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DOYEN ABDOULAYE NDIAYE, JOURNALISTE, ANCIEN PRÉSENTATEUR TV, FORMATEUR AU CESTI : « Les rédactions, c’est comme des usines à feu continu »

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Invité de Mamadou Ibra Kane dans son émission « La Totale », dans la rubrique « Confraternité », le doyen Abdoulaye Ndiaye, ancien journaliste présentateur à la RTS, donne les raisons de ces évanouissements en plein plateau de présentateurs sur nos télés. D’abord, il note qu’un cas similaire s’était présenté à l’ancienne RTS, mais cela y a été un fait rare.

« Si mes souvenir sont exacts, c’était une dame dont je vais taire le nom. Ceci dit, cela correspond simplement au fait qu’on entre tous dans ce métier par passion. On sait que les rédactions, c’est comme des usines à feu continu. Et il demeure évident que les gens qui y sont s’y impliquent peut-être à un niveau tel que, par moment, ils oublient même leur propre personne, tellement l’envie d’être à l’intérieur est grande, surtout quand on commence ce métier. Nous tous nous l’avons vécu et cela a beaucoup contribué peut-être à donner une sorte de surface de travail aux jeunes, au point qu’ils finissent parfois par perdre carrément la capacité de se reposer et de recharger les batteries », explique le journaliste.

A l’en croire, « la télévision demande de la fraîcheur et par moment des ruptures nécessaires pour prendre un peu de recul, se refaire et revenir en force. Par exemple, dans la présentation du journal de 20 heures, ce n’est pas pour rien que l’on choisit souvent un bon présentateur du lundi au jeudi. Et ensuite, il est relayé par une autre personne du vendredi au dimanche. C’est ce qu’on appelle d’ailleurs les jokers. Ça fait partie des pratiques qui sont nécessaires. Comme ça, le premier présentateur à la possibilité de prendre du repos, de se rafraîchir un peu, de remettre les idées dans sa tête, d’observer de loin et ensuite de revenir la semaine d’après pour entamer avec beaucoup de ténacité et d’allant pour pouvoir faire un bon journal. Je crois que ça fait partie des éléments essentiels pour pouvoir être un journaliste équilibré dans ce qu’on fait », note-t-il.

Féminisation du phénomène

Jusque-là, ce ne sont que les femmes qui ont été victimes de malaise. Est-ce une féminisation du phénomène ? Le professeur Ndiaye dit : « Je ne crois pas, ça aurait bien pu arriver à un homme. bien évidemment, il y a plein de choses qui font monter l’adrénaline quand on est en télévision. Ces dames qui ont fait ces sortes de malaises, probablement, elles étaient dans des postures de déséquilibre qui les ont poussés complément à fléchir. Mais c’est quelque chose qui est humain et qui peut arriver à n’importe quelle personne, ce sont des alertes ».

Ce qu’il faut revoir, de son point de vue, c’est l’utilisation rationnelle des journalistes au niveau des rédactions. « Le responsable du SYNPICS a raison de dire que les journalistes sont des humains, il a parfaitement raison. Mais le journalisme est un métier à obligation permanente, on a le sentiment qu’on est passionné. Vous vous imaginez les directs sur des événements où il y a une continuité absolue pendant plus de 2 heures, de ponctuer l’histoire, de raconter, d’être les témoins de quelque chose. Cette passion habite parfois les personnes. Mais ceci dit, il faut savoir rationaliser et savoir comment utiliser maintenant dans les rédactions, les jeunes aussi bien que les demoiselles, les dames et les garçons pour pouvoir permettre aux uns et aux autres, non seulement de bien s’assouvir quand ils sont dans la posture d’être dans un excès. Mais de pouvoir également prendre du recul et réfléchir et également augmenter leur culture, leurs connaissances », dit-il.

Selon lui, « on ne peut pas être dans une rédaction du lundi au lundi et dire que on a le temps de pouvoir d’aller acquérir des connaissances nouvelles, comme par la lecture. Il faut s’évader parfois et préparer les bonnes émissions en ayant la possibilité de lire les bons ouvrages pour pouvoir revenir. Car, ce qui se passe ailleurs, nous aussi nous avons besoin de ça par moment ».

Mode d’emploi pour la présentation du JT

« Je dis souvent, le meilleur des styles pour chaque journaliste, c’est d’avoir son propre style. Il est évident qu’un journal TV, c’est un travail de groupe. C’est des internistes, des personnages qui apportent quelque chose, qui contribuent à faire de la valeur ajoutée. Le présentateur, il n’a que la fonction d’intermédiation. Mais il faut que l’on sache que le journaliste présentateur a un style. Il faut avoir beaucoup de potentiel pour pouvoir présenter, mais il porte le travail de toute une équipe. Et le rythme qu’il imprime dépend de la qualité des éléments de contenu qu’on lui donne. Il faut être à la hauteur de ceux qui vous regarde. On parle simplement en TV, on parle à des gens qui peuvent vous comprendre pour éviter le décalage entre vous et ceux qui vous regarde », fait-il savoir.

En effet, très expérimenté, il renseigne sur comment entretenir le vedettariat en star en TV : « Moi, j’appartiens à une génération où les gens étaient des présentateurs, à l’époque il y avait une seule TV. Nos rapports avec le public n’étaient pas des rapports de vedettariat. Nous avons vécu simplement et humblement les fonctions que nous avions dans le 20 heures. Nous avions de grands présentateurs et ils avaient des styles propres individuels pour chaque personne. Ils avaient une humilité dans le rapport qu’ils avaient avec les téléspectateurs. L’humilité est un élément important en TV », dit-il.

