvement blessé. Il supplie son ami de l’achever, mais celui-ci ne peut s’y résoudre. L’histoire du livre raconte la tentative de rachat d’Alfa Ndiaye à l’égard de son compagnon, mort dans d’effroyables souffrances.

«  C’est en lisant un livre rassemblant des lettres de Poilus que m’est venue l’idée de ce roman », a raconté à l’AFP David Diop, 52 ans, maître de conférences en littérature du XVIIIe siècle à l’université de Pau. « J’ai cherché à savoir ce que les tirailleurs sénégalais, comme les Poilus, comme les Marocains ont dû ressentir face à ce que Blaise Cendras appelait la Grande Guerre usinière. » « J’ai voulu essayer de retrouver cette intimité poignante à l’œuvre dans ces lettres de Poilus en imaginant leurs pensées. Mon roman est un psychorécit », a-t-il ajouté.

« Par la vérité de Dieu »

Alfa Ndiaye n’est pas francophone. David Diop qui parle le wolof, une langue parlée dans l’ouest de l’Afrique, explique avoir « essayé d’adapter au français le rythme de cette langue ». De fait, le rythme des phrases s’apparente à un chant. « J’ai essayé de construire une langue qui reflète les pensées d’une personne qui pense dans une autre langue », explique David Diop.

La mort de Mademba a convaincu Alfa Ndiaye qu’il n’y a plus de lois. « Dans le monde d’avant, je n’aurais pas osé, mais dans le monde d’aujourd’hui, par la vérité de Dieu, je me suis permis l’impensable », explique le tirailleur sénégalais. Chaque soir, il sort seul de la tranchée pour s’infiltrer dans les rangs des ennemis « aux yeux bleus ». Il en tue un et lui tranche la main au coupe-coupe avant de rapporter son trophée dans sa tranchée.

Au début, ses supérieurs et ses camarades le félicitent pour sa bravoure. Mais au bout de la quatrième main, ils s’inquiètent. « À la septième main coupée, ils en ont eu assez », constate Alfa Ndiaye. Certes, comme le dit le capitaine, « les nègres sont des sauvages, des cannibales, des Zoulous », mais désormais on a peur d’Alfa, de sa folie. On le considère comme un « dévoreur d’âmes », un sorcier.

Jusqu’à la folie

Fou, Alfa Ndiaye l’est assurément. Mais que dire de la folie de cette guerre ? Lorsque des Poilus se révoltent contre les attaques incessantes et vaines imposées par leur capitaine, celui-ci choisit sept soldats au hasard, leur fait ligoter les mains dans le dos et les oblige à sortir de la tranchée sous le feu ennemi.

Renvoyé à l’arrière, Alfa Ndiaye se souviendra des derniers jours en Afrique. Cela donne des pages bouleversantes, du temps perdu de l’innocence. En partant à la guerre, il savait d’avance qu’il ne reviendrait jamais plus chez lui. C’est désormais dans l’esprit (même dérangé) qu’existe la seule possibilité de refuge.

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