Classement mondial: la liberté de la presse jugée «problématique» au Sénégal (73e)

SENtract – Le Sénégal occupe la 73e place, sur 180 pays, du nouveau classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, perdant 24 places par rapport à l’année dernière. 

 

Ce classement, édition 2022, est dominé par la Norvège, le Danemark et la Suède, dans un contexte marqué par « une double polarisation, amplifiée par le chaos informationnel : polarisation des médias entraînant des fractures à l’intérieur des pays et la polarisation entre les États sur le plan international ».

Les Seychelles, pays africain le mieux noté de ce classement, occupe la 13e place et est crédité d’une situation « plutôt bonne » en matière de liberté de la presse, de même que la Namibie (18e), l’Afrique du Sud (35e), le Cap-Vert (36e), la Côte d’Ivoire (37e), le Burkina Faso (41e), la Sierra-Leone (46e).

La situation de la liberté de la presse est par contre jugée « problématique », rapporte l’APS, en Gambie (50e), au Niger (59e), au Ghana (60e), à Maurice (64e) et au Kenya (69e), ainsi qu’au Sénégal, qui devance cependant au classement le Liberia (75e), le Malawi (80e), les Comores (83e), la Guinée (84e) et le Lesotho, à la 88e place d’un classement qui place dont la Corée du Nord est le dernier élève.

Reporters sans frontières souligne que plus généralement, la liberté de l’information « revêt plusieurs visages » en Afrique, « où coexistent à la fois la presse foisonnante du Sénégal (73e du Classement) ou d’Afrique du Sud (35e) et le silence assourdissant des médias privés en Érythrée (179e) ou à Djibouti (164e) ».

« Malgré une vague de libéralisation dans les années 1990, on assiste encore trop souvent à des pratiques arbitraires de censure, notamment sur Internet avec des coupures ponctuelles du réseau dans certains pays, des arrestations de journalistes et des atteintes violentes. Celles-ci se déroulent très souvent dans la plus grande impunité, comme l’illustre la disparition du journaliste malien Birama Touré en 2016, dont RSF a démontré qu’il avait été enlevé par les services de renseignement de son pays et probablement tué lors de sa détention au secret », peut-on lire.

« Ces dernières années, la multiplication de lois répressives criminalisant le journalisme en ligne est venue porter un nouveau coup au droit à l’information’’, analyse Reporters sans frontières, ONG de défense de la liberté de la presse.

Elle relève que dans le même temps, « la prolifération des rumeurs, de la propagande et de la désinformation a contribué à affaiblir le journalisme et l’accès à une information de qualité ».

« Souvent peu soutenus d’un point de vue institutionnel et encore largement dépendants des diktats éditoriaux de leurs propriétaires, les médias africains peinent à développer des modèles soutenables et durables », fait observer l’ONG.

« Longtemps étouffés sous la dictature, des pays comme l’Angola (99e), le Zimbabwe (137e) ou l’Éthiopie (114e) ont connu une ouverture plus ou moins importante de leur espace médiatique mais, dans la plupart des cas, la répression des voix dissidentes demeure », note-t-elle, ajoutant que dans le Sahel, « l’insécurité et l’instabilité politique ont fortement progressé et le journalisme y est, ces derniers temps, attaqué de manière spectaculaire ».

Reporters sans frontières rappelle à cet effet qu’en 2021, deux journalistes espagnols ont été tués au Burkina Faso (41e). De même, le reporter français Olivier Dubois a été enlevé par un groupe armé au Mali (111e) et plusieurs journalistes ont été expulsés du Bénin (121e), du Mali ou du Burkina Faso.