[ÉDITO] ‘‘Chemins de …. faire’’ : développer l’Afrique par le rail (Par C.T. Coly, Directeur de Publication de Tract)

Cheikh Tidiane Coly

Organisé du jeudi 19 au samedi 21 octobre dernier, au Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD) sis à Diamniadio, le « Forum international de Dakar (FID) sur le financement des projets ferroviaires africains » a ouvert plusieurs voies de réflexions, mais également et surtout des tunnels de consciences resurgissant à la lumière de la prise en compte du chemin de fer comme véritable locomotive du développement des nations, celles du continent. 

 

Durant les échanges, il nous a été encore permis de découvrir que l’histoire du chemin de fer est liée à l’aventure de l’évolution du monde, non seulement dans secteur industriel, les périphéries géographiques, mais également dans les alliances culturelles et les amplitudes économiques. Ainsi, il demeure pour l’Afrique le moyen de transport davantage approprié aux déplacements des biens et des personnes, avec cette possibilité d’inciter l’essor socio-économique des populations, mais également contribuer, à travers la desserte, à renforcer l’unité nationale d’un pays, à conforter l’harmonie des populations du continent.

Ce cordon dans la circulation des personnes et des biens, doit être un droit fondamental dans les États et au-delà de leurs supposées frontières, le chemin de fer étant antérieur à leur constitution.

Sur ce point, le gouvernement sénégalais en est conscient, si l’on en croit au Premier ministre, Amadou Bâ réaffirmant la ferme volonté de l’État de poursuivre sa politique de relance des transports ferroviaires. En attendant les véritables actions et engagements du gouvernement sur cette lancée, nous pouvons assurer avec lui qu’aucun développement ne peut se faire sans la disposition de chemin de fer qui est le vaisseau permettant les opérations de transport et de logistique maritime, segment indispensable de la chaine d’approvisionnement. Certes, le train qui occupe depuis des siècles une place importante dans l’économie est « coûteux au début », mais, M. Ba veut faire comprendre qu’il reste « profitable à l’avenir ».

Prenant le train en marche, le ministre délégué chargé du Développement des Chemins de Fer Pape Amadou Ndiaye entre en gare pour aiguillonner la réflexion «sur les différents mécanismes de financements» permettant d’embarquer vers l’essor économique qui libère l’Afrique dans un cheminement d’une politique véritable prenant en compte les aspects sociaux et environnementaux des pays concernés.

Et c’est sûrement parce que le secteur ferroviaire tarde à prendre une vitesse de croisière pour voir les différents pays se hisser sur les rails du véritable développement, que M. Mohamed Diop, Directeur Régional d’Africa Global Logistics Afrique Atlantique (Groupe AGL) – dans la perspective de «Comment mobiliser les financements pour les infrastructures ferroviaires ?» pense qu’il est obligatoire, pour réussir la «connectivité de l’Afrique» d’appliquer sur toute l’étendue du chemin de fer le «Plan Marshall», le seul qui peut permettre à apporter, sans parcimonie, les capitaux nécessaires pour mener à bien cette politique de redynamisation du secteur.

Il faut inventorier, inventer, construire. Au chemin de fer africain, il faut lui ôter son image d’infrastructures de transport allégoriques de la colonisation. Aujourd’hui et demain, le rail doit pouvoir être posé pour permettre à nos économies de se « désenclaver » de la concurrence des ‘routes de la léthargie et de la négligence’, à nos populations de s’enrichir en ‘TGV’ de l’ingénierie, de la réhabilitation ou encore de la prestance dans les compétences.

Alors, il nous appartient, plutôt, il revient aux acteurs et professionnels, hic et nunc, de formuler et de dégager avec énergie et vapeur, des pistes de recherches de fonds qui vont permettre au chemin de fer de prendre son élan du Caire au Cap de Bonne-Espérance, en passant par Dakar, Yamoussoukro ou encore Yaoundé.

Alors, il faut que l’Afrique, par cette volonté exprimée à Diamniadio, rattrape son retard dans le domaine ferroviaire et, par la grandeur et superficie de son continent étaler un des réseaux les plus étendus du monde. A cet égard, CAMRAIL au Cameroun (qui atteint Ndjaména au Tchad), SITARAIL en Côte d’Ivoire (qui va jusqu’au Burkina), l’ONCF au Maroc, CFCO au Congo-Brazzaville, la SNCC en République Démocratique du Congo, et même le récent TER à Dakar et banlieue, montrent la voie et tracent la route, en pionniers des modèles d’affaires à mettre en place pour un financement réussi et impactant des chemins de fer africains.

Je vous y exhorte : ‘‘Africains, montons-tous dans le même train (du développement économique et du progrès social), même si nous ne sommes pas tous dans le même wagon de première classe ?’’.
Car nous arriverons tous ensemble à la gare !

Et ce chemin passe obligatoirement par la résurgence du rail et une place confortée du chemin de fer, là où il existe déjà.

Par Cheikh Tidiane Coly, Directeur de Publication de Tract (avec la collaboration d’Ousseynou Nar Gueye, Fondateur de Tract et chef-éditorialiste)

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