[2024] Idrissa Seck prend à deux mains son destin présidentiel; bombe à retardement pour Macky ?

Idrissa Seck : Être élu en février 2024 n'est certainement pas à bout de bras pour Idy. Mais il tente sa chance et la serre contre son coeur, afin d'aller au devant d'un destin jusqu'ici jaloux.

Tract – Depuis quelque temps le panaché «mburu ak soow» est devenu acariâtre au point de rester en travers de la gorge de ses principaux concepteurs. Et l’idylle à l’eau de rose débutée après la présidentielle de 2019 entre le chef de l’Etat, Macky Sall et celui arrivé second lors de ce scrutin, Idrissa Seck, de virer au goût de soufre. Il faut dire que beaucoup d’eau ou de « soow » a coulé sous les ponts. Car les conventions, protocoles et engagements d’hier ont considérablement évolué. Pour comprendre véritablement les positions tranchées du leader de Rewmi, un regard sur le rétroviseur ne serait pas dépourvu d’intérêt, juge, constate et relate le quotidien Le Témoin de ce jour, jeudi 6 avril 2023, sous la plume de son journaliste Amadou Ly Diome. Article que Tract vous propose ici. 

Dans la soirée du scrutin présidentiel de 2019, les premières tendances lourdes indiquaient l’impossibilité pour l’un des cing candidats en lice de passer au premier tour. Les candidats du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) Issa Sall et de la coalition « Madické-2019 », Madické Niang, pour lesquels les dés étaient déjà jetés, reconnaissent rapidement leur défaite et décident de se ranger, au second tour, derrière le candidat le mieux placé de l’opposition. Et ces deux candidats de l’opposition, c’était Idrissa Seck de Rewmi et Ousmane Sonko de Pastef. D’ailleurs, les deux avaient organisé une conférence de presse commune pour s’inscrire dans la logique d’un second tour «né-vitable», à leurs yeux. Le Premier ministre d’alors, Mouhamed Abdallah Boun Dionne s’était, pour sa part, empressé sur les écrans de la télévision nationale d’annoncer prématurément la réélection du président sortant Macky Sall dès le premier tour avec plus de 57% des suffrages.

Le protocole de…Touba

La tension était palpable entre les deux camps qui se regardaient en chiens de faïence et le peuple prêt à en découdre pour empêcher une quelconque confiscation de la volonté populaire. C’est dans ce contexte, pour décrisper la tension après la proclamation des résultats officiels du scrutin, que le leader de la coalition Idy2024, aurait ac-cepté, en intelligence avec de hautes autorités dans la ville sainte de Touba, de ne pas introduire de recours et de signer un pacte avec Macky Sall qui exercerait alors son deuxième et dernier mandat. En somme, le ndigel de Touba préconisait que Macky Sall et Idrissa Seck fument le calumet de la paix et se passent le témoin en 2024. Et c’est fort de ce ndigël validé par la France, que Idrissa Seck, arrive pourtant 2° du scrutin, est resté en retrait des tracasseries de la période post-électorale avant d’officialiser en 2021 son idylle «mburu ak soow» avec Macky Sall. Et jusque là, l’espoir est permis !

Évolutions des discours des uns et des autres

Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et le discours des uns et des autres a considérablement évolué. Le Président Macky Sall qui avait juré la main sur le cœur, qu’il exerçait son deuxième et dernier mandat (2019-2024) conformément aux dispositions constitutionnelles en vigueur, a adopté depuis lors une position de ni oui ni non et relancé le débat sur une éventuelle troisième candidature en 2024. Ses partisans qui abondent dans le sens de cette troisième candidature sont promus ou confortés dans leurs stations, les autres qui rament à contre-courant sont tout simplement guillotinés, sans autre forme de procès. Idrissa Seck en renard politique qui a flairé l’évolution du discours de son vis-à-vis a ainsi, selon nos sources, pris son bâton de pèlerin pour rappeler moult fois à Macky Sall son engagement de 2019 et sa volonté à lui de briguer la magistrature suprême du pays même s’il avait soutenu publiquement vouloir mettre un terme à sa carrière politique à l’âge de 63 ans. Pour toujours pousser le Président Macky Sall vers la sortie, Idrissa Seck y était même allé de sa prière. «Que le Seigneur continue d’apaiser votre cœur, de fortifier votre esprit pour que les choix futurs que vous aurez à faire puissent vous valoir un parachèvement de votre parcours déjà exceptionnel d’une telle beauté qu’il n’aura pas d’autre choix que de vous garantir, après une longue et heureuse vie auprès des vôtres, une mention honorable sur les langues de la postérité», avait énigmatiquement posté l’ancien maire de Thiés.

