Le « cadre unitaire de l’islam » exige de participer au dialogue politique de Macky Sall

Dialogue politique ou dialogue national : quel est le nom du grand arbre à palabres organisé par le président Macky Sall le 28 mai? Les non-politiques penchent pour « Dialogue national ». Certains exigent d’y participer, a l’instar des islamistes de Cheikh Tidiane Sy, qui dirige le Cadre unitaire de l’Islam, association sénégalaise.  » un dialogue sans les religieix ne serait ni inclusif, ni efficace », déclare-t-il Voici les propos de Cheikh Tidiane Sy: 

Le Sénégal a toujours été un pays de dialogue comme le disait le Président Senghor et toutes les grandes crises politiques, sociales ou même entre les communautés religieuses, ont été réglées par le dialogue et souvent avec l’implication forte, visible ou non de nos guides religieux. Au-delà de l’implication du Cadre Unitaire de l’Islam, l’implication des religieux est une nécessité impérieuse pour rendre le dialogue inclusif mais surtout efficace.
Je tiens à rappeler qu’en dehors de l’appel du Chef de l’État, les sénégalais ont toujours dialogué et continueront de dialoguer sur les questions importantes de la vie de la nation, mais aussi en période de crise. Sur le plan historique, les chefs religieux ont toujours joué un rôle préventif, mais aussi curatif face aux problèmes qui surviennent entre différents groupes belligérants et surtout entre l’État et les acteurs politiques et sociaux. Dans le Sénégal précolonial, les acteurs religieux ont contribué à arbitrer et à modérer les conflits (rôle de kadi ou de guide spirituel) d’où les concessions foncières qui leur étaient souvent accordées. Avant les indépendances, Seydi El Hadj Malick Sy a joué plusieurs missions de bons offices entre l’État colonial et les populations. On se rappelle de l’histoire du refus des guet-ndariens de se vacciner contre la fièvre jaune et l’ordre donné par le Gouverneur de brûler le quartier. Son intervention a été décisive dans le dénouement de cette crise. De manière plus large, l’histoire de notre pays est jalonnée d’exemples de l’intervention des religieux de toutes obédiences pour réguler la société à titre préventif, mais aussi pour arriver à bout des crises ouvertes entre partis politiques, syndicats, etc… N’oublions pas, également, que les chefs religieux ont depuis toujours conseillé et soutenu les hommes politiques sénégalais, contribuant à construire cette démocratie relativement apaisée que nous connaissons. 
En lançant un appel au dialogue national, le Chef de l’État invite implicitement les religieux dont le rôle dans la régulation sociale est reconnu et légitimé par les populations qui se reconnaissent en eux et les suivent. Vous pouvez constater qu’à chaque fois que le pays traverse des moments difficiles, les populations demandent l’intervention des religieux (Serigne si nagnou thi wakh). Toutefois, la participation des chefs religieux dans le débat public les expose souvent à des critiques qui peuvent nuire à leur image et produire l’effet contraire de la régulation recherchée, d’où la nécessité de repenser leur implication dans le jeu social face à une société en pleine mutation. En effet, de nouveaux systèmes de valeurs et des supports de communication plus performants et moins maitrisés que les supports classiques peuvent élargir les distances entre l’élite religieuse et la base sociale. 
Le Cadre Unitaire se positionne en sentinelle de la préservation des acquis de notre nation qui font que l’exception sénégalaise continue d’épater et d’inspirer à travers le monde.