Schizophrénie : ‘Non au Maroc dans la CEDEAO, oui à l’impossible Zone de Libre-Échange continentale’

L’ET DIT TÔT D’O.N.G – Les patronats des pays de l’Afrique de l’Ouest ont vite fait de monter aux rideaux pour crier au loup et protester contre l’arrivée annoncée du Maroc au sein de la CEDEAO. C’est bien parce que cette demande d’adhésion du royaume chérifien à la CEDEAO sera suivie d’effets concrets sur nos économies. Dont le premier sera la concurrence des produits marocains à ceux fabriqués dans les pays actuels concernés. Le Maroc est d’ailleurs déjà un des premiers investisseurs étrangers dans plusieurs pays de la CEDEAO, dont le Sénégal et le Mali ne sont pas les moindres.

Dans le même temps, les secteurs économiques de nos pays accueillent avec placidité la signature des accords portant mise en place de la  ZLEC, la Zone de Libre-Echange continentale. C’est bien parce que cette ZLEC a peu de chance d’exister avant quelques décennies,  en dehors du papier qui entérine sa création. La réalité ne se décrète pas.  Avant une zone de libre-échange continentale, il y a plusieurs préalables à régler. Le premier est celui de la monnaie. Dans les zones de libre- échange du monde, il faut une monnaie unique ou au moins une monnaie de référence. Ensuite, il faut régler la question de la libre circulation des personnes et des biens, même si cette dernière est souvent plus facile que celle des personnes. Plusieurs pays africains demandent des visas aux citoyens d’autres pays africains. Quand ces visas n’existent pas dans la législation, comme c’est le cas dans la CEDEAO, il suffit d’emprunter la voie terrestre afin de rallier un autre pays africain pour se rendre compte que les douaniers aux postes frontières ont une lecture personnelle de cette prétendue libre circulation des personnes et se donnent la prérogative de racketter les voyageurs africains, à la tête du client. Enfin, pour une zone de libre-échange à l’échelle du contiennent, encore faudrait-i des voies de circulation et des moyens de transports en commun à la portée de tous. Il n’y a pas d’autoroutes, ni de de voies ferrées, en tout cas pas suffisamment, à l’échelle de tout le continent, permettant de se déplacer comme l’on veut pour commercer.

Au total donc, la ZLEC est partie pour être un beau monstre du Loch Ness. Celui dont on est sûr qu’il existe mais que personne ne verra de sitôt. Et les entrepreneurs africains l’ont bien compris.