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Statues des colonialistes : Pas à l’ordre du jour en RDC

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À chaque peuple ses priorités et ses combats ! C’est le moins qu’on puisse dire pour les Congolais. L’effet de contestation de masse contre le racisme et les discriminations qui secoue actuellement le monde, suite à la mort de George Floyd à Minneapolis, semble épargner – pour le moment – la RDC plus tournée vers ses défis : redressement de l’économie, la lutte contre ces deux virus mortels que sont Ebolo et Coronavirus. Le premier ayant d’ailleurs fortement éprouvé les populations, avec un bilan macabre hallucinant. La question du déboulonnement des statues des figures coloniales ne s’impose, même si le débat a commencé à prendre forme.

Les protestations antiracistes relancées après la mort de George Floyd aux mains de la police aux États-Unis ont donné lieu dans le monde au déboulonnage ou à la dégradation de plusieurs statues de personnalités controversées.
La statue de l’ex-roi des Belges Leopold II à Anvers, avec sa longue barbe et sa veste à épaulettes, a été vandalisée la semaine dernière, comme plusieurs autres en Belgique. Elle a été partiellement incendiée et recouverte de peinture rouge, symbolisant le sang versé par les Congolais, colonisés par les Belges.
Mardi, elle a été retirée d’un square pour être transportée dans les réserves d’un musée, où son état doit être « examiné ». Et une autre statue a été déboulonnée par des activistes dans la nuit de jeudi à vendredi dans la commune bruxelloise d’Auderghem.
Pour les auteurs de ces actes, Léopold II incarne la violence du système colonial au Congo (où le souverain n’a jamais mis les pieds) : travail forcé, châtiments corporels, mains coupées. « Il a tué plus de 10 millions de Congolais », a accusé le groupe belge Réparons l’Histoire.
La Belgique plus que la RDC face à son passé colonial
Rien de cela à Kinshasa, à l’approche du 60eanniversaire de l’indépendance de l’ex-Congo belge, le 30 juin. Sur les hauteurs de Kinshasa, dans un écrin de verdure et de paix, une statue du défunt roi des Belges Léopold II surplombe le fleuve Congo, loin de la vague de destruction des symboles coloniaux en Occident, qui laisse les Congolais de marbre.
Le monument à la mémoire du monarque belge, qui a fait du Congo sa propriété personnelle entre 1885 et 1908, trône à côté de celui de son successeur, Albert Ier, et du fondateur de Léopoldville (actuelle Kinshasa), l’explorateur britannique Henry Stanley.
Les figures de ce trio de l’histoire coloniale se trouvent à l’abri de l’agitation urbaine, derrière les hautes grilles du parc présidentiel du Mont-Ngaliema, belvédère naturel avec vue panoramique sur le fleuve entre « Kin » et Brazzaville, capitale de l’actuel Congo.
Ouvert au public, sous bonne garde des militaires, le parc abrite aussi un musée national ethnographique et les stèles à l’abandon d’un cimetière des « pionniers bâtisseurs du Congo belge ».
Le musée est fermé pour cause de coronavirus. Ses quelques agents présents ce mercredi ont à peine entendu parler des manifestations contre les effigies de Léopold II en Belgique.
« La statue de Léopold II, pour nous, ça reflète une histoire, une mémoire. C’est une référence pour nos enfants », avance José Batekele, directeur de collection au musée national.
« Si, en Belgique, ils estiment qu’ils doivent détruire les monuments, parce qu’il y a une forte diaspora africaine, nous en prenons acte. C’est une affaire belgo-belge qui ne nous concerne pas directement », affirme l’historien Isidore Ndaywel. « Au Congo, nous avons nos priorités, qui sont autres pour le moment », ajoute cette voix respectée de la société civile, qui cite les tueries dans l’Est et la corruption.
Les Congolais préoccupés par d’autres urgences
« Par rapport à Léopold II, on dira que c’est le passé, un passé qui a été traumatisant », commente Moïse Tangamo, un banquier croisé à Gombe, le centre économique de la capitale. Le jeune homme, interrogé par l’AFP, plaide pour l’enseignement de « ce qui s’est réellement passé pendant l’esclavage et la colonisation en Afrique en général ».
Haute de six mètres, la statue en bronze vert de Léopold II n’a pas toujours tranquillement toisé les environs du fleuve Congo depuis les collines du mont Ngaliema. Inaugurée en 1928 par Albert Ier, l’?uvre a d’abord été installée devant le palais de la Nation, actuel bâtiment de la présidence.
Le monument a été retiré en 1967 sur ordre du dictateur-maréchal Mobutu Sese Seko, au plus fort de sa politique du « retour à l’authenticité » africaine.
Oubliée pendant près de quarante ans, la statue est réapparue en plein centre-ville, sur le boulevard du 30-Juin, un beau matin de février 2005. Cette statue « fait partie de notre patrimoine. J’ai décidé de la réhabiliter, comme je le ferai pour d’autres », avait déclaré le ministre de la Culture de l’époque, Christophe Muzungu.
Un an auparavant, devant le Sénat belge, le tout jeune président congolais Joseph Kabila avait rendu un surprenant hommage aux missionnaires et fonctionnaires belges « qui crurent au rêve du roi Léopold II de bâtir, au centre de l’Afrique, un État ».
Mais la réhabilitation de la statue a été très brève : pour des raisons obscures, elle avait été redéboulonnée au bout de 24 heures.
« Franchement, on a des problèmes plus urgents à régler au Congo que de se demander si oui ou non la statue de Léopold a sa place ici », ironisait alors un jeune avocat interrogé par l’AFP. La statue a finalement rejoint les hauteurs du parc, réhabilité en 2010 avec l’aide de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco).
Les trois statues de Léopold II, Albert Ier et Stanley y voisinent avec une sculpture à la mémoire des soldats congolais de l’armée coloniale. « L’idée était de faire un musée en plein air », résume l’historien Isidore Ndaywel.

Tract.sn (avec média)

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