[BILLET] ‘Halte à la dictature de la culture arachidière’ (Par Bamba Kassé, SG SYNPICS)

Bamba Kassé, SG du SYNPICS
De l’arachide ! D’abord je ne ferai jamais de l’arachide. Ou si je dois en faire, ce sera pour une consommation personnelle ou pour une transformation. Sinon je ne vois pas à quoi ça sert de cultiver cet oléagineux, de perdre 4 mois à stresser et ensuite de le vendre à un prix dérisoire.
Oui ! Le prix de 280 francs CFA (prix plancher c’est-à-dire prix minimum) n’a se sens que si l’Etat veut protéger les producteurs face aux acheteurs locaux..y compris l’industriel local qu’est la Sonacos. Mais voilà ! La Sonacos ne peut acheter et triturer qu’aux alentours de 25 000 tonnes. Alors si on a des productions qui frisent le million de tonnes, à quoi bon fixer un prix plancher ?
La Sonacos doit être protégée me dira-t-on. Ok ! Elle n’a qu’à faire comme la CSS et cultiver elle même ses graines. Point à la ligne !
Alors pour en revenir à l’arachide, après discussions avec des producteurs, je pense qu’il faut casser le paradigme. L’arachide ne sert plus à grand chose pour l’agriculteur sénégalais ! Quel que soit le prix d’achat fixé ! C’est impertinent que l’Etat du Sénégal perde autant d’argent à subventionner une culture, qui, au final sert plus à la Chine.
Soit l’agriculteur sénégalais (je n’aime pas le terme « Paysan ») considère que le produit fini (graine et foin) lui rapportera assez et donc investit son temps, son énergie et ses ressources pour l’achat de semences et d’engrais ou bien il considère que ça ne vaut pas la peine et à la place de l’arachide il peut produire d’autres variétés.
A ce moment, laissez faire la loi du marché. Peut être que le kilo coûtera 1500 frs ? Qui sait ?
Entre vendre 1 kilo d’arachide entre 350 et 500 frs et s’organiser pour presser la graine ou la transformer en pâte cuite, le choix doit être vite fait pour ceux qui en produise.
Rappelons que l’arachide a été introduite par le Colon…qui en retour produisait de l’huile et avait besoin de cette matière première.
En 2023 non seulement l’huile peut provenir d’autres variétés végétales, mais sa consommation est de plus en plus réduite du fait des ravages dans la santé publique.
Les agriculteurs sénégalais doivent accepter de faire d’autres variétés, vivrières pour la plupart s’ils veulent inverser cette tendance de Golo di Baye Baboune Doundé. Parce qu’en définitive, ceux qui réellement vivent de l’arachide s’habillent en costume cravate et conduisent des pick-up.
Ps : lorsque même la production et la vente du Thiaaf échappent aux Sénégalais…