La TV est sa tasse de thé, il l’aborde avec fierté en enthousiaste. Poursuivant ses explications, Abdoulaye Ndiaye ajoute : « Vous savez, la télévision a une fonction essentielle, elle crée une proximité égalitaire. En TV, ce ne sont pas des personnes qui vous regardent, mais c’est chaque personne qui vous juge. Donc, c’est l’addition des jugements de beaucoup de personnes qui permet de pouvoir vous définir en tant que quelqu’un qui parle à un public qui vous reçoit et qui vous accepte. Il peut avoir des rejets aussi systématiquement. C’est pour dire que le vedettariat n’avait pas atteint ce niveau qu’il a atteint aujourd’hui. Parce que nous nous jugions comme étant dans des fonctions simples », renseigne l’ancien agent de la RTS.

Anecdote

Il n’a pas manqué de donner une anecdote : « Moi, j’étais un banlieusard ou un Rufisquois. Il m’arrivait de faire le journal de 20 heures et de devoir me bousculer dans les transports publics pour rentrer chez moi. Et je peux confier qu’il est arrivé souvent que l’on soit victime, puisque à l’époque on nous assimilait à un système. Et il est évident que par moment, à travers nos modestes personnes, nous étions que de simples journalistes, les gens pouvaient par moment choisir leur moment ou leur période si vous les croisez dans des espaces publics pour pouvoir penser, exprimer des sentiments qui leur sonr propres ». Avant de noter que « ceci était normal ».

Charme du vedettariat, vivre en homme ou en femme simple

Pour lui, il est assez difficile de pouvoir être à ce niveau net. « Mais il est évident que, une fois que vous êtes à la TV, les gens vous identifient, vos rapports avec le public sont aussi bien des rapports de regard, des rapports d’appréciation ou même de rejet. Mais vous en êtes tellement conscient que la meilleure façon pour pouvoir vivre votre vie, c’est de vous dire au fond, vous êtes quelqu’un qui a été obligé d’être dans les salons des personnes, d’intégrer des maisons. Mais au-delà de tout cela, vous ne cessez d’être une personne normale, simple qui continue à vire sa vie normalement », conseille-t-il.

Et de donner un exemple : « En France ou ailleurs, les grands présentateurs, ils sont des gens identifiés, connus comme tels. Mais les rapports avec le public sont des rapports de reconnaissance. Et puis point barre et la vie continue ».

Journaliste, homme d’équilibre

A en croire à M. Ndiaye, le secret d’un journaliste, c’est d’être un homme d’équilibre. « Quand on est un homme public, on doit être un homme très équilibré. Et l’espace dans lequel on évolue, est un espace où chaque chose est important dans vos rapports avec cette chose là. Les personnes qui vous regardent, les enfants, les hommes, les femmes, les grandes dames, etc. Et là quand vous apparaissez comme quelqu’un de sympathique, quelqu’un qui a un ton très convivial dans ses rapports avec son public, vous finissez par être accepté. Et souvent, on peut interpréter une personne, qui a une timidité à l’antenne, il est arrivé que les gens les acceptent ou les reçoivent, pensant que c’est une forme de dédain. Ce qui ne l’est pas. Et dans une culture sénégalaise, on aime bien regarder la personne à travers ses lunettes pour deviner ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas. Il est souvent difficile dans un grand écart de faire un travail d’équilibre. Mais, il faut tendre vers ça et tendre à être accepté par ceux qui vous regarde, de ceux qui vous apprécient ou ceux qui ne vous apprécient pas ».

Perspective sur l’audiovisuel sénégalais et africain

Enfin Abdoulaye Ndiaye a donné son avis sur l’audiovisuel sénégalais et même africain. « Je pense qu’il y a de bonnes évolutions. Mais, aujourd’hui, il faut redynamiser la pratique professionnelle dans nos audiovisuels en Afrique » note-t-il.

Et d’ajouter : « Je pense que les journalistes ont une fonction. Notre job est traversé par d’autres nouveaux métiers qui sont venus se greffer, nous avons besoins de nous réajust.er Le journalisme citoyen existe à travers les réseaux sociaux. La télévision reste ce qu’elle est. Mais pour ce qui est essentiel, il nous faut rester fidèle à ce qui fait notre job en tant que journaliste » conseille-t-il.

Le respect, poursuit le journaliste, des éléments qui structure nos pratiques. « Les pratiques rédactionnelles doivent être les mêmes, on ne doit jamais déroger à cela. Ensuite, l’espace que nous avons, c’est-à-dire un espace où la télévision montre et démontre, et pas uniquement des espaces de palabres, comme on l’habitude de le voir partout », tonne-t-il.

Et de jeter une pierre dans le champ des politiques : « Les politiques sont très envahissants, non pas par la qualité du débat qu’ils nous imposent, mais le manque d’idée de ce qu’ils nous proposent. Il nous faut aller au-delà de ça, savoir être sélectif, choisir les meilleurs. La télévision est un environnement où ceux qui y sont apportent quelque chose qui sert aux gens qui regardent ou aux gens qui écoutent aussi bien chez nous qu’en Afrique ».

Aussi, il fait une invite à la jeune génération de journaliste : « Il faut s’équilibrer par la culture, la connaissance, la bonne préparation et savoir que la TV pour le journaliste, c’est un travail de terrain. Nous nous avons été pendant de nombreuses années, des journalistes sur le terrain, nous avons parcouru tout le Sénégal. Et nous avons fait tous les types de reportages. Ce n’est que plus tard que nous sommes venus pour être des personnes identifiées à l’antenne. Je pense qu’il faut ramener cela à la pratique professionnelle. Et je tenais à saluer l’effort d’ITV, faire de bons documents à proposer aux téléspectateurs. Il y a nécessité pour la TV d’aller à la recherche d’images qui dépaysent, d’images qui plaisent, d’environnements et de situations ».

Aidara KARARA

Tract

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