[ÉDITO] 5e ‘symphonie présidentielle’, avec Diomaye Faye: du noviciat jusqu’à bon port? (Par C.T. Coly)

Tract – Après les batailles politiques très heurtées entre opposants ‘partenaires’ ou ‘dé-coalisés’ et parti au pouvoir assemblé en Benno Bokk Yaakaar, après une campagne express – peut-être la plus abrégée depuis le soleil des indépendances – en pleins Carême et Ramadan de cette année, après la victoire fulgurante, dès le premier tour, de Bassirou Diomaye Diakhar Faye devenu 5e président, le Sénégal a signé avec le Temps les prochains pas, déjà entamés, de son destin.  

 

Nouvellement élu, avec un gouvernement mené par son Premier ministre et non moins mentor Ousmane Sonko ‘caramélisé’ avec tant de camarades de parti par les ‘printemps de braises pastéfiennes’, le président Bassirou Diomaye Faye pourrait-il réussir son pari de faire ramer Sunugaal dans les eaux clémentes d’une ère nouvelle, plus belle et moins rebelle ? Après des années de tempête en haute-mer politique, des mois de tumultes sur la berge sociale, les jours espérés de brise économique en pétrole et gaz pourront-ils étancher la soif d’un peuple qui a voulu le changement, ici et maintenant ?

On avait parlait d’eux, les jeunes politiciens du parti Pastef et certains leurs alliés de la première et la dernière heure, d’hommes inexpérimentés qui n’avaient aucune once de la gestion d’un État. Certes, une part de vérité peut venir étayer ces réflexions d’analystes sophistiqués, en faisant comprendre que souvent, dans une entreprise, comme pour les appels d’offre d’emploi, l’on accepte seulement des candidats qui ont des années de pratique au minimum. Sauf que, dans cette nouvelle donne, de la présidence du Sénégal, les électeurs ne se sont pas laissés embaumer dans ce carcan et ont choisi de faire confiance à ces jeunes, quelques fois bouillants mais téméraires et ambitieux, envoyant ainsi à la retraite ou à la touche, les papys et amadoués du système, et autres caciques de la vie politique du pays de Senghor. Il y en a, dans cette caverne de dragons politisés, qui ont battu des records de longévité, vivotant et virevoltant entre les gouvernements établis depuis les premières lueurs d’indépendance au régime de Macky Sall.

Bref, chose inédite au Sénégal, de jeunes fiscalistes jumelés «fils-qualité» – par leurs partisans en « Sonko mooy Diomaye » ou encore « Diomaye mooy Sonko »  – sont parvenus, non seulement à faire débarquer toute une catégorie politique tenace, mais surtout à le réaliser dès le premier tour. Et ainsi, le tour est joué, Sunugaal se réveille avec un nouveau capitaine à bord, le gouvernail entre ses mains de 44 berges. Alors, que peut-on attendre de cet homme venu au monde un 25 mars 1980, à Ndiaganiao ?

Il faut noter que l’ascension de Bassirou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal et son parcours aux côtés d’Ousmane Sonko sont vraiment inspirants, témoignant de leur persévérance et de leur détermination malgré les obstacles. Leur victoire dès le premier tour de l’élection présidentielle a été une surprise pour beaucoup, mais elle illustre la force de leur engagement envers leur objectif.

En revenant sur le parcours du président élu ce 24 mars 2024, l’on peut ne pas être impressionné par le jeune président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Mais, sa voie allant de l’administration fiscale à la politique en passant par le syndicalisme désintéressé, montre, quelque peu, sa diversité d’expérience qui peut, à bon escient, apporter un nouveau souffle. Déjà, ses intérêts pour l’agriculture et l’élevage pourraient également influencer ses politiques en matière de développement rural parent pauvre de nos économies qui, pourtant, devraient décoller par ce secteur.

En tant que président, on peut dire que son association avec le parti PASTEF dont il s’est desquamé du titre de Secrétaire général et sa relation avec Ousmane Sonko peuvent façonner son agenda politique et sa manière de gouverner. Sa jeunesse et son énergie pourraient apporter un souffle nouveau à la politique sénégalaise, mais il sera intéressant de voir comment il gère les défis économiques, sociaux et politiques du pays.

Les priorités définies par le président Bassirou Diomaye Faye, telles que la réconciliation nationale, la lutte contre la corruption et l’évaluation des politiques publiques, reflètent un engagement envers le changement social et la justice. La volonté de répondre aux aspirations des citoyens et de construire un Sénégal souverain, juste et prospère montre une vision ambitieuse pour le pays. Son premier discours de tout nouveau Président, tout comme ses premières actions indiquent une prise de position ferme en faveur de la transparence, de la responsabilité et de la démocratie, mais la mise en œuvre effective de ces politiques sera essentielle pour évaluer leur impact sur la société sénégalaise.

Le président Bassirou Diomaye Faye le dit, il compte travailler avec des personnes compétentes, intègres et patriotiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, pour mettre en œuvre le Projet du PASTEF. Son gouvernement, composé d’hommes et de femmes «sélectionnés pour leurs valeurs et leur expertise», afin de répondre aux besoins urgents du peuple sénégalais en matière d’alimentation, de santé, d’emploi, de logement, d’éducation etc.

Toutefois, il faudra absolument, que la lutte contre la corruption soit cruciale pour l’émancipation économique et politique, en plus de contrer les dynamiques néocoloniales. La transparence et la reddition de comptes sont des outils puissants pour promouvoir une gouvernance plus juste et responsable, ce qui résonne particulièrement avec les aspirations des jeunes générations à la recherche de changements significatifs dans le système politique et social.

Exactement, pour asseoir son leadership, le nouveau président devra démontrer sa compétence, son ouverture d’esprit et sa capacité à unir le pays autour d’objectifs communs. Cela impliquera de travailler avec diverses parties prenantes et de faire preuve de leadership inclusif pour répondre aux attentes de l’ensemble de la société sénégalaise.

Par Cheikh Tidiane COLY – Al Makhtoum