[Ze Koronik N°4 – HOMO GALSENSIS]  ‘Wolof’Hollywood : Ou quand Marème Dial revient en force et que Marodi goûte au Graal netflixien …’ (Par Doc Gynéco)

Avec ses jeux d'émaux et ses mots d'émoi, Doc Gynéco soigne nos maux et émois, et met du baume à nos bobos...
Tract – Bon. Vous le savez (ou pas). Votre esclave dévouée, jadis journaliste est Coach (avec « C » majuscule) en Mieux-Être depuis 2010. En tant que coach, mon travail est donc d’accompagner les personnes sur le chemin de l’harmonie et du développement personnel, sachant que charité bien ordonnée commence par soi-même…
Je suis donc dans l’obligation incontournable de procéder avant toute chose, à l’observation, la réflexion, l’introspection, la remise en question et le travail sur soi qui sied à tout coach en mieux-être…
Et c’est là que le bât blesse. Parce que, oui, aujourd’hui je vais vous l’avouer : je suis pétrifiée de jalousie, je répète, je me consume littéralement de jalousie. L’aigreur et l’amertume qui m’habitent, n’ont d’égal le sentiment extrême de frustration et d’envie qui me rongent lorsque je me pose devant une série sénégalaise…
Petit flashback. Nous sommes en 1994, je viens d’avoir le bac et je suis inscrite au département de philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Un chouïa désœuvrée et déçue de voir qu’il n’y a pas grand chose en commun entre mes cours passionnants de terminale A3C à Yalla Suuren, dispensé par Monsieur Macodou Diop et la foultitude de cours magistraux que je dois ingurgiter du matin au soir… Mon prof de terminale me faisait rêver… Mes professeurs à la fac me confirment que j’adore réfléchir mais me mettent le doute : ai-je vraiment envie de devenir professeur de philosophie ? Vais-je passer le cap de cette première année ? Miroir, mon beau miroir …
Bref…
Au milieu de ce trop plein de philosophie, mes pas vont me porter vers le département voisin, celui de lettres modernes. Je rencontre le chef du département de l’époque, nous échangeons. Quelques discussions agréables. Il me parle de théâtre, je réponds passionnément… Il n’en faut pas plus pour me retrouver membre de l’Atelier des recherches et pratiques théâtrales, animé par le coupme Jacqueline et Lucien Lemoine. J’y resterai 3 ans. Assez pour découvrir les plaisirs de l’improvisation, de la narration. Assez pour ne jamais oublier la bienveillance extrême de Lucien, sa diction extraordinaire, son jeu d’acteur tellement balsamique et les conseils avisés de Jacqueline, sa douceur et la nostalgie de sa terre : Haïti.
À l’occasion du 300ème anniversaire de la mort de Jean de La Fontaine, nous avions donné une représentation au Centre culturel français de Dakar. Je n’oublierai pas ce moment magique ou la « Scène » fut toute à moi et où je récitais à ma manière et avec énormément d’humour « le Corbeau et le Renard ». J’aimais déjà beaucoup la comédie lorsque j’étais à l’école j’étais connue et reconnue pour mes talents de clown et d’agitatrice, mais là je me découvrais une vraie passion pour la scène, le jeu d’acteur et quelques années plus tard le cinéma.
La rencontre avec certaines personnalités du cinéma africain, Cheikh Oumar Sissoko, Moctar Ba, William Ousmane Mbaye, Saint-Pierre Yaméogo, Moussa Sène Absa, entre autres, allaient me permettre pendant quelques années de jouer dans plusieurs films. Et, si au début, je me pris au jeu en rêvant d’une carrière et de tapis rouge à Cannes, au bout de quelques années, je dus me rendre à l’évidence : l’industrie cinématographique sénégalaise avait besoin d’un grand coup de pied aux fesses et ce n’était pas demain la veille que j’allais faire carrière. Je retournai donc fatalement à mes premières amours, la télé, la radio et plus tard le Mieux-être et le coaching.
Alors oui, bilaye walaye, je suis jalouse lorsque je visionnai le premier épisode de « Maîtresse d’un homme marié », la série était sortie depuis plus d’un an. Je faisais genre : une énième série… Et puis, force est de constater que les commentaires et les critiques m’ont finalement, réellement donné envie de me pencher sur ce nouveau bébé du 7e art sénégalais. Et voilà. Voilà comment j’allais découvrir Mareme Dial, mais aussi Dialika et Birane et tout l’univers de la série. Sans oublier les talents de productrice, de rapporteuse d’histoire de Kalista Sy … Alors forcément je me suis dit : « Bordel de merde, je ne suis jamais au bon endroit au bon moment ! »

Puis sont arrivés « Karma », « Infidèles », « l’Or de Sabodala »… et j’ai commencé à me régaler. À me passionner pour ces histoires, pour ces tranches de vie… À me promettre que « ce soir, juste deux épisodes ! » et lever les yeux de mon téléphone alors que les premiers rayons du soleil faisaient leur apparition… En un mot comme en cent, je suis devenue accro, addict aux séries sénégalaises contemporaines … En réalité, peu importe les fautes de langage, les erreurs de script, les problèmes de son ou d’éclairage… j’étais juste fasciné comme une petite fille devant un sapin de Noël. J’étais fascinée mais surtout j’étais enthousiaste. Heureuse…
Je regarde cette brochette d’acteurs d’actrices, de comédiens de comédiennes… je les regarde rire, je les regarde pleurer, je les regarde jouer avec leur tripes… je les regarde mêler sans complexe aucun, le français au wolof. Je les regarde danser, je les regarde mimer des scènes d’amour, de viol. Je les regarde, crier, pleurer, feindre la dépression, la fausse couche, le suicide et je me régale…
Alors oui j’ai été jalouse ! j’étais jalouse de ne pas pouvoir participer à cette magnifique aventure… j’étais tellement envieuse .. Tous ceux et celles qui ont connu le cinéma des années 90/ 2000 ne peuvent que se réjouir…
Je me suis dit, il aura fallu attendre presque 20 ans pour voir ça. Pour voir Halima Gadji jouer un rôle à la perfection. Tellement à la perfection qu’ il lui est arrivée de se faire agresser dans la rue, de se faire insulter, de se faire traiter de tous les noms… Il aura fallu attendre presque autant pour voir une scène de viol conjugale tellement réaliste qu’elle m’en a tiré les larmes… J’aime ce que je vois, je suis fière de tous ces réalisateurs, de tous ces comédiens, de tous ces scripts, de tous ces techniciens et tous ces gens qui ont continué d’y croire pendant que certains comme moi ont pu choisir de quitter le navire parce qu’ils ne trouvaient plus l’épanouissement …
J’en ai rêvé de cette carrière au cinéma et de voir toute cette jeunesse le réaliser me met du baume au cœur … De voir « Marème Dial alias Halima Gadji revenir au Sénégal après tout ce qui lui est arrivé, de la voir s’ouvrir sur sa maladie mentale me met du baume au cœur …
Petit bémol cette nouvelle série sur l’histoire de Casamance, qui à mes yeux aurait été une occasion de montrer que notre pays est une vraie démocratie et qui malheureusement est interdite de diffusion pour de sombres histoires d’autorisation. Qui se sent morveux se mouchera toujours. Car lorsque l’on à rien à se reprocher, on laisse les gens s’exprimer… Une chose est sûre : les fils de la verte Casamance resteront les fils de la verte Casamance, on ne pourra leur enlever ni leur vécu, ni ce qui leur revient de droit … L’histoire, la légitimité, et la reconnaissance… Et que certains veuillent la raconter, cette histoire je ne vois vraiment pas où est le problème…
Ils sont donc nombreux ceux qui disent que les séries influencent négativement la jeunesse. S’ils savaient ! Je sais, mes lecteurs adorés: cette chronique à un petit goût de sérieux mais le sujet le vaut bien… Parce que ce que l’on montre dans les séries,c’est tout simplement ce que tout le monde sait, mais n’ose pas s’avouer. La précision s’impose …
Le viol, l’inceste, la pédophilie, la pornographie ,la masturbation, la drogue, l’alcoolisme, la corruption, le clientélisme, la polygamie… Autant de délices que l’on peut trouver sous nos baobabs. Alors même si les séries ne plaisent pas à tous, et qu’elles savent aussi mettre en valeur nos qualités, nos valeurs, nos beaux paysages, et de jeunes pépites musicales au talent indéniable, elles contribuent néanmoins et également à mettre en lumière les dérives de notre société… Bien sûr qu’il n’y a pas que ça, mais comme je le dis toujours dans mes coachings, ce n’est pas le positif qui pose problème, c’est bien le négatif. Ce ne sont pas les qualités qui posent problème, mais bien les dysfonctionnements … Ce ne sont pas les zones de lumière qui font qu’un peuple part à la dérive mais bien les zones d’ombre alors merci merci à Galsenwood, Wolof’Hollywood…
Vivement que l’on atteigne l’autre bord !
Et je terminerai en disant que nous sommes apparemment sur la bonne voie : Marodi vient de négocier la diffusion de « Maîtresse d’un homme marié » sur Netflix…
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