Par Cheikhou Oumar Sy *
Capitale malienne, en ce mois de mars. 42 degrés à l’ombre. Bamako montre le visage d’une ville qui se meut difficilement sous une chaleur insoutenable. Automobilistes et motocyclistes traversent les trois ponts qui relient les deux côtés du fleuve en essayant de surmonter la torpeur qui les assaillent. A 4 mois des élections présidentielles, la classe politique malienne est dans une hébétude qui renseigne sur ses craintes quand à une possible non-tenue de ces joutes politiques suprêmes, qui désigneront le prochain locataire du palais de Koulouba. L’ambiance reste morose et le débat, même s’il est présent ça et là, est absent malgré la rémanence d’enjeux tout aussi importants les uns que les autres pour la stabilité de la sous- région.
Les effets pervers de la rébellion au Nord du Mali, la présence provisoirement permanente de la Minusma combinée à une situation économique léthargique sont à l’origine d’une indécision totale de la classe politique malienne.
Faudra t- il tenir les élections au risque de déstabiliser le pays ? Telle est la question qui traverse l’esprit de la plupart des citoyens. Il est certes clair que maintenir le président actuel, IBK, ne sera pas chose aisée pour ses partisans. Des leaders politiques tels que Ismail Cisse, Moussa Mara et autres ne lui faciliteront point la tâche. IBK saura t- Il convaincre les Maliens qu’il lui faut un deuxième mandat pour stabiliser le pays ? Pourra –t-il compter sur ses.pairs de la sous-région pour arriver à asseoir un consensus autour de sa personne ? Le Président Keïta devra manoeuvrer délicatement le virage des élections présidentielles, au risque, sinon, de voir le Mali (re)vivre des lendemains difficiles.
Le bref retour D’ATT et sa réhabilitation par l »actuel président : des signes qui peuvent être interprétés sous différents angles.
Il est évident que l’ancien président ATT reste très populaire au Mali. Est-il possible qu’il se présente pour les échéances électorales, afin de peser de tout son poids sur la nouvelle marche à donner à un pays qui en a bien besoin? Soutiendra-t-il IBK ou un autre candidat de son choix ? . Personne à Bamako ne détient la réponse. Son retour à Dakar est un repli stratégique qui pourra lui servir comme le joker qui décidera de l’avenir du Mali.
Les élections sont certes la manière la plus démocratique pour élire un président. Mais avec les enjeux sécuritaires que vit la sous-région, il faudra peut-être un dénouement politique encore inconnu, pour choisir la personnalité consensuelle qui pourra redonner aux citoyens maliens la perception que le pays se dirige vers une gouvernance inclusive et transparente.
Transcender les ambitions crypto-personnelles sera décisif pour les élections à venir et cela dépendra de la capacité de la classe politique malienne à se retrouver autour de l’essentiel.
L’ex PM quarantenaire Moussa Mara, qui a cessé toute activité professionnelle depuis deux ans pour se consacrer à sa campagne politique, est un candidat sérieux. Mais pourra t- il rallier tous les autres acteurs politiques à sa cause ? Ismaila Cissé, aussi, garde ses chances intactes, au vu de son expérience et de son réseau très dense au niveau de la sous-région. Est-il envisageable qu’il y ait une jonction alliance entre les deux. Possible. Comme on le voit, la prochaine présidentielle malienne est une équation à multiples inconnues. Le déclic, sans aucun doute, pourrait venir de Dakar, avec ATT qui a une belle carte à jouer en tant qu’arbitre des élégances maliennes.
* Ancien Député à l’Assemblée Nationale du Sénégal
Président de l’Observatoire de Suivi des Indicateurs de Développement Économique en Afrique (OSIDEA)
PDG du cabinet Synequanone and Partners