Interpellé sur son silence assourdissant par « Le Témoin » quotidien sur les émeutes des 15 et 16 mars 2023, le président du Conseil économique social et environnemental (CESE) avait ainsi annoncé un point de presse dans la foulée avant de surseoir à cet exercice renvoyé après les festivités de la fête de l’indépendance du Sénégal. En interne, le patron de Rewmi a continué à sensibiliser ses lieutenants sur sa candidature tout en les sommant de se démarquer du débat sur une troisième candidature de Macky Sall. Le ministre des Sports Yankhoba Diattara et non moins vice-président de Rewmi qui a franchi le rubicond le 4 avril dernier sur le plateau de Sen TV en légitimant une troisième candidature de Macky Sall a été aussitôt destitué par Idrissa Seck. Un Idrissa Seck plus que jamais déterminé à prendre son destin « présidentiel » en main.

Une rupture lourde de danger pour…Macky Sall

Contrairement à ce d’aucuns qui assimilent Idrissa Seck à un tonneau vide, pourraient penser, cette rupture entre «Mburu Ak Soow» peut avoir des conséquences fã-cheuses pour le président de la République Macky Sall. En effet, depuis l’officialisation de leur idylle, le patron de Rewmi est au fait de tout ce qui se trame au palais de la Répu-blique. Mieux, il est régulièrement consulté par Macky Sall lui-même qui entend par cet acte consolider leur entente, sur diverses questions essentielles. Et le président Abdoulaye Wade qui avait assimilé son fils putatif à un serpent venimeux renseigne sur les capacités de «Ngorsi» à saisir les bonnes opportunités en politique. Idrissa Seck, las d’attendre que Macky Sall se retire de la course à la présidentielle du 25 février 2024 et lui donne des moyens pour assurer le passage de témoin, peut se révéler très dangereux pour Macky Sall dont il garde beaucoup de secrets.

Des lieutenants aux aguets ?

Comme son mentor Abdoulaye Wade, le président de Rewmi excelle aussi dans l’art de se défaire de ses lieutenants. Sans pour autant se comporter comme ce personnage de la mythologie grecque qui dévorait ses propres enfants, Idrissa Seck garde, pour sa part, un bon œil sur «sa progéniture» qu’il sait dénicher avec une maestria certaine. De Oumar Sarr à Youssou Diagne, en passant par Awa Guèye Kébé, Oumar Gueye, Thierno Boucoum, Dr Abdourahmane Diouf, Déthié Fall et Yankhoba Diattara, ces lieutenants ont connu des fortunes diverses à Rewmi. Si certains ont cédé aux sirènes du pouvoir pour lui fausser compagnie, d’autres ont quitté justement pour des questions de principe. Et ces lieutenants, de véritables matières grises, font la pluie et le beau temps dans certains états-majors politiques de la place et la candidature déclarée de leur ex-mentor à la présidentielle de 2024 pourrait les inciter à prendre faits et cause pour lui et de poursuivre l’aventure qui pourrait les mener à la magistrature suprême du pays. Idrissa Seck, cinquième président de la République est un vœu pieu de l’intéressé et au vu du contexte actuel avec la mise à l’écart programmée de Ousmane Sonko de la course présidentielle, ils pourraient être tentés de l’accompagner à aller chercher la Coupe du monde dans 4 ans.

Tract.sn

Tract