Tract – Dans la dernière année du précédent régime Sall, Touba avait banni tout bureau de vote de sa superficie. A cette occasion, j’avais dit publiquement que Touba chassait les bureaux de vote pour mieux préserver la République. Mieux garantir le modèle endogène de République qui est le nôtre. Celui où le pouvoir temporel, fût-il le plus élevé, ne saura jamais avoir la suprématie sur le pouvoir spirituel, lequel est notamment représenté par les khalifes généraux des deux principales confréries en nombre de disciples (la mouridiyya et ma tidjaniyya) et par le chef de l’église catholique de notre minorité chrétienne de 5% d’habitants qui ont strictement les mêmes droits et prérogatives que les 95% de musulmans que compte le Sénégal. Une République où la laïcité n’est pas la simple tolérance de tous les cultes religieux avec prééminence du pouvoir politique sur eux et oeur Organisation, comme à la mode française, mais bien la protection des religions révélées et la prééminence de leur modèle de vie et principes sur tout code civil, fût-il légalement voté par les députés.

Aussi, je me réjouis de cette première sortie officielle d’hier lundi 15 avril, réservée par le Président B. Diomaye Faye à Touba et à Tivaouane. Touba où le chef de l’État a marché pieds nus, a baisé la main offerte de Serigne Bassirou Moutakha Mbacké, ses assis à ses pieds et a rappelé qu’il venait en « fils et disciple ». Tout comme à Tivaouane où le Président a baisé la main droite du Khalife Serigne Babacar Sy Mansour. Tout cela est rassurant : car nous Sénégalais croyons avec ferveur à ce que je nomme le « talibéship ». De Talibé Layénne à Talibé Yéssu Christa, en passant par ceux de toutes les confréries musulmanes. Oui, le Président Faye nous rassure de ce qu’a la « rupture systémique » sur laquelle il a fait campagne et a été élu ne sera pas le fourrier de toutes les agressions contre le cœur de « notre système » : c’est-a-dire la notion de kiliftéf. Au Sénégal, nous ne faisons point confiance à un Kilifa qui n’a pas lui-même de Kilifa, qui puisse le circonvenir et réfréner chez lui tous risques d’ardeurs hégémoniques. Et cela est fort heureux. Vive la République, dans la coexistence harmonieuse avec le spirituel, spirituel sans lequel la vie ne serait que ruine des âmes.

Ousseynou Nar Gueye

Fondateur-éditeur de Tract

Directeur Général d’Axes & Cibles Com