Sitôt libéré, Guy Marius Sagna renoue avec la diatribe contre le régime Sall et l’influence française

Tract – Une des figures de la récente contestation au Sénégal a renoué jeudi, sitôt sortie de prison, avec un discours farouchement hostile à la prédominance exercée selon elle par les intérêts français et européens et symbolisée par des groupes comme Auchan.

Guy Marius Sagna a aussi prononcé devant la presse une diatribe contre le président Macky Sall, l’accusant d’être au service de ses « maîtres impérialistes ».

Le chef de file du « Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine » est sorti de prison mercredi après avoir passé un mois en détention depuis son arrestation le 22 février en lien avec l’affaire Ousmane Sonko. Il a rappelé que c’était son troisième mandat de dépôt en moins de trois ans, sans compter une pléiade d’interpellations plus brèves.

M. Sagna et d’autres avaient été arrêtés parce qu’ils préparaient des manifestations de soutien à M. Sonko, principal opposant au président Sall.

M. Sonko est visé par une enquête pour viols présumés. Il a lui-même été arrêté le 3 mars. Cette arrestation a déclenché de graves troubles parmi une population exaspérée par les conditions de vie au temps du Covid-19.

La libération de M. Sonko, de M. Sagna et de tous les militants arrêtés depuis que l’affaire Sonko a éclaté en février a constitué un cri de ralliement de la contestation. Devant l’ampleur de celle-ci, différents acteurs politiques et religieux, à commencer par le président Sall, se sont employés depuis à la décrispation.

La décision de relâcher M. Sonko en le plaçant sous contrôle judiciaire, la libération depuis mercredi de M. Sagna et de plusieurs autres détenus passent pour des gages d’apaisement.

Durant un monologue de cent minutes en wolof et en français, M. Sagna a déclaré que « la lutte continue » et vilipendé le président, à la tête d’un Etat « néo-colonial » et « voyou ». Il a fustigé des institutions et une justice « manipulées » par une « bourgeoisie bureaucratique (et) parasitaire », une classe politique « vendue ».

Il a dénoncé l’affaire Sonko comme un « complot » visant à « liquider un candidat qui (à la présidentielle de 2019) a battu campagne sur des thèmes anti-impérialistes, panafricains, d’émancipation et de libération du Sénégal et de l’Afrique, en disant non au franc CFA, non aux accords de partenariat économique, non aux accords léonins avec le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale, avec l’Union européenne ».

« Plus que jamais, nous disons « GI’s Go Home+ (…), nous disons +armée française, hors d’Afrique+ (…), nous disons +bateaux de l’Union européenne, hors des mers d’Afrique » », a-t-il dit.

Il a défendu son mouvement contre le reproche d’être xénophobe ou anti-français, et d’être à l’origine des nombreuses attaques qui ont visé les enseignes françaises pendant la contestation, comme les magasins du géant de la distribution Auchan.

« Si l’objectif visé est de nous empêcher de dire « Auchan dégage+, +Carrefour dégage », et (de nous empêcher) d’affirmer sans ambage que nous préférons défendre les intérêts commerçants sénégalais plutôt que les intérêts des commerçants impérialistes, c’est aussi peine perdue », a-t-il dit.

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