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Comment Idrissa Seck s’est remis au centre du jeu politique et a cassé la bipolarité Macky-Sonko

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Tract – Resté discret, presque effacé de la scène politique depuis son ralliement au camp présidentiel ponctué par sa nomination à la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese) en 2020, Idrissa Seck est revenu au cœur du débat politique, depuis plusieurs jours. L’ex-maire de Thiès, qui a annoncé sa candidature pour 2024, se retrouve au centre du jeu, semblant jouer de son alliance avec le président Macky Sall et de sa proximité retrouvée avec son principal opposant Ousmane Sonko, pour s’imposer comme un acteur clé, en vue de la Présidentielle de 2024.

Idrissa Seck est revenu au centre du jeu politique sénégalais, à la vitesse de l’éclair, après quelques tours de passe-passe dont il a le secret. Car l’homme est un animal politique. Entre une conférence de presse annulée (27 mars), des messages ambigus adressés à ses militants, puis une sortie tonitruante, vendredi 14 avril dernier dans son fief à Thiès, l’ancien Premier ministre a savamment mêlé rhétorique envoûtante, louanges et critiques subtiles de la gestion du chef de l’État Macky Sall, puis fracasser celle de son prédécesseur Abdoulaye Wade. Non sans oublier de rappeler sa candidature pour la Présidentielle de 2024 et le fait que la limitation des mandats est un principe inaliénable de notre Constitution.

Très en verve, l’ex-maire de Thiès est aussi revenu, lors de cette conférence de presse, sur sa rencontre matinale avec l’opposant Ousmane Sonko, le 27 mars dernier, avant le jugement en première instance de son procès en diffamation intenté par Mame Mbaye Niang.

Cette sortie a fait sortir de leurs gonds des cadres de l’APR, comme Oumar Youm, président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY) et Abdoulaye Diouf Sarr, ancien ministre de la Santé.

Ces tirs de barrage de “poids plumes” de la majorité semblent sonner creux dans la galaxie de la majorité présidentielle. Or, dans le même temps, l’ancien directeur de campagne de Wade en 2000 a invité tous les responsables de Rewmi à ne pas réagir aux attaques des responsables de la coalition BBY, sauf en cas de déclaration du président de la coalition ou de son directeur de cabinet Abdoulaye Daouda Diallo, indique le quotidien Enquête dans ses colonnes.

D’ailleurs, le dernier communiqué du Secrétariat exécutif permanent de Benno Bokk Yaakaar, du 18 avril 2023, s’est bien gardé de ‘’condamner’’ les déclarations d’Idrissa Seck, se contentant de ‘’regretter que de telles décisions aussi importantes aient été prises par des leaders de la coalition, sans discussion préalable en son sein’’ et de la nécessité d’une candidature unique pour toute la coalition (voir ailleurs).

Ce recadrage un peu trop ‘’soft’’ semble présager, selon plusieurs acteurs, de pourparlers intenses entre le chef de l’État et le président de Rewmi.

D’ailleurs, Idrissa Seck a pris acte de ce texte, avant de jouer la carte de l’apaisement. Il invite ‘’tous les membres de la coalition BBY à montrer davantage de sérénité, d’unité et de solidarité dans l’attente des prochaines échéances électorales de 2024’’.

À l’évidence, la machine à broyer du détracteur ou de l’indésirable, à l’image de la violente campagne de dénigrement qui a eu raison d’Aminata Touré, n’a pas été mise en branle.

Idy-Macky : un jeu de dupes bien orchestré ?

Selon plusieurs informations, la réaction timide de l’APR, qui ne cible pas frontalement Idrissa Seck, semble plus apparaître comme une bataille de positionnement pour un éventuel départ d’Idrissa Seck de son poste de président du Cese que d’une réelle volonté de bousculer l’ancien président départemental de Thiès.

Sur ce dossier, les responsables ‘’apéristes’’ semblent marcher sur des œufs. Beaucoup de hauts responsables de l’APR, prompts à envoyer des volets de bois vert sur toute personne menaçant la candidature de Macky Sall en 2024, sont restés bien silencieux dans ce dossier. Ont-ils reçu des consignes ou des recommandations du palais ?

En tout cas, il se peut que cette candidature ait être téléguidée par le palais pour couper l’herbe sous les pieds des partis alliés désireux d’afficher leur opposition à toute candidature de Macky Sall. En outre, l’ancien ministre du Commerce sous Abdou Diouf peut, au final, constituer un réceptacle de la colère des partis alliés échaudés par le fanatisme des “apéristes” désireux de porter une troisième candidature de leur mentor. Beaucoup de personnalités de gauche, comme Mamadou Ndoye, ancien SG de la Ligue démocratique (LD), ont publiquement indiqué leur opposition à un ‘’second quinquennat’’ de Macky Sall.

Le retour d’Idrissa Seck au-devant de la scène politique est aussi une occasion de casser cette dualité Macky Sall-Sonko et de remettre en selle un poids lourd qui, en cas d’une possible non-candidature de Macky Sall, peut conduire les troupes de la majorité.

Ainsi, il s’agirait là d’une stratégie pour barrer la route du palais à Ousmane Sonko et de proposer une alternative crédible pour la Présidentielle. Une voix et un charisme capables, au besoin, de contrebalancer l’énergie et la fougue du “tonitruant” Ousmane Sonko. Un moyen pour le régime d’occuper l’espace politique avec une forte personnalité politique, en attendant que le président fasse connaître sa décision autour d’un éventuel troisième mandat.

Dans ce jeu de théâtre, le plus important, ce n’est pas ce qui se passe sur scène avec le jeu des acteurs, mais dans les coulisses.

Idrissa Seck, nouveau médiateur de la République ?

Et l’ancien Premier ministre sous Wade a affiché une réelle volonté de peser sur le futur destin politique du pays. Depuis sa conférence de presse à Thiès, il apparaît à nouveau au centre des échanges entre le pouvoir et Ousmane Sonko. Ce dernier est devenu paradoxalement très silencieux, depuis cette date. Idrissa Seck serait-il devenu la nouvelle courroie de transmission entre le pouvoir et le Pastef/Les patriotes ?

En déplacement à Ndiagagnao, il a aussi indiqué son désir de concourir à la libération de Bassirou Diomaye Faye, le secrétaire général du Pastef détenu et poursuivi pour ‘’outrage à magistrat’’, diffamation et actes de nature à compromettre la paix publique.

Ce désir de cultiver en ce moment une proximité avec l’ancien inspecteur des impôts pourrait permettre à Idy de s’imposer comme une sorte de troisième voix dans l’espace politique sénégalais.

Tract

Tract.sn